5 CHAPITRE XI X. De quelques relations que l'on souhaiteroit qui fuffent fauffes. Nfin, comme il y a des relations à quoi il que nous n'ofons croire, & que nous voudrions qui fuffent fausses. ΙΟ • C'eft un affront pour l'humanité que l'action de cette reine barbare qui après avoir vû massacrer ceux qni lui avoient donné le jour, fe livra enfuite aux embras-femens de leur affaffin, & but avec lui dans le crane de fon pere: coupe qui ne devoit fervir qu'à la table d'Atrée. 2° Tandis que nous traitons de fabuleux l'amour de Pygmalion pour une ftatue, nous craignons qu'Herodote n'ait que trop dit la vérité, lorfqu'il raconte que parmi ceux des égyptiens qui embaumoient les corps, on en avoit furpris qui affouviffoient leur brutale paffion fur des cadavres. S'il y avoit plus que de l'incontinence dans les amours d'Hylas & d'Hecube, quel nom donner à un crime dont on ne trouve point d'exemple dans Martial, ni dans Petrone? Mezence égala-t-il jamais les horreurs de cet incube qui careffoit des cadavres, & cherchoit jufque dans les tombeaux la matiere de fes crimes: comme fi la mort même étoit un aiguillon pour les fcelerats. ? 3o Ce qu'à l'opprobre du chriftianisme on rapporte d'un italien, qui après avoir forcé fon ennemi de racheter fa vie en abjurant la foi, le poignarda à l'instant pour avoir le plaifir de le damner; combien voudrions-nous que cela même fût faux les payens au milieu des fureurs de la perfécution imaginerent-ils rien de femblable? leur malice n'alloit pas jufqu'à vouloir perdre l'ame de ceux qu'ils perfécutoient, & leur interdire l'entrée de leurs champs élyfiens. Les barbares ont bien étendu quelquefois la cruauté jufque fur les morts en leur refufant la fepulture; mais ils ne fongeoient point à nuire à leurs ames; ils leur fouhaitoient au contraire plufieurs vies, afin de se raffaffier du plaifir de la vengeance, en la réiterant plufieurs fois. C'eft approcher de la malice de Satan, que de vouloir affocier quelqu'un à fes malheurs ; mais c'eft la furpaffer que de perdre quelqu'un pour l'éternité avec une mûre dé liberation. 4° Je fouhaite qu'il foit faux, & il y a des auteurs qui le nient avec quelque fondement, qu'un moine ait empoifonné l'empereur Henry par la coupe euchariftique. On ne peut trop louer nos ancêtres de n'avoir point établi de peines contre les parricides; mais quel nom & quelle peine mé riteroit P 1 riteroit l'action dont nous parlons? Le prince que l'on fuppofe en avoir été la victime mériteroit prefque le nom de martyr. A la vérité il ne fongeoit pas à mourir pour Jefus-Chrift; mais c'est en obéiffant à l'évangile, qu'il perdit la vie. L'hiftoire nous a tranfmis bien d'autres faits qui déshonorent tout à la fois le chrif tianifme & l'humanité. Nous voudrions encore qu'ils fuffent faux, & nous ne pouvons les lire fans rougir de confusion. Ĉe feroit un crime à nous que de rapporter la plûpart de ces actions qui n'ont point de nom, comme elles n'ont peut-être point d'exemple. Et plût à Dieu que celles-ci fuffent toujours nouvelles ? car à mesure qu'elles paroiffent moins rares, elles femblent auffi moins odieuses, & les méchans fe portent plus volontiers à les commettre. Les aureurs ne devroient jamais s'étendre sur ces horreurs fingulieres ; fi par leurs narrations ils en infpirent de l'averfion à quelques-uns,. ils en apprennent la théorie à tous. L'on 'peut dire que notre fiecle l'emporte en méchanceté fur les fiécles précedens, & que l'exemple des crimes anciens lui en fait imaginer de nouveaux. C'eft par ce motif fi louable que Galien n'a pas voulu donner une lifte complete des poifons; & qu'il a défarmé la malice des empoifonneurs qui fe trouvent bornés à l'arfenic, & au fublimé Tome II. Gg corrofif; il y en a certainement de plus fubtils que ceux-ci, & qui pourroient détruire l'homme fans une operation vifible. C'eft fur le filence de pareils faits que l'hif toire mérite d'être louée, & il est à souhaiter qu'il n'en foit jamais fait mention que dans les regiftres infernaux. > Primus fapientia gradus eft falfa intelligere. Lactance. FIN. TABLE TABLE L'étoile devant un chifre marque les pages du premier volume que l'on a mifes au com- S'il attire le fer, ou fi le fer l'attire. 428 206 141 116 198 |