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CHAPITRE

XVIII.

Des reprefentations de S. Jerôme.

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Ous ne devons pas omettre ici le tableau de S. Jerôme, que l'on dépeint dans fon cabinet avec une pendule près de lui. Quoique l'intention foit pure, qu'il foit très probable que ce faint tenoit un fidele compte de fon temps, on ne doit pas donner lieu de croire qu'il le mefurât de la forte. Les anciens ne font aucune mention des pendules; Pancirolle obferve qu'elles font du nombre des inventions modernes, & Polydore Virgile parlant de ces fortes d'inventions dont les auteurs font inconnus, cite en exemples les pendules & le canon. Or S. Jerôme a vêcu fous Theodofe I, dans le quatrième fiecle.

On ne difconvient pas qu'il n'y eût alors & même auparavant des machines pour mesurer le tems; on fçait que les anciens fe fervoient de clepfydres ou d'horloges d'eau, & de clepfammies, ou horloges de fable pour cet ufage. Les cadrans folaires font auffi d'une grande antiquité puifque Pline en attribue l'invention à Anaximéne. Il y en avoit un remarquable dans le champ de Mars à Rome. Suivant la defcription que Jacques Laurus nous en e donnée, c'étoit un obelifque droit qu'Au

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gufte avoit tiré d'Egypte; & des figures d'or étoient placées autour horizontalement. L'hiftoire du roi Ezechias fait mention d'un cadran encore plus ancien. On y lit que le Seigneur fit retrograder l'ombre de dix degrés, & non pas de dix lignes; car les heures étoient marquées par certaines divifions; ce que d'autres diftinguoient par lignes, felon ce vers de Perfe: Stertimus indomitum quod defpumare fallernum

Sufficiat, quinta dum linea tangitur umbra. c'est-à-dire la ligne la plus proche du me ridien, ou onze heures du matin. Dans la fuite font venues les horloges à roues, dont le mouvement se fait dans quelques-unes avec des poids, & dans d'autres fans poids. Or un fiecle inftruifant un autre siecle, & le tems amenant tout à sa perfection; comme il détruit tout, il faut avouer qué ces dernieres inventions font d'un ufage & plus commode & meilleur que toutes les autres. Car la mesure du téms par la clepfydre ne pouvoit pas être exacte, parce que l'eau s'épaiffit par le froid, & que la chaleur la rend plus fluide, d'où il arrivoit que les heures en hiver étoient plus longues qu'en été. Quant aux cadrans folaires, ou lunaires, ils ne font d'ufage que pendant que ces aftres éclairent l'horizon, & ne font gueres utiles dans les cli

mats où le foleil eft caché plufieurs mois. Il eft furprenant, je l'avoue, que les pendules n'ayent point été inventées par ces anciens, par Archytas entr'autres, qui fabriqua cette fameufe colombe, & par Archimede qui inventa tant de machines admirables. Il eft certain que notre fiécle l'emporte en ce point comme en beaucoup d'autres fur ces anciens; car on eft parvenu à mefurer les fecondes ; on a même touché de près au mouvement perpetuel, en faifant des machines dont les révolu tions dureroient éternellement, fi la matiere pouvoit être éternelle. Tel est la machine dont parle Jean Deé en ces termes dans fa fçavante préface fur Euclide : » on fait par le moyen des roues des ma>> chines merveilleufes & prefqu'incroya»bles. On'en avû de mon tems un exemple étonnant dans une machine qui fut vendue vingt talens d'or par l'inventeur. Elle avoit alors fouffert quelque dommage par un accident, & Jannelle de Cremone l'ayant raccommodée, il la prefenta à l'empereur Charles-quint. Jerôme Cardan me fera témoin qu'elle contenoit une roue qui pouvoit conferver fon mouvement pendant 7000. ans: chofe prefqu'incroyable, mais que plufieurs perfonnes font encore à portée d'attefter.

XIX.

CHAPITRE

Des reprefentations des fyrenes, des licornes &c.

I'

L n'y a guere perfonne qui n'ait vû des tableaux qui reprefentent les fyrenes, comme Horace décrit ce monftre avec la tête d'une femme, & les parties inferieures d'un poiffon. Telles furent, dit-on, les fyrenes qui tourmenterent Ulysse. Cependant Homere les décrit autrement; felon lui, elles font en partie femme, & en partie oifeaux. En quoi il a été fuivi par Elien, Suidas, Servius, Bocace, & Aldrovand, qui a donné leur hiftoire fous le titre d'oifeaux fabuleux, felon ce qu'en ont dit Ovide & Hygin qu'elles étoient filles de Melpomene, & que Cerés les métamorphofa de la forte.

la

Il y a donc plus d'apparence que ces. figures ne font au vrai qu'une copie de Dagon, qui avoit par le haut la figure d'un homme, & par le bas celle d'un poiffon, & dont il ne refta de bout que queue, ou fuivant Tremellius & les notes marginales de la verfion angloise, la partie du poiffon, quand fes mains & les parties fuperieures tomberent devant l'arche, 1. 'Sam 5. Cette idole reffembloit à Atergate ou Derceto déeffe des Phéniciens, & dont ce mêlange marquoit felon quel

ques

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ques auteurs la lune & la mer, ou la déesse des eaux de là vient qu'ils lui offroient du poiffon en facrifice. Les reprefentations des nereïdes & des tritons chés les grecs, & qu'au rapport de Macrobe ils avoient coûtume de placer au deffus des temples de Saturne, eurent fans doute une origine femblable.

Nous avons peine à convenir qu'il n'y ait point de la realité dans les fupports des armes d'Angleterre, qui font une licorne & un lion. Mais fi la figure du lion eft ressemblante furtout par rapport à fa pofition, on ne comprendra pas aifément comment cet animal peut s'accoupler & piffer en arriere fuivant la décifion d'Ariftote, car felon lui tous les animaux qui font dans ce cas, s'accouplent d clunatim tels font les lions, les lievres, les lynx.

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Pour ce qui eft de la licorne, fi elle a la tête d'un daim, & la queue d'un fanglier, fuivant la defcription de Vertomann, on voit bien que la licorne des armes d'Angleterre ne reffemble nullement à celle-ci : fi elle a les pieds partagés en deux, elle reffemble en cela à celle de Vartomann, mais à nulle autre; car Ariftote foutient que tout animal qui a les pieds fendus a plufieurs cornes. Enfin fi fa corne eft placée, comme on la repre

Tome II,

F

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