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reufes ufage qui vient peut-être du naud d'Hercule qui reffembloit au caducée de Mercure, & dont fuivant la remarque de Turnebe, on donnoit la forme aux ceintures des nouvelles mariées.

6° Lors que nous fentons une chaleur à la joue, où que l'oreille nous tinte, nous difons ordinairement que quelqu'un parle de nous; caprice très ancien, & que Pline a mis au rang des fuperftitions. Abfentes tinnitu aurium prafentire fermones de fe receptum eft, fuivant ce diftique cité par Dalechamp:

Garrula quid totis refonas mihi noctibus auris

Nefcio quem dicis nunc meminiffe mei.

On ne peut au furplus rendre aucune raison de ce caprice, à moins que d'imaginer un genie qui prenne la peine de conduire les fons aux objets éloignés, & qui nous apprenne à entendre par l'attouchement.

7° Quand nous voulons en Angleterre que nos difcours reftent dans le filence, nous difons ordinairement : que ceci foit dit fous la rofe: expreffion qui feroit raisonnable, fi nous concevions dans la rose une proprieté qui pût la faire regarder comme le fymbole du filence, ainfi que S. Gregoire de Nazianze femble l'infinuer en des yers que l'on a traduits de la forte:

Utque latet rofa verna fuo putamine claufa; Sic os vincla ferat, validifque arctetur habenis į Indicatque fuis prolixa filentia labris. Cette expreffion pourtant eft fupportable, fi en demandant le fecret pour des choses dites fous la rofe, on veut dire feulement que ce qui auroit échapé de libre à table, ne doit point être divulgué; c'eft alors une imitation des anciens qui dans leurs feftins fe couronnoient de rofes. Les allemands ont en quelque forte imité cet ufage des anciens: on voit une rofe dans le plat fond au deffus de la table dans leurs fales à manger. Selon d'autres cette expreffion tire fon origine de ce que l'amour avoit confacré à Harpocrate dieu du filence, la rofe qui eft la fleur de Venus, & qu'elle devint l'emblême de l'amour: pour marquer que fes plaifirs doivent être enfevelis dans le filence; ainfi que l'exprime ce tetraftique :

Eft rofa flos Veneris, cujus quo facta laterent,
Harpocrati matris dona dicavit amor,

Inde rofam menfis hofpes fufpendit amicis,

Conviva ut fub eâ dicta tacenda fciant.

8° C'eft une espece de proverbe en Angleterre que la fumée s'adresse toujours à la plus belle perfonne. Et quoique cette

opinion ne femble avoir aucun fondément dans la nature, elle eft pourtant fort ancienne. Victorius & Cafaubon en ont fait la remarque à l'occafion d'un paffage d'Athénée, où un parafite fe dépeint ainfi: »je fuis toujours le premier arrivé aux bon» nes tables, d'où quelques-uns fe font avi fés de m'appeller la foupe... il n'y a point

"de porte que je n'ouvre comme un belier, "femblable à un fouet je m'attache à tout, » & comme la fumée je me lie toujours »à la plus belle.

9° On croit qu'il eft mal fain de s'af୨° feoir les jambes croifées, ou les doigts entrelaffés, ou les mains fermées, & nos amis nous diffuadent de refter dans ces attitudes. Les anciens avoient la même foibleffe, ou la même fuperftition. Poplites alternis genibus imponere nefas olim, dit Pline. Athénée dit que les magiciennes en ufoient ainfi ; & c'eft dans cette pofture que l'on met Junon pour empêcher les couches d'Alcmene. Auffi, comme le remarque Pierius, on voit dans la medaille de Julia Pia la main droite de Venus étendue avec cette infcription, Venus genetrix. Car les mains pliées avec les doigts entrelaffés c'étoit le hieroglyphe de l'empêchement, comme le dit Pierius au même endroit.

10° Il y en a plufieurs qui croyent qu'il

faut obferver des tems pour fe couper les cheveux, & pour fe rogner les ongles & c'est encore un refte d'ancienne fuperf tition. C'étoit une impieté chés les romains que de fe couper les ongles les jours des nundina, qui revenoient tous les neufs jours. Il y avoit auffi d'autres jours dans la femaine ou l'on évitoit de le faire : voyez ce que dit Aufone, ungues Mercuria &c. Au fecond livre des Rois il eft fait mention de cet ufage comme d'une fu perftition qui avoit achevé de rendre Manaffé abominable, en ce qu'il obfervoit les jours des payens.

11° Il eft ordinaire en Angleterre, comme il eft indifferent en foi, de laiffer croître le poil fur les feins que l'on a au vifage. Cependant Pline nous apprend que cette coutume avoit une origine fuperftitieufe: navos in facie tondere religiofum habent nunc multi. Je dis le même de ces cheveux courts qui forment le toupet, ou de ces cheveux plus longs que les autres, que l'on ne veut point couper. Car autrefois on juroit par ces mêmes cheveux, on en faifoit des oblations dans des cas particuliers; on les confervoit avec un foin extrême, on les cheriffoit: adjuro, dit Apulée, per dulcem capilli tui nodulum. Je te conjure par ton aimable toupet.

12° Il eft d'ufage dans prefque toute

l'Europe d'orner de têtes de lions les ac queducs, les tuyaux des fontaines & des refervoirs ufage innocent à la verité; mais qui nous vient des égyptiens lef quels y donnoient un fens fymbolique. Ils ornoient de têtes de lions toutes leurs fontaines, parce que le Nil arrofoit leurs campagnes, & rempliffoit leurs refervoirs, lorfque le foleil étoit dans le figne du lion; & il eft vraisemblable que c'eft par quelque raifon pareille que le grand Mogol a pour armes un foleil & un lion.

13° Bien des gens s'imaginent qu'il leur manque quelque chofe, ou comme on dit en Angleterre, qu'ils n'ont pas été benis, quand ils n'ont pas mis leur ceinture. Or bien que la plupart s'expriment ainfi, & le penfent en effet, fans en fçavoir la raison; il ne laiffe pourtant pas d'y avoir une forte de morale renfermée dans le fentiment & dans l'expreffion. En effet la ceinture eft le fymbole de la réfolution, de la promptitude à agir, qui font autant de vertus, quand elles ont pour objet le fervice de Dieu, Auffi les Ifraelites mangeoient-ils la pâque les reins ceints. Lorfque le Tout-puiffant défie Job, il lui commande de ceindre fes reins comme un homme courageux., S. Pierre s'adreffant aux fideles, leur dit de ceindre leurs reins, d'êtres fobres, & d'efperer

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