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les ferofités lefquelles peuvent transpirer par la peau. Or il arrive quelquefois qu'en rompant ces membranes le fœtus emporte une partie de l'amnios autour de la tête, & cela arrive felon Spigelius ou à cause de la dureté de cette peau, ou parce que l'enfant eft trop foible pour s'en débarraf fer. Ainfi, comme il eft évident, il n'y a ici rien que de naturel, rien qui doive entraîner après foi ces prétendus fignes magiques.

1 8° Les débauchés difent qu'il eft fain de s'enyvrer une fois le mois, & prétendent en faire une regle de medecine, comme fi en effet l'art enfeignoit une doctrine fi extravagante. Avicenne, je l'avoue, medecin arabe d'une grande reputation, & dont la religion ne lui permettoit pas de louer l'ufage, moins encore l'excès du vin, femble être de ce fentiment. Mais Averroes mahometan comme lui, n'en permet l'ufage que jufqu'à la gayeté; ce que Seneque avoit déja fait, & qui étoit approuvé dans Caton. Par gayeté, j'entens l'état où peuvent fe trouver des hommes fobres qui ne boivent point jufqu'à déranger leur corps, leur efprit; tel que peut avoir été celui de Jofeph & de fes freres, dont l'écriture dit qu'ils s'égayerent, & qu'ils burent largement; or c'eft d'un pareil état que l'on peut attendre les avan

Tome II.

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tages que fe propofoit Avicenne, la diffi pation des ennuis, l'exhilaration des efprits, la refolution des humeurs fuperflues. Mais pour la veritable yvreffe qui affoupit la raifon; fi la religion des americains s'en accommode, & fi les payens l'admettoient dans leurs facrifices, & les autres ceremonies religieufes, la doctrine & la morale de J. C. la profcrivent abfolument. Et la religion naturelle qui a excufé l'yvreffe de Noe, parce qu'il ne connoiffoit pas la vertu de la vigne qu'il avoit plantée, n'excuferoit pas la même action dans ceux qui en connoitroient les effets.

L'yvreffe pourroit quelquefois être utile à la fanté; mais la morale chretienne interdit à l'homme tout ce qui pourroit nuire à fon ame, & ne permet rien à la medecine de ce que la loi condamne. La medecine, à parler humainement, pourroit ordonner l'acte conjugal pour la fanté, peut être même un acte illegitime, parce qu'en certains cas il en refulteroit plus d'avantage pour le corps, mais la morale bannit tout commerce illegitime.Il arrive auffi que nous approuvons des effets qui partent d'une fource que nous condamnons. C'est ainsi que l'incefte de Loth a heureusement donné la naiffance à Ruth, & par elle au Meffie ; ce qui pourtant ne diminue en rien le crime que l'yvreffe fit commettre à ce patriarche.

Si l'on vouloit excufer l'yvreffe par le vomiffement qui la fuit d'ordinaire, nous répondrions que les égyptiens étoient foulagés deux fois le mois par des vomiffemens naturels, & que la providence nous a fourni dans une infinité de remedes, des moyens innocens d'exciter en nous le même effet, s'il eft utile à notre fanté.

19° C'est une opinion affés répandue que le demon a coutume de fe manifefter avec des pieds fourchus; quelque ridicule que paroiffe d'abord cette opinion, elle peut être vraie en quelque chofe. En effet il a fouvent paru fous la forme d'un bouc, animal dont les pieds font fourchus ; il avoit emprunté cette forme lors qu'il apparut à faint Antoine dans le defert; & les premiers chretiens regardoient les apparitions des faunes & des fatyres comme des apparitions de Satan. Quelques verfions de la Bible femblent confirmer cette idée, & lors qu'au levitique 17. il eft deffendu de rien offrir aux démons, le texte original employe le mot feghuirim, c'est-à-dire boucs heriffés, parce que le diable fe montroit communément fous cette forme, fuivant l'explication des rabins & de Tremellius. Et l'on doit en croire les magiciennes, il a paru dans ces derniers tems fous la même forme, & Bodin en produit plufieurs exemples; ainsi c'est avec raifon, fuivant Pie

rius, que le bouc eft regardé comme l'em blême de Satan. Ce pouvoit encore être l'emblême du peché, comme dans le facrifice annuel des juifs ; ou celui des méchans & des damnés, conformément à ce texte facré, où il eft dit que J. C. feparera les boucs d'avec les brebis, c'est-à-dire les enfans de Dieu, d'avec les enfans du Demon,

CHAPITRE XXIII.

De quelques autres opinions, ou pratiques douteuses.

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E conçois que par les marques des ongles on peut conjecturer quelque chofe de la difference des temperamens, & des humeurs dominantes ; mais les préfages que l'on en tire me paroiffent inconcevables. Cardan affure dans fon traité de varietate rerum qu'il avoit prévû par ces marques tout ce qui lui étoit arrivé de fingulier; mais nous n'avons pû en trouver d'autres exemples. Nous n'ajoutons pas foi davantage à ce qu'enfeigne la chiromance, que les taches au haut des ongles fignifient les chofes paffées, les taches du milieu marquent les chofes prefentes, & que les taches inferieures préfagent les évenemens futurs que les taches blanches font des marques de bonheur, les taches bleues des marques de malheur; que celles du pouce

annoncent des honneurs, celles de l'index des richesses, & ainfi des autres fuivant le rapport de chaque doigt avec les planetes dont il tire fon nom, comme l'enseigne Tricaffus dans fon traité de inspectione rerum, mais que Picciolus a très-bien refuté. Nous n'éxaminerons point ce que l'on de bite au fujet des lignes qui fe remarquent dans nos mains, & par lefquelles on prétend prédire les évenemens heureux ou malheureux. Si elles étoient des fignes de l'avenir, elles devroient l'être auffi dans les autres animaux, mais particulierement dans les finges & dans les taupes en qui nous avons obfervé la ligne de vie, celle du foye &c.

2o On a crû autrefois que fi on abandonnoit les enfans à l'instruction de la nature, ils parleroient d'eux-mêmes la langue primitive, celle que parlerent les premiers hommes. Les chrétiens ont adopté cette idée, & y ont ajouté qu'alors ils parleroient la langue hebraïque, comme étant, felon eux, celle d'Adam. Il feroit à fouhaiter qu'ils euffent touché le but; outre la facilité qu'il y auroit à apprendre une langue auffi utile, on pourroit plus facilement déterminer le vrai fens des livres que nous avons en cette même langue. Car les fçavans ne conviennent pas abfolument que l'hebreu qui refte foit le

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