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en latin, à la fin duquel on lit ces mots: Explicit liber diabolice legis Saracenorum, qui Arabicè dicitur Alcoran, id eft collectio capitulorum five præceptorum.

Illuftri gloriofillimoque viro Petro Cluniacenfi abbate præcipiente, fuus angligena Ketenenfis librum iftum tranftulit anno Domini M. CXLIII. anno Alexandri M. CCCCIII.anno Albigere DXXXVII. anno Perfarum DXI.

Hunc librum fecit dominus Petrus Cluniacenfis abbas transferri de Arabico in latinum, Petro magiftro Toletano juvante, Petro monacho fcriptore, cùm effet idem venerabilis abbas in Hifpaniis conftitutus cum gloriofo imperatore Adefonso, eo anno quo idem imperator Choriam civitatem cepit & Saracenos inde fugavit. Nous y vîmes auffi un autre manufcrit qui a pour titre:

Expofitio Canticorum Salomonis à magiftro Johanne Rouffel epifcopo Sabinenfi quondam de alvo Ambianenfi,approbata à fanita Romana eeclefia, anno Domini M. CCXXXIII.

Le jour fuivant nous nous rendîmes de bonne heure à l'abLa Ouiche. baye de la Guiche, autrement appellée de la Garde. C'est une abbaye de filles de l'ordre de faint François à deux lieuës de Blois, & une des plus illuftres entre celles qui font poffedées par les Urbanistes. Elle eft redevable de fa fondation à Jean de Châtillon comte de Blois, qui y eft enterré avec sa femme & quelques-uns de fa famille dans de beaux mausolées, qu'on voit encore aujourd'hui dans l'églife, avec des épitaphes. Nous apprenons le temps de fa fondation, d'une lettre que ce comte écrivit en ces termes à l'abbé de Marmoutier pour avoir fon confentement.

A Religieux home & honefte l'abbé de Mermoutier Jehan de Chatillon, Cuens de Blois, & Sires d'Avefnes, falut & bone amor. Sire je vous fais favoir que je avois entendu de la comteffe que vous li avoies oftroié, fi com li doiens de faint Martin de Tors, & mes Sires Guillaumes dou Quartier li avoient raporté, dendroit une abbaye, que je & elle volens fonder & commencier defous Colonges, en vostre parroiffe de Chozi, & que vous voloiez bien, que elle i fuft fondée & commenciée, en vous fezant avenant fatisfaction de vos domages. Sire j'envoi à vous & vous fais favoir, que nous veons cefte befoigne à commencier. C'eft dimanche prochien: pourquoi je vous pri tant com je puis, que vous i foies, fi vous poés, car nous le voudroions molt, ou que vous i envoies de par vous tele gent qui aient pooir de prendre & de recevoir avenant

fatisfaction en la place, & je la vous ferai au dit de preudommes, & vous prie, Sire, que vous ne metez pas debat en cefte chose, car vous nos corroceroiez trop malement, & meefmement quant je fui apparilliez de vous fere avenant fatisfaction. Ce fut fet à Sarmefes le mercredi aprés la faint Pierre en l'anmil deus cens foixante

treize.

Comme nous expediâmes affez promptