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adoptée même par plufieurs écrivains ecclefiaftiques. Ils reprefentoient le cœur par deux drachmes, parce, difoient-ils, que le cœur d'un enfant d'un an ne pese que deux gros, & qu'il augmente chaque année jufqu'à la cinquantième d'un gros; après quoi il diminue dans la même prom portion, en forte que la vie de l'homme ne pouvoit s'étendre au delà de cent ans, Et ce n'étoit pas feulement une idée populaire, elle étoit conforme à leurs principes de phyfique, ainfi que Hornius l'a démontré dans la philofophie barbarique.

Une femme qui n'avoit qu'un enfant, ils la reprefentoient par une lionne parce que cet animal ne conçoit qu'une fois. La chèvre exprimoit la fécondité parce qu'elle s'accouple dès qu'elle a sept jours. Ils figuroient l'avortement par un cheval qui donne un coup de pied à un loup, parce, difoient-ils, qu'une cavale avorte fi elle marche fur les traces du loup. Ils representoient la difformité par une ourse, & l'homme inconftant par une hyéne, parce que cet animal change de fexe cha que année. Une femme qui avoit accouché d'une fille, ils la reprefentoient la par figure d'un taureau la tête tournée sur l'épaule gauche, parce que fi après s'être accouplé il defcend de ce même côté, la vache ne fait qu'une geniffe.

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Nous avons trop bonne opinion de nos lecteurs pour nous croire obligés de les avertir que toutes ces idées font fauffes & bien que certains efprits puffent utilement s'en fervir, il étoit toujours dange reux de les ériger en hieroglyphes, parce fi quelques-uns ont ofé douter de leur verité, plufieurs y ont ajouté foi.

CHAPITRE XXI. Des tableaux qui reprefentent Aman pendu.

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Ans les tableaux ordinaires on voit Aman attaché à un gibet très haut, fuivant l'ufage de notre fiecle. Or il y a des fçavans qui nient que cette reprefentation foit bien entendue, & qui à mon avis le nient fur de folides raifons. Car il n'eft pas aifé de prouver que les anciens & les Perfes fur tout, connuffent ce genre de fupplice, au lieu que nous trouvons communément qu'ils attachoient leurs criminels à des croix. C'eft par ce fupplice qu'Oroftes gouverneur d'une des provinces de cet empire fit mourir Polycrate tyran de Samos. Nous en avons un exemple dans la vie d'Artaxerxe roi de Perfe, qui felon quelques-uns eft l'Affuerus de l'écriture. On y lit dans cette vie, que fa mere Parifatis fit écorcher & attacher à une croix

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ceci accorder aux peintres la même liberté que l'on accorde aux poetes. Mais où il s'agit de reprefenter la nature, toute li cence eft une erreur; autrement on rend difforme la verité, en faifant naître des idées qui ne lui reffemblent pas.

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CHAPITRE X X.

Des figures hieroglyphiques des égyptiens. Left certain que les égyptiens font de tous les peuples ceux qui fe font mieux tirés de la confufion des langues arrivée à Babel. Les hommes n'entendant plus leur langage mutuel, ils en firent un de chofes, & fe parlerent par des figures qui n'étoient que l'expreffion des idées communes, & qui avoient leur fignification dans la nature des chofes mêmes. Ils choifitent des figures d'animaux connus, & par les combinaifons de ces figures ils communiquoient leur penfées à tout ceux qui connoiffoient un peu la nature. Il y en a plufieurs qui croyent qu'avant l'invention des lettres on ne connoiffoit point d'autre écriture; & il eft vraisemblable qu'Adam qui avoit une fi parfaite connoiffance de la nature y étoit extremément intelligent. Or comme les égyptiens n'avoient par tradition qu'une partie de cette fcience, ils donnerent occafion

Nous avons trop bonne opinion de nos lecteurs pour nous croire obligés de les avertir que toutes ces idées font fauffes; & bien que certains efprits puffent utilement s'en fervir, il étoit toujours dangereux de les ériger en hieroglyphes, parce fi' quelques-uns ont ofé douter de leur verité, plufieurs y ont ajouté foi.

CHAPITRE XX I. Des tableaux qui reprefentent Aman pendu.

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Ans les tableaux ordinaires on voit Aman attaché à un gibet très haut, fuivant l'ufage de notre fiecle. Or il y a des fçavans qui nient que cette reprefentation foit bien entendue, & qui à mon avis le nient fur de folides raifons. Car il n'eft pas aifé de prouver que les anciens & les Perfes fur tout, connuffent ce genre de fupplice, au lieu que nous trouvons communément qu'ils attachoient leurs criminels à des croix. C'est par ce fupplice qu'Oroftes gouverneur d'une des provin ces de cet empire fit mourir Polycrate tyran de Samos. Nous en avons un exemple dans la vie d'Artaxerxe roi de Perfe, qui felon quelques-uns eft l'Affuerus de l'écriture. On y lit dans cette vie, que fa mere Parifatis fit écorcher & attacher à une croix

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fon principal eunuque. La même chofe femble confirmée par la lettre de Cyrus dans Efdras 6. Omnis qui hanc mutaverit juffionem, tollatur lignum de domo ejus, & erigatur & configatur in eo..

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Ce même fupplice étoit en ufage parmi les fyriens, les égyptiens, les grecs, carthaginois, & les romains. Car quoiqu'on life chés Homere qu'Ulyffe dans fa fureur fit pendre tous les amans de Penelope, il ne feroit pas facile de montrer que les grecs fiffent ainfi mourir leurs criminels.

Les exemples tirés de l'écriture fainte ne prouvent pas bien clairement que le fupplice dont il eft question fût un fupplice ufité publiquement chés les hébreux.

Le fçavant Mafius ne convient pas que le roi de Haï ait été pendu; il croit que ce prince fut tué dans le combat, puis attaché à une croix, pour être en fpectacle au peuple jufqu'au foir.d

La verfion angloife porte que Pharaon fit pendre fon pannetier; mais les fçavans interpretes croyent qu'il faut entendre ici une efpece de croix, à laquelle fuivant la coutume des égyptiens, cet officier demeura attaché pour fervir d'exemple, jufqu'à ce que les oifeaux lui euffent déchiré le vifage. Et il y a apparence que cette hiftoire

Tome II.

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