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SUR LE TRESPAS

DE MONSIEUR PASSERAT

PASSERAT, le séjour et l'honneur des Charites,

Les delices de Pinde et son cher ornement,
Qui,loing du monde ingrat que bienheureux tu quittes,
Comme un autre Apollon reluis au firmament,

Afin que mon devoir s'honore en tes merites,
Et mon nom par le tien vive eternellement,
Que dans l'eternité ces paroles escrites

Servent à nos neveux comme d'un testament:

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« Passerat fut un Dieu soubs humaine semblance, Qui vit naistre et mourir les Muses en la France, Qui de ses doux accords leurs chansons anima.

<< Dans le champ de ses vers fut leur gloire semée. Et, comme un mesme sort leur fortune enferma, Ils ont, à vie égalle, égalle renommée. »

STANCES

Le tout-puissant Jupiter
Se sert de l'Aigle à porter
Son foudre parmy la nue;
Et Junon du haut des cieux
Sur ses Paons audacieux
Est souvent icy venuc.

Saturne a pris le Corbeau,
Noir messager du tombeau ;
Mars l'Espervier se reserve;
Phoebus les Cygnes a pris;
Les Pigeons sont à Cypris,
Et la Chouette à Minerve.

Ainsi les Dieux ont esleu Tels oyseaux qui leur ont pleu; Priappe, qui ne voit goute, Haussant son rouge museau, A tastons, pour son oyseau, Print un asnon qui vous f. . . .

LA C. P.

INFAME bastard de Cythère,
Fils ingrat d'une ingrate mère,
Avorton traistre et déguisé,
Si je t'ay suivy dès l'enfance,
De quelle ingrate recompense
As-tu mon service abusé!

Mon cas, fier de mainte conqueste, En Espagnol portoit la teste, Triomphant, superbe et vainqueur, Que nul effort n'eust sceu rabattre ; Maintenant lasche et sans combatre, Fait la cane et n'a plus de cœur.

De tes autels une prestresse
L'a reduict en telle detresse,
Le voyant au choc obstiné,
Qu'entouré d'onguent et de linge,
Il m'est avis de voir un singe
Comme un enfant embeguiné.

De façon robuste et raillarde,
Pend l'aureille, et n'est plus gaillarde;
Son teint vermeil n'a point d'esclat ;
De pleurs il se noye la face,
Et faict aussi laide grimace

Qu'un boudin crevé dans un plat.

Aussy penaud qu'un chat qu'on chastre,
Il demeure dans son emplastre,
Comme en sa coque un limaçon.
En vain d'arrasser il essaye :
Encordé comme une lamproye,
Il obeyt au caveçon.

Une salive mordicante
De sa narine distillante
L'ulcère si fort par dedans,
Que, crachant l'humeur qui le pique,
İl bave comme un pulmonique
Qui tient la mort entre ses dents.

Ha! que cette humeur languissante
Du temps jadis est differente,
Quand brave, courageux et chaud,
Tout passoit au fil de sa răge,
N'estant si jeune pucelage
Qu'il n'enfilast de prime assaut!

Appollon, dès mon âge tendre,
Poussé du courage d'apprendre,
Auprès du ruisseau parnassin
Si je t'invocqué pour poëte,
Ores, en ma douleur secrete,
Je t'invoque pour medecin.

Sevère Roy des destinées,
Mesureur des vistes années,

Cœur du monde, œil du firmament,
Toy qui presides à la vie,

Garis mon cas, je te supplie,

Et le conduis à sauvement.

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Pour recompense, dans ton temple, Servant de memorable exemple Aux joueurs qui viendront après, J'appendray la mesme figure De mon cas malade en peinture, Ombragé d'ache et de cyprès.

FIN.

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