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Outre ces fepultures & quelques autres des abbez de l'ordre, nous en remarquâmes plufieurs de perfonnes diftinguées dans le chapitre & dans le cloître. Dans le chapitre devant le fiege du fuperieur, on voit une tombe fur laquelle est gravé un jeune homme, qui a un cercle audeffus de la tête avec cette infcription : Hic jacent filii domini Stephani de Sacro.cæfare, & au deffus de la tête de la figure on lit ce mot Theobaldus. La tombe fuivante reprefente auffi un jeune homme tenant un oifeau en main qui a ce mot écrit au deffus de la tête Johannes, & autour de fa tombe font gra

vez ces vers:

Regia progenies ifdem parentibus orti

Nos fuimus, morti quos dedit una dies.
Lufimus, ô teneri, fi luditis ergo cavete,

Ne turbet veftros mors lacrymofa dies.

On y voit encore une grande tombe fur laquelle eft gra vée une croix avec ce mot Agnes, & une autre tombe fur laquelle on lit cet épitaphe. Icy gift Sire Renauz de Mourmart chevalier, & madame Jehanne fa femme. Dieu leur faße mercy. Amen. Devant le chapitre nous, vîmes une autre grande tombe, fur laquelle eft gravé un homme armé de pied en cap, avec fon écuffon, qui porte au chef chargé de trois coquilles, & une femme, & autour de la tombe cet épitaphe: Hic jacet dominus Gilebertus de Nigella miles, dictus Parvus, & domina Johanna uxor ejus domina de Chaloya. Animæ eorum requiefcant in pace. Amen. Et fur une autre tombe Hic jacet dominus de Nemofio miles. Le chevalier qui y eft reprefenté porte dans fon écuffon à trois jumelles & au lambel de cinq pieces. Dans le même côté du cloître en fortant de l'églife, on trouve trois fepulcres élevez, l'un desquels a cette infcription: Anno Incarnationis Dominica M. CCV. fepultus eft in hoc loco Galterus quondam camerarius regis... Francorum, cujus anniverfarium recolitur octavo calendas novembris. On voit encore plufieurs autres tombes dans le cloître, fur lefquels nous lûmes les épitaphes fuivans:

Icy gift madame Emeline de Mortmor, femme jadis de monfeigneur Albert de Bomorville chevalier, qui trépassa l'an de Notre-Seigneur M. CCCXIII. le jour de la Conception de Notre

Dame. Priez Dieu pour l'ame de ly.

Hic jacet Theobaldus de Molendinodato miles. Hic jacet Guillelmus de Vernoto quondam decanus de Sparnone.

Icy giffent Hernaul de Mez, Hiaumier notre Seigneur le Roy de France, & Jeanne fa femme. Priez pour eux, que Diex beur face mercy. Amen.

Icy gift Jeanne vicomtesse.

Icy gift noble dame madame Jehanne jadis dame de Saintyon, priez Notre Seigneur JESUS-CHRIST qu'il ait mercy de l'ame de lui. Amen.

Hic jacet domina Agnes uxor Petri de Priffimo militis.

Icy gift Jehanne jadis femme Pierre le Maire de Fresnoy, laquelle trefpaffa l'an mil quatre cens cinquante trois, le mardy d'aprés l'Afcenfion. Priez Dieu pour l'ame de li.

Hic jacet dominus Johannes de Bunoto miles.

Hic jacet domina Heloys uxor domini Simonis de Nigella militis.

Icy gift madame de Goreffe Beguine, jadis demourant aux Beguines à Paris, qui trespaßa l'an de grace M. CCC. & xxi. le mardi derrain jour de mars. Priez pour lui.

Hic jacet Gilo de Vernoto miles.

Hic jacet dominus Johannes caftellanus de Bunoto miles.

Puifque nous nous fommes fi étendus fur les fepultures de: Barbeau, il n'eft pas jufte d'oublier celle de deux fameux peintres, Jean de Hory & Martin Freminet, aufquels on a fait plus d'honneur qu'à tous ces feigneurs & ces dames dont nous venons de rapporter les épitaphes, puifqu'on a mis ceux-cy dans le cloître ou dans le chapitre, au lieu que nos peintres ont été enterrez dans l'églife même. L'épitaphe de Martin Freminet eft conçue en ces termes :

Sifte fis viator, & perlege. Facet hic Freminetus, Cujus penicillo debemus, quod Gallia jam fuo gloriatur Apelle, quem nafci voluerunt oculorum delicia, rex, Aula, virtus, fi per fata liceret, voluiffent immortalem, Poftquam artis fuæ nobilitaverit lumen, & umbras iftas Hic reliquit, illud verius retinuit. Obiit anno MARTIN DE FREMINET, 18 Juin 1619.

Je ne me fouviens plus, fi Jean Hory a une épitaphe,

mais

mais voicy celle qu'il fit graver à Marie Recouvre sa femme. Tombeau de feu honorable femme Marie Recouvre, femme de noble homme Jean de Hory, peintre ordinaire & valet de chambre du roy, laquelle déceda le dernier jour d'Avril 1607.

