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même que l'on parloit avant la confusion des langues, & qu'il fe foit confervé chés les hébreux par Abraham & fa pofterité; ou fi ce n'eft point plus tôt la langue de Phenicie, & de Chanaan, qu'ils y avoient apprife pendant qu'ils y demeuroient. J'ayoue que la premiere idée me femble préferable, & que je panche vers l'opinion de ceux qui croyent qu'à la confufion des langues il ne s'en forma point une nouvelle pour chaque famille, mais que de la langue originale qui fe conferva toujours (il fortit plufieurs dialectes qui devinrent particuliers. Or ceux qui avoient confervé l'ancienne pouvoient aisément entendre toutes les autres. C'eft pour cela qu'Abraham forti de la famille d'Heber put con verfer avec les chaldéens, les philiftins, les égyptiens, ceux de Méfopotamie, & de la Palestine, en ramenant les differens dialectes à la langue originale.

3o On craint de tuer les hirondelles, quoiqu'elles foient incommodes, ou du moins inutiles; on fe perfuade qu'il en réfulteroit quelque malheur. Or il est vraifemblable que c'est encore un refte de fuperftition payenne. Elien nous apprend que les hirondelles étoient confacrées aux dieux penates, & que par cette raifon on s'abftenoit de les tuer. On les honoroit encore comme les herauts du printems ; & les rho

'diens, au rapport d'Athenée, avoient une efpece de cantique par lequel ils celébroient le retour des hirondelles.

4° Il fe peut que les chandelles ne donnent qu'une lumiere bleuâtre, lorfqu'il y a quelque apparition d'efprits, s'il arrive en même tems que l'air foit rempli d'esprits fulphureux; ce qui eft fréquent dans les mines où les exhalaifons ont le pouvoir d'éteindre les lampes. Cela pourroit encore arriver lorfque les efprits fe manifeftent fous la forme de ces exhalaifons. Mais qui pourroit croire ce qu'on dit des lumignons quand il s'en détache quelque partie qui brille plus que le refte, qu'ils annoncent lavenue de quelqu'un ? Ce phénomene au contraire n'indique autre chofe qu'un air humide & pluvieux qui empêche les parties lumineufes de fe répandre, & les fait retomber fur le lumignon.

5o Le coral n'eft bon qu'à affermir les dents des adultes; cependant on s'en fert pour faire fortir celles des enfans ; & c'eft dans cette vue qu'on leur en donne des colliers. Pour moi je fuis tenté de croire que cet ufage a fon origine dans la fuperftition, & que l'on fe fervoit autrefois du coral comme d'un amulette ou prefervatif contre les fortileges; car c'eft ainfi Pline en a parlé: arufpices religiofum coralli geftamen amoliendis periculis arbitrantur ; & furculi in

que

fantia alligati tutelam habere creduntur.

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6° C'est une espece finguliere de rhabdož mance que la maniere dont on prétend découvrir les mines avec la baguette fourchue du coudrier, que l'on nomme ordinairement la verge de Moyfe. On la prefente fans la contraindre ; & d'elle-même, dit-on, elle fe dirige vers l'endroit où il y a des mineraux. Quoique plufieurs fe foient efforcés d'accrediter fa vertu nous embraffons en attendant que l'on foit mieux informé, le fentiment d'Agricola, qui foutient que cette pratique eft frivole. Il eft vraisemblable que la baguette doit fon origine à la virgula divina, fi celébre dans l'antiquité,& qui vient elle-même des verges magiques des poetes, comme dans Homere la verge de Mercure qui rendit inutile la vigilance d'Argus ; & celle de Circé qui put transformer les compagnons d'Ulyffe, & toutes peuvent bien tirer leur origine de celles de Moyfe & d'Aaron. Mais la baguette dont nous parlons ne devoit point porter le nom de Moyfe; car la verge de Moyfe & celle d'Aaron durent être celébres parmi plufieurs nations, puifqu'elles furent confervées dans l'arche jufqu'à la deftruction du temple de Salomon.

On decide encore aujourd'hui en Angleterre les chofes douteufes par l'ouver

ture

Ture d'un livre, ou par la chute d'un bâton: ce qui eft un refte des divinations de l'ancien paganifme. La premiere maniere & eft une imitation des forts homeriques ou virgiliens; & c'étoit fur les vers que le hazard prefentoit que l'on decidoit en ce cas. Ainfi Severe efpera de monter à l'empire, parce qu'il avoit tiré ce fameux vers de Virgile: Tu regere imperio populos, romane, memento.

Et l'on crut que Gordien ne regneroit pas long-tems, parce qu'il avoit tiré cet au

tre vers:

Oftendent terris hunc tantum fata, nec ultra
Eße finent.

Et l'on a cherché auffi ces prédictions
dans les livres faints, ainfi que le raconte
Grégoire de Tours dans la vie de l'em-
pereur Heraclius à l'occafion de fon ex-
pedition dans l'Asie mineure.

Pour ce qui eft de la divination par la chute d'un bâton, c'est un refte des cérémonies augurales; Dieu s'en plaint luimême par le prophete Ofée 4: Mon peuple à confulté un morceau de bois, & des verges de bois lui ont prédit l'avenir. C'eft de cette espece de rhabdomance que fe fervit Nabuchodonofor, comme le reproche Ezéchiel aux chaldéens. Le roi de Babylone se tint fur l'extrêmité de deux routes differentes; il Tome II. I

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fit apprêter deux fléches; il confulta des images, il obferva les foyes des animaux, & ce qui répondit à fa droite le détermina pour Jerufalem, c'eft-à-dire, felon Eftius, que la route qui étoit à fa gauche condui fant à Rabbah capitale des Ammonites, & la route qu'il avoit à fa droite menant à Jerufalem, il confulta les idoles, & les entrailles des animaux, il jetta des fléches en l'air, & parce qu'elles tomberent à fa droite, il fe détermina à marcher contre Jerufalem. Ce genre de divination par les Héches étoit auffi d'ufage parmi les fcythes, les alains, les germains, les africains, & furtout les algeriens. La divination d'Elifée fut d'une autre efpece; lorfqu'en tirant une fléche par une fenêtre fituée à l'orient, il prédifoit la ruine des fyriens, l'efprit de Dieu le conduifoit; & lorfque par les trois coups dont Joas frapa la terre avec une fléche, il prédifoit le nombre de fes victoires, reg. 13. 15.

8° Je ne puis approuver que l'on donne encore aujourd'hui aux differens jours de la femaine les noms que les payens leur avoient donnés. Il faut en chercher l'origine, jufque chés les anciens égyptiens, fuivant la remarque de Dion. Ces peuples impoferent donc aux jours de la femaine les noms des fept planetes qu'ils regardoient comme des divinités. Ils confacré

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