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jufqu'à la fin. Le grand prêtre avoit une ceinture de fin lin. Avoir les reins ceints de vérité, c'est une partie de l'habit fpirituel; & le prophete Ifaïe, dit que le Meffie aura la juftice pour ceinture.

La ceinture, d'ailleurs, fépare le cœur & les autres parties que Dieu nous demande, des parties inferieures qui font les organes des defirs charnels, & nous rappelle que nous devons purifier notre cœur: de là vient que les juifs quand ils mettent leur ceinture font dans l'ufage de fe benir. C'eft par là qu'on peut expliquer la doctrine de Pythagore, qui ordonnoit de facrifier nuds pieds, afin fans doute que les parties inferieures étant libres, elles ne fiffent aucun obftacle à la ferveur. Achille avoit été plongé dans les eaux du ftyx, mais parce qu'on le tenoit par le talon, & que cette partie n'avoit point été touchée des mêmes eaux, il y reçut une blessure mortelle : ce qui fignifie qu'il n'avoit été vulnérable que dans la partie inferieure & charnelle de l'homme. C'eft cette partie d'Eve & de fa pofterité qui eft exposée aux traits de l'ennemi commun, cette partie, dis-je, qui attache à la terre, & qui marche dans les fentiers de la corruption. C'eft peut-être par rapport à ce fens fymbolique que les prêtres de la loi lavoient leurs pieds avant que

de facrifier; que J. C. lava les pieds de fes difciples, & dit à Pierre ; fi je ne vous lave les pieds, vous n'aurés point de part avec moi. C'eft encore dans la même vue que les prêtres étoient obligés de laver les pieds & les entrailles des victimes, & de brûler, dans les facrifices propitiatoires, les deux roignons, la graiffe autour des flancs, & fuivant la verfion angloife, l'o mentum qui couvre les entrailles. Mais quand les juifs fe beniffoient avoient-ils en vue ces mots de Jeremie. 13. ou Dieu les appelle fa ceinture; ou bien la ceinture que le prophete eut ordre de cacher dans la caverne du rocher de l'Euphrate, laquelle étoit le type de leur captivité? C'est à de plus habiles que nous à decider.

14° Les tableaux qui reprefentent le pere Eternel fous la forme d'un viellard font dangereux, & dans ces fiécles fi fertiles en herefies, ils pourroient bien ramener le dogme des antropomorphites. Je fçai qu'on prétend juftifier ces peintu res par le paffage de Daniel: Je vis où étoient affis les anciens; leur tête étoit blanche comme de la laine &c; mais cet usage vient peut-être des égyptiens, qui pour reprefenter leur eneph, ou le créateur du monde, avoient choifi la figure d'un vieillard vêtu d'un manteau bleu, tenant dans La bouche un œuf qui étoit l'emblême de l'univers. Et certainement ces payens qui

ne veulent pas qu'on peigne le foleil & la lune parce qu'étant vus de tous, ils n'ont pas befoin qu'on en retrace l'idée par des peintures, blâmeront davantage que l'on reprefente des êtres invifibles. Et celui qui défioit de peindre l'écho riroit fans doute de la temerité du peintre qui ofe tracer avec des couleurs materielles l'idée de l'être invifible & fouverain. En verité les peintures égyptiennes étoient plus fupportables, & leur maniere de reprefenter la divinité meritoit plus d'indulgence. Pour la representer, ils fe fervoient de la tête d'une aigle, d'un crocodile, & d'un œil placé au bout d'un fceptre, mais leur intention n'étoit pas que l'on crût que Dieu eût rien de tous ces objets; & le peuple tout groffier qu'il eft ne pouvoit s'y méprendre.

Quoique lecherubim retraçât quelqu'idée de la divinité on n'imagina point qu'il en eût la reffemblance.Et comme il eft dit dans un fens figuré que Dieu eft un feu confumant, il n'y auroit point de crime à le representer par une flamme. Mais il vaudroit mieux ne point representer l'être infini, puis qu'il peut naître de grands inconveniens de toute reprefentation que l'on en feroit. Cependant on ne peut blâmer la figure de l'agneau pour reprefenter J. C. & la colombe, ou les langues ardentes pour reprefenter le S. Efprit.

15° On peint ordinairement le foleil & la lune avec des faces humaines; ce qui peut encore venir des payens qui s'en fervoient pour defigner Apollon & Diane ; & chés qui la ftatue du foleil avoit des rayons autour de la tête, qui marquoient la che velure d'Apollon. Nous paroîtrions trop fevéres à l'égard des peintres, fi nous les blåmions de reprefenter les vents avec des faces humaines, & les joues bourfoufflées. Cependant Minutius Felix condamne cette pratique, parce qu'elle vient du paganifme, ou Eole, Borée & les autres dieux des vents étoient dépeints de la forte.

16° Je ne craindrai point de bleffer le myftere de la refurrection, fi je nie que le foleil danfe ordinairement le jour de pâque. L'écriture ne dit point que le jour même de la refurrection le foleil ait marqué ces transports, quoiqu'elle rapporte en d'autres occafions les miracles qui ont rapport au foleil. L'Areopagite que l'éclypfe frappa d'étonne ment, ne fait aucune mention de ces mêmes transports. Et s'il eft permis d'outrer jufqu'à ce point la figure, nous pouvons affurer que ce même jour il fe'leva deux foleils; que la lumiere parut à la naissance du Sauveur, & que les tenebres couvrirent la terre au moment de sa mort; mais que ce fut pourtant lumiere en ces deux occafions, puifque ces tenebres fu

rent une lumiere pour les gentils; & que le foleil fe coucha alors pour la premiere fois fur l'horizon.

17° On s'eft formé differentes idées fur la membrane qui couvre fouvent la tête des enfans lorfqu'ils fortent du fein de leurs meres. On la conferve avec foin comme devant leur être falutaire dans leurs maladies, & faire réuffir leurs projets. Ce n'eft pas tout; on en étend les effets jufqu'à ceux qui la porteroient. C'est encore une ancienne fuperftition dont parle Spartien dans la vie d'Antonin. Il dit que les fages femmes vendoient ordinairement ces membranes, ou coeffes naturelles, à des jurifconfultes credules qui en attendoient les plus heureux effets pour leurs affaires.

Mais on va comprendre que rien n'eft plus naturel que cette membrane que l'on apporte quelquefois en naiffant. Les fœtus ont trois membranes qui les enveloppent dans la matrice; le chorion, l'amnios, & l'allantoïs. Le chorion eft une membrane exterieure dans laquelle font les artères, les veines, & les vaiffeaux umbilicaux qui leur fourniffent leur nourriture. L'allantoïs eft une peau mince fituée fous le chorion, dans laquelle fe rendent les feparations aqueuses, afin que leur acrimonie n'offense point la peau du fœtus : l'amnios eft une enveloppe commune qui contient

les

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