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XIII

PAR un matin une fille escoutoit
Un Cordelier qui decrotoit sa mère;
La decrotant si fort la tourmentoit
Que la fillette en eut douleur amère,
Qui s'escria : « Holà! holà! beau père,
Que faites-vous ! La voulez-vous tuer?
Las! je vous pry' autant qu'on peut prier
Que pour le coup vostre ire se desporte,
Car quand j'entends ma mère ainsi crier,
Souffrir voudrois la douleur qu'elle porte. >>

N

XIV

Un bon vieillard qui n'avoit que le bec.
Se treuvant court près d'une jeune dame
Du desir prou, mais de cela à sec,
«Ne suis-je pas, ce dit-il, bien infame? >>
Pour tout discours luy chante ceste game,
Il taste, il monte assez pour l'ecacher,
Dont se moquant dict la dame faschée
«L'esprit est prompt, mais infirme est la hair;
Nostre curé souvent m'en a preschée.

XV

Un galland le fit et refit

N

A une fille en s'esbatant,
Et puis après la satisfit

D'un bel escu d'or tout co

<< Ma foy, je n'en auray point tant,
Dict la fillette; c'est beaucoup.
-Serrez cela, dict il à coup. »
Lors ce dict la fille au corps gent:
<< Faictes le donc encore un coup
Pour le surplus de vostre argent. »

XVI

Vous pensez dire un friant mot,

Disant qu'elle vous fait la mine;
Mais oyez que dit la Robine
En vous estimant un peu sot:
<Il n'en est rien, ne luy desplaise :
Jamais la mine ne luy fis;
Car s'il estoit vray, je vous dis
Qu'il ne l'auroit pas si mauvaise. v

XVII

UN medecin brusque et gaillard
Fit à son fermier telle enqueste :
Vien ça qui t'a mis en la teste
Ce gentil chappeau de cornart? »
De ce le manant estonné

Respondit : « Monsieur, par mon ame,
C'est un de vos vieux, que Madame
M'a de vostre grace donné. »

XVIII

LE violet tant estimé

Entre vos couleurs singulieres,
Vous ne l'avez jamais aimé,

Que pour les deux lettres premières.

XIX

L'ARGENT, les beaux jours et ta femme

T'ont fait ensemble un mauvais tour :
Car tu pensois au premier jour
Que Jeanneton deust rendre l'âme.

Estant jeune et bien advenant,
Tu tromperois incontinent
Pour son argent une autre dame.
Mais, Jean, il va bien autrement :
Ta jeunesse s'est retirée;

Ton bien s'en va doucement,
Et ta vieille t'est demeurée.

XX.

UN

N

TOMBEAU D'UN COURTISAN.

Un homme gist sous ce tombeau,
Qui ne fut vaillant qu'au bordeau,
Mais au reste plein de diffame :
Ce fut, pour vous le faire court,
Un Mars au combat de l'amour,
Au combat de Mars une femme.

XXI

VIALART, plein d'hypocrisie,

Par sentences et contredits
S'estoit mis dans la fantasie
D'avoir mon bien et paradis.
Dieu me gard de chicanerie!
Pour cela je le sçay fort bien
Qu'il n'aura ma chanoinerie;
Pour paradis, je n'en sçay rien.

XXII

QUAND il disne il tient porte close,

Et est fermée aux survenans;
Et toute nuit, quand il repose
Elle est ouverte à tous venans;

Je ne l'ay pas desagréable:
C'est à luy sagement vescu ;
Toutefois ce n'est pas à table,
C'est au lit qu'on le fait cocu.

Sin

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mes vers ne sont bien rangez, Et que vous autres ne jugiez Leur rhime et leur mesure bonne, Prenez vous-en à la Sorbonne Qui ne les a pas corrigez.

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LE COMBAT

DE REGNIER ET DE BERTELOT

INSPIRE-moy, Muse fantasque,

Décrivant un combat falot,

Sur la peau d'un tambour de Basque,
A la gloire de Bertelot,

Et permets que d'un pied de grive
Avec les orteils je l'escrive.

En la saison que les cerises
Combattent la liqueur des vins,
Regnier et luy vindrent aux prises
Vers le quartier des Quinze Vingts,
Pour vuider une noise antique
Vaillamment en place publique.

Regnier, ayant sur les espaules
Satin, velours et taffetas,
Meditoit pour le bien des Gaules
D'estre envoyé dans les Estats,
Et meriter de la Couronne
La pension qu'elle luy donne;

Il voit d'un œil plein de rudesse,
Semblable à celui d'un jaloux
Regardant l'amant qui caresse
La femme dont il est espoux,
Bertelot, de qui l'equipage
Est moindre que celuy d'un page.

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