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grammes tirées de l'édition de 1616, et l'Esloignement de la Cour, pièce qui porte partout le nom de Berthelot, et dans laquelle l'auteur se nomme plusieurs fois lui-même.

8° Euvres de Mathurin Regnier, augmentées de trente-deux pièces inédites, avec des notes et une introduction, par M. Edouard de Barthelemy. Paris, Poulet-Malassis, 1862, in-18.

Les trente-deux morceaux inédits sont tirés d'un manuscrit de la seconde moitié du xviie siècle, conservé à la Bibliothèque Impériale, no 12491 fonds français. Ils sont presque tous pitoyables, dans la forme comme pour le fond. Quelques-uns portent en eux-mêmes la preuve qu'ils ne sont pas de Regnier1. Deux cepen

1. Dans une Lettre à M. l'Evesque de Chartres, an 1606, il est dit (page 253, édition E. de B.):

Vous composeriez à l'auteur....
Lequel ne fut jamais à Rome.

Or, on sait que Regnier y avait séjourné dix ans.
Une pièce datée de 1612 (p. 360), finit ainsi :

Mais si celle qui tient mon cœur
Pour chaque vers me fait l'honneur
Me permettre que je la baise,
Je veux mourir chaud comme braise
Entre les bras de ma Cypris,
Tant j'ay d'amour le cœur épris,
Si je n'envoye pestre l'herbe
Desportes, Ronsard et Malherbe.

Malherbe, soit! mais Desportes et Ronsard, jamais Regnier n'eût ainsi parlé d'eux.

Mais voici qui vaut mieux : une Elégie de l'an 1613 10us présente Regnier marié!

Amy, pourquoi me veux-tu tant reprendre
Que ne debrvois si soubdain prendre femme ?
Ne me fais plus la guerre, je te dis,
Car je l'ay faict pour avoir paradis,
Et ne pouvois faire meilleur ouvrage
Pour mon salut qu'entrer en mariage,
Car tous maris sont d'un cas soucieux
Qui me rend seur d'aller jusques aux cieux.

dant paraissent lui appartenir, les vers pour Monsieur le Dauphin (page 195 de mon édition) et la pièce qui commence ainsi : Encor que ton œil soit esteint (page 374 de l'édition E. de B.).

9° Euvres de Regnier. Edition Louis Lacour. Paris, Académie des Bibliophiles, 1867, in-8.

Cette édition, au-dessus de tout éloge sous le rapport typographique, est en outre une bonne édition. Au texte de 1613, qu'elle reproduit un peu trop scrupuleusement peut-être, on a joint les variantes des éditions précédentes, et ce qu'il y a de meilleur parmi les pièces recueillies par les divers éditeurs de Regnier.

En somme, l'œuvre authentique de Regnier ne se compose guère que des pièces qui figurent dans l'édition de 1613. Mais il est presque certain que plusieurs de celles qu'on lui attribue sont réellement de lui. Regnier ne paraît pas s'être beaucoup préoccupé du soin de présenter ses œuvres au public. Les éditions successives qui en ont été faites de son vivant deviennent plus fautives à mesure qu'elles se multiplient, et ne présentent pas une variante, pas une correction d'auteur. Il est probable qu'il ne se souciait pas plus de ses pièces inédites que de celles qu'il avait publiées.

Le grand hazard d'estre cocu les fasche;
Si je le suis et que point ne le sçache,
Innocent suis; or tous les innocens
Seront sauvés, y en eust-il cinq cinq cens.
Si malgré moy je puis voir et sentir
Que l'on me fait cocu, je suis martir;
Les bons martirs, si l'on croit l'Ecriture,

Iront en gloire, et moy donc par droiture.
Regarde donc si je ne suis pas sage
D'avoir au ciel assigné mon partage.
Que fusses-tu, pour le bien qu'il me semble,
Bien marié et cocu tout ensemble.

J'ai rapporté cette pièee en entier, parce que c'est une des meilleures; mais ce n'est pas là du Regnier.

Il dut en circuler un certain nombre, et celles qu'on lui attribue dans des recueils manuscrits ou imprimés à peu près contemporains sont probablement sorties de sa plume. Ajoutons que certaines de ces pièces ne pouvaient absolument pas être avouées, même par Regnier.

On comprend combien il est difficile de déterminer quelles sont, dans les pièces attribuées à Regnier, celles qui lui appartiennent. C'est une affaire de sentiment et de goût, pour laquelle j'aime mieux m'en rapporter au lecteur qu'à moi-même. J'ai donc pris le seul parti que j'avais à prendre: Je donne toutes les pièces recueillies par les précédents éditeurs, et même un peu plus 1. On trouvera dans les notes l'indication des sources.

J'aurais pu donner quelques morceaux encore qui me paraissent être très-certainement de Regnier. J'ai cru devoir m'en abstenir par respect pour le lecteur. J'ai laissé trois pièces dans les Délices satyriques 2, où M. Ed. Tricotel les a découvertes.3, et une ode inédite, pleine d'une verve endiablée, dans le manuscrit 884 fonds français, à la Bibliothèque impériale 4.

J'ai reproduit le Combat de Regnier et de Bertelot, qu'on attribue à Sigognes, pour les raisons que j'ai déjà fait connaître. Mais j'ai dû laisser de côté deux pièces dédiées à Regnier. L'une se trouve dans l'édition de ses Euvres, 1616, fol. 150 vo, et l'autre dans les Délices satyriques, p. 411-417.

Pour les pièces publiées au vivant de Regnier, j'ai

1. A l'exception, toutefois, des pièces du manuscrit 12,491. 2. Paris, 1620, in-12, p. 22-23 Je ne suis pas prest de me rendre); p. 98-99 (Jeanne, vous desguisez en vain); et p. 24-25 Encor que ton teint soit desteint). Cette dernière pièce se trouve aussi dans le manuscrit 884 fonds français et dans le manuscrit 12,491. Elle a été réimprimée dans une édition récente. 3. Voy. Variétés bibliographiques, par M. Ed. Tricotel. Paris, 1863, in-12, p. 220 et s.

4. Fol. 185 ro. Elle commence ainsi :

Ceste noire et vieille corneille.

suivi l'édition de 1613, mais en prenant le texte des éditions précédentes lorsqu'il m'a paru meilleur. Dans ce cas, j'ai indiqué dans les Variantes la leçon de 1613.

Pour les pièces posthumes ou apocryphes, j'ai suivi le texte le plus ancien; mais j'ai cru pouvoir me dispenser d'indiquer les variantes.

Le Glossaire-Index qui termine le volume pourrait être plus long. Pour les noms de personnes et de lieux, il était inutile de répéter ce que tout le monde sait, ce qu'on trouve partout. Pour le Glossaire proprement dit, je n'ai pas cru devoir y faire entrer les mots vieillis, les termes de fauconnerie, de manége, etc., qui ne sont pas familiers à tout le monde, il est vrai, mais qu'on trouve dans le Dictionnaire de l'Académie. Je me suis borné à expliquer les mots qui ne figurent pas dans ce code de notre langue, ou qui n'y figurent pas avec le sens que leur donne Regnier.

P. J.

ŒŒUVRES DE REGNIER

PUBLIÉES DE SON VIVANT

Verum, ubi plura nitent in carmine, non ego paucis
Offendar maculis.

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