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fente, il fera difficile de concevoir qu'elle puiffe tirer de la terre fa nourriture. Et nous obfervons que la nature a placé les cornes des autres animaux plus haut & en arriere, comme dans les cerfs, & même retournées en haut, comme dans le rhinoceros, l'âne indien, & les efcarbots à une feule corne. Et quelques auteurs affurent que celle de la licorne eft placée de la même maniere.

Nous ne pouvons nous difpenfer d'obferver que dans les tableaux de l'hiftoire de Jonas les baleines font reprefentées avec deux jets d'eau fur leurs têtes, au lieu quelles n'en ont qu'un fur le front, lequel part du gofier, ou de la trachée artere. Nous critiquerons encore ces tableaux où l'on reprefente des élephans avec des tours en forme de fortifications, à peu près comme les armes de Caftille. Car ces tours étoient de bois, & attachées avec des fangles, comme il paroît par le livre des Machabées, & par les ordres qui furent donnés dans l'armée d'Antiochus.

Les peintres pourroient encore placer mieux qu'ils ne font les tiffus des araignées; au lieu de les peindre de côté, ils devroient les reprefenter au naturel, c'eft à-dire faifant ces tiffus avec leur tête & regardant le centre de la terre.

On a auffi mal reprefenté dans les ta

bleaux & dans les enfeignes ce que l'on nomme les fept étoiles. Si par là on entend les pleiades ou la petite conftellation qui eft fur le dos du taureau, on verra fans telescope depuis le mois d'avril jusqu'à celui de juillet, que cette reprefentation ne convient ni à leur fituation, ni à leur grandeur..

Pour ce qui regarde les langues des viperes & des afpics que les peintres reprefentent fourchues comme des anchres de navire; il ne faut qu'en voir pour être perfuadé qu'ils impofent, & qu'ils ne travaillent pas d'après la nature

Nous pourrions douter encore fi les chérubins qui couvroient l'arche font bien reprefentés avec des têtes humaines & deux aîles, ou s'ils ne devroient pas être peints comme des anges, ou avoir du moins quelques pieds, comme le texte du 2. des chron. 3. 12. femble l'infinuer; & fi la croix vue en l'air par Conftantin avoit la figure qu'on lui donne, où n'étoit pas formée plus tôt des deux lettres X & P. qui en grec font les deux lettres inutiles du mot κριςός.

On nous traitera peut-être d'incredules, fi nous doutons que la lettre de Pythagore eut fes deux branches égales en cette forte, r, ou fi elle n'étoit point formée plus tôt de maniere que la branche droite

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fût plus grande que la gauche, ; ce qui détruiroit l'intention fymbolique, & confondroit la petite ligne qui defigne la vertu, avec la grande qui defigne le vice. Ces deux lignes auroient un rapport marqué avec les portes étroites du ciel, & les portes larges de l'enfer, dont parle J. C. & dont Homere fait en quelque forte mention, en donnant au fejour de Pluton l'epithéte de ευρυπύλης,

Nous paffons bien d'autres articles peu importans; & l'on pourroit s'étendre fur l'incongruité des tableaux qui reprefentent les divinités de l'antiquité payenne, fans faire appercevoir du fens fymbolique, dont on peut s'inftruire dans Phurnutus, dans Fulgence &c. On pourroit demander par exemple s'il vaut mieux peindre Hercule comme étranglant, ou comme déchirant un lion, ainfi que Victorius l'a mist en deliberation; fi les figures du zodiaque & des planetes font aujourd'hui differentes de celles des anciens, comme Saumaife le foutient. Nous ne dirons rien des ourfes à longue queue, de la fphére celefte, ni des chevaux aîlés, ni des cygnes noirs; ni des hydres, des centaures, des harpyes, & des fatyres. Car ce font ou des monftres, ou des prodiges de rareté, ou des fictions poetiques, dont la morale cachée exige ces fuppofitions. A dire vrai on doit en tout

ceci accorder aux peintres la même liberté que l'on accorde aux poetes. Mais où il s'agit de reprefenter la nature, toute licence eft une erreur; autrement on rend difforme la verité, en faisant naître des idées qui ne lui reffemblent pas.

CHAPITRE X X.

Des figures hieroglyphiques des égyptiens.

IL eft certain que les égyptiens font de tous les peuples ceux qui fe sont mieux tirés de la confufion des langues arrivée à Babel. Les hommes n'entendant plus leur langage mutuel, ils en firent un de chofes, & fe parlerent par des figures qui n'étoient que l'expreffion des idées communes, & qui avoient leur fignification dans la nature des chofes mêmes. Ils choifitent des figures d'animaux connus, & par les combinaifons de ces figures ils communiquoient leur penfées à tout ceux qui connoiffoient un peu la nature. II y en a plufieurs qui croyent qu'avant l'invention des lettres on ne connoiffoit point d'autre écriture; & il eft vraisemblable qu'Adam qui avoit une fi parfaite connoiffance de la nature y étoit extremément intelligent. Or comme les égyptiens n'avoient par tradition qu'une partie de cette fcience, ils donnerent occafion

à un grand nombre de fauffes idées, en inferant dans leurs hieroglyphes des animaux de leur invention, ou en autorifant des fignifications qui ne fuivoient pas de la nature des animaux connus.

Et 1° quoiqu'il y eût dans la nature plus de chofes que de termes pour les exprimer, ils oférent faire des compofitions, & unir avec des animaux réels des êtres chimeriques. Par là commencerent. les gryphons, les bafilifcs, les phoenix &c. que les faifeurs d'emblêmes, & les genealogiftes ont retenus avec des fignifica tions qui conviennent encore à leur premiere inftitution, & y ont encore ajouté les figures hieroglyphiques des martegres, des lions aquatiques &c : chofes que les per fonnes fenfées regardent comme des fictions louables & utiles, mais que le vul gaire prend pour réellement exiftentes,. ou pour des abfurdités impoffibles.

2° Outre ces figures dont les modeles n'exiftent point, ils en avoient d'autres. qui à la verité étoient naturelles, mais qui n'offroient aucun fens conforme à leur intention. Nous n'en citerons qu'un petit nombre d'exemples, & nous les tirerons d'Orus Apollo. Ils exprimoient le fexe mafculin par un vautour, parce que tous les vautours font femelles, & qu'ils n'engendrent que par le vent : erreur autorisée,

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