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plat, parce qu'ils ont befoin de nager pour chercher leur fubfiftance; excepté pourtant les cormorans, qui bâtiffent leurs nids comme les herons. Enfin dans les reprefentations ordinaires on omet ce qu'il à de plus curieux, je veux dire fon jabot. Il lui prend fous le bec, & defcend le long du col; c'est une poche d'une capacité prefqu'incroyable, & dont cet oifeau ne peut fe paffer. Il y met des huitres, & d'autres coquillages, qu'il y retient, jus qu'à ce que le poiffon forte de lui-même, parce qu'il ne peut en ouvrir les coquilles ; & lorfqu'il s'apperçoit que le poisson est forti, il le rejette, puis l'avale de nouveau, & le mange. C'eft cette partie que les curieux gardent dans leurs cabinets; & Sanctius nous apprend qu'on y a trouvé quelquefois des enfans,

Il fe peut qu'ils s'ouvrent la poitrine, & qu'ils en tirent du fang; mais il eft probable qu'ils en ufent de la forte pour leur propre foulagement, & non pour nourrir leurs petits, fur tout quand l'acrimonie ou la quantité de leur fang leur caufe quelque demangeaifon. Ce qui rend le fait plus croyable, c'eft que fuivant les relations leurs plumes à cette partie font ordinairement rouges & teintes de fang,

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CHAPITRE II.

De la figure des dauphins.

I les peintres repréfentent les dauphins courbés, c'est l'opinion generale qu'ils n'ont point d'autre figure, & les anciens ont penfé de même fur cet article ; outre Ies defcriptions d'Ovide & de Pline, on trouve dans Gefner, Goltzius, & Lævinus Hulfius d'anciennes monnoyes où les dauphins font reprefentés de la forte.

Cependant ils ont une figure droite, & leur dos n'eft pas plus courbé que ceux des marfouins, des baleines &c. comme l'affure Scaliger: Corpus non habet magis curvum quam reliqui pifces. Il ne faut que les voir, pour s'en convaincre ; & ceux qui ne font point à portée d'en voir en trouveront la repréfentation naturelle dans Gefner, Rondelet, & Aldrovand. On peut même s'en convaincre par quelques tableaux, car le dauphin qui porte Arion eft representé l'épine enfoncée; & dans les médailles de Tarus & de Fulius on voit des dauphins courbés autrement que ceux des médailles de Commode & d'Agrippa.

Si donc on repréfente les dauphins courbés, ce n'eft pas qu'ils le foient en effet, mais ils le paroiffent lorfqu'ils s'élancent audeff is des flots, & qu'ils s'y replongent fubit:

ment. Les

yeux font. trompés alors, car les corps droits que l'on jette obliquement d'un lieu élevé paroiffent courbés, c'est ainfi que l'explique Bellon. On peut dire encore que les dauphins font droits lorf qu'ils nagent, & qu'ils fe tiennent dans leur pofition naturelle; mais qu'ils font recourbés lorfqu'ils fautent, ou qu'ils tournent leurs corps avec impetuofité, & c'est le fentiment de Gefner. Enfin il y a une troifiéme maniere de prendre cette reprefentation; c'eft dans un fens emblematique. Le dauphin étant le symbole de la vitesse, parce qu'il eft le plus rapide des animaux, les hommes ont cru mieux exprimer cette proprieté par la figure d'un arc. Et dans le blafon on diftingue, le dauphin droit, & le dauphin courbé. C'est encore dans un fens emblematique qu'il faut prendre le dauphin entortillé à une anchre; car il eft faux que par affection pour l'hom

me illa conduife au fonds de la mer. C'est un emblême felon Pierius; & l'union du dauphin & de ce corps pefant nous apprend qu'il faut toujours agir avec prudence fans trop fe précipiter. Feftina lente.

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Elon

CHAPITRE III.
De la figure des fauterelles.

Silent quaduit, on voit differentes repreque le mot cicada eft differem

fentations des fauterelles, & fur tout dans les tableaux emblematiques, & dans les armes des familles. Si par là on entend cet animal que les Grecs nommoient 777, & les Latins cicada, il eft certain que les peintres fe trompent groffierement, & nous n'avons pû découvrir un pareil animal dans toute l'Angleterre. 1° L'animal que les François nomment fauterelles, les Anglois grashopper, les Grecs l'appelloient apais, les Latins locufta, mot que les Anglois ont employé dans la traduction du texte facré où il est parlé de la nourriture de faint Jean, & dans un autre où il eft dit que les fauterelles n'ont point de roi, & pourtant qu'elles marchent en troupes; ici les Anglois fe fervent du mot locust. 2° La fauterelle & la cigale different en beaucoup de chofes, comme on peut s'en convaincre en les comparant, ou en confultant les descriptions de Mathiole, d'Aldrovand &c. Elles ont des chaperons differens fur la tête & fur le dos, & les yeux des cigales fortent plus que ceux des fau

terelles. Les fauterelles ont par devant des cornes fort longues, & une longue queue fourchue; & lorfqu'elles veulent fauter, leurs jambes de derriere excedent confiderablement celles de devant. La locufte ou fauterelle angloise a des dents; la cigale n'en a point; à peine même a-t-elle une bouche, fi l'on en croit Aristote. La cigale eft prefque toujours fur des arbres fon cri eft plus aigu que celui de la locufte, & fa vie l'été eft fi courte, qu'elle n'a guere befoin d'implorer en hiver le fecours de la prudente fourmi.

Ainfi où l'on devroit entendre la cigale, les descriptions ou reprefentations ne font pas exactes. Et pour rendre juftice ici à notre verfion de la bible, nous remarquerons, que dans l'Exode 10, il eft queftion des pluyes de l'Egypte, le mot apxis eft traduit par locuft, au lieu que dans le livre de la Sageffe 16, où il s'agit exactement du même animal, on le rend par grashopper: car les morfures des cigales & des mouches les tuerent. Or les cigales, comme nous l'avons dit, n'ayant point de dents, & vivant felon quelques-uns de la rofée il auroit fallu traduire fauterelles.

Je trouve que Muffetus a fait la même remarque, & qu'il n'eft pas du fentiment de Langius & de Lycofthene qui avancent que les cigales avoient détruit les fruits c

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