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Arrète-toy paffant, voy Marie Recouvre
Que Dieu ces jours passez voulut avoir à foy:
Mais ce n'eft que fon corps que cette lame couvre,
Son efprit dans le ciel fut porté par la foy.
Nous vecumes conjoints d'une amitié fi rare,
Que paßant avec moy jufqu'à fix fois fix ans,
Dieu de notre union, que la Parque fepare,
Gage de notre amour, fit naître dix enfans.
Deux font allez à Dieu, & les huit font en vie,
Qui pour me confoler s'efforcent bien fouvent
De cacher le regret de leur perte infinie,
Ceffant le deuil du mort pour plaindre le vivant:
Agreables objets, qui charmeroient mes peines,
Si rien que la mort feule en avoit le pouvoir.
Mais de me confoler l'efperance eft fi vaine,
Que ma douleur s'accroît du plaifir de les voir.
Tu peux done voir icy la moitié de moy-même,
Qui de fon autre part attend l'assemblement.
Je fuis l'autre moitié que la bonté fupreme
Fait vivre pour plorer la mort inceffament.
Que dis je, vivre, helas! quel devis me transporte?
En difant que je vis, je me trompe bien fort.
Non je ne vis plus en celle qui eft morte;
Mais elle vit en moy, qui fuis mort en fa mort.
Priez Dieu pour fon ame.

Nous ne vîmes dans la bibliotheque qu'un petit nombre de manuscrits, parmi lesquels nous en trouvâmes un qui avoit ce titre: Liber I. de fæculo & religione editus à Collatio Pierri cancellario Florentino ad fratrem Hieronymum de Uzano ordinis Camaldulenfis in monafterio fanctæ Mariæ de Angelis de Florenti. Ce premier livre eft fuivi d'un fecond. Nous vîmes auffi un autre manufcrit dont voicy le titre : Incipit manipulus florum five extractiones originalium à magiftro Thoma de Hiberna, quondam focio Sorbonico.

Aprés avoir demeuré deux jours à Barbeau, nous nous

I. Partie,

K

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Chaume. rendîmes à l'abbaye de Chaume. C'est un monastere d'anciens Benedictins, mais qui peuvent fervir de modele à tous ceux qui ne font pas reformez; car ils vivent en commun couchent dans un dortoir, mangent dans un même refectoire, font leurs exercices à heures reglées, s'appliquent à la lecture & à l'étude, & ont banni toute forte de jeux de leur monaftere. Ils nous reçurent fort bien, & nous communiquerent de bonne grace tout ce qu'ils avoient. Nous y paffamés le dimanche, on y dit ce jour-là deux grandes meffes. La premiere fut de Notre Dame du Rofaire, qui eft toute singuliere pour cette maifon. On y lut l'évangile de la parabole du femeur. L'église est affez jolie, mais elle n'est point achevée. On y voit deux tombeaux élevez qu'on croit être du fondateur & du premier abbé. On trouve auffi dedans la nef les tombes des feigneurs de Verneuil. Le tableau du grand autel, haut d'environ quinze pieds, eft un origi nal de monfieur Champeaux. C'eft un crucifix, qui ravit tous ceux qui le voyent; au-deffus eft une châffe, qu'on prétend être de faint Domnole évêque du Mans, auquel on a une grande devotion dans le pays.

Joiy.

Nous fumes de-là à Jouy, abbaye de l'étroite obfervance de l'ordre de Cîteaux, qui peut paffer pour une des plus confiderables de la reforme. L'entrée est belle, les cloîtres grands, le refectoire tres propre, vouté & d'une jufte étendue, la bibliotheque admirablement bien parquetée, & ornée d'une boiferie magnifique, mais peu remplie de livres, Il y a pourtant environ cent manufcrits tres-bien confervez, la plupart de faint Ambroife, faint Jerôme, faint Auguftin, faint Gregoire, faint Bernard, & d'Hugues de faint Victor. Nous trouvâmes une vie de faint François écrite par un de fes religieux, qui l'avoit connu, & qui vivoit avant faint Bonaventure auteur de celle que nous avons de ce Saint. L'églife du monaftere est fort grande, tres- propre & d'une belle étenduë; mais nous n'y trouvâmes pour toute antiquité, que le tombeau de Simon de Beau-lieu archevêque de Bourges, & cardinal qui eft devant le grand autel, fa mere & fon frere ont leur fepulture dans le cloître. Voicy leurs épitaphes qu'on fera bien aise de trouver icy.

EPITAPHIUM

Simonis Cardinalis de Bello-loco Bituricenfis archiepifcopi,

qui jacet ante majus altare ecclefiæ Joyaci.

Quem lapis ifte tegit, SIMON virtute fubegit
Juftus perfidiam, largus avaritiam.

De Bello fuit ifte loco primas Aquitanus,
Ex dono meriti prælatus Bituricanus.
Fit Carnotenfis prius archidi, Bituricenfis

Poft fuit prælatus: cardine fine datus.
Tres annos demas tantùm de mille trecentis
Et poft quindenam matris Domini morientis
Lune quere diem, tunc habuit requiem.
Qui legis hic plores, & Chriftum dulciter ores,
Tranfeat examen, & requiefcat. Amen.

EPITAPHIUM matris ejufdem cardinalis in clauftro
quiefcentis.

Nobilibus nata, miferis pia, prole beata, Tota Deo grata jacet hic AGNES tumulata. Anno milleno ducento feptuageno

Tranfiit & terno, vivat cum rege fuperno.

Obiit autem 11 calendas martii.

Qui legis hæc recogito pro me, bona fac, mala vita',
Sed femper cogita quod morieris ita.

EPITAPHIUM ejus fratris in clauftro etiam quiefcentis.

Ci gift Meffire Raoul de Biau-lieu, chevalier, qui trépassa en l'an de grace 1286 au mois de novembre. Priez pour l'ame de luy.

Nous fejournâmes peu à Jouy. Nous y étions dans le temps des Rogations; & comme nous difions la meffe, il y arriva une proceffion; je remarquai que les hommes entrerent de dans le choeur, mais toutes les femmes refterent dans la nef.

Nous partîmes apréfdîné pour Provins ; nous fumes defcendre au prieuré de faint Ayou poffedé par nos peres de faint Vanne, qui nous y reçurent avec leur honnêteté

Provins

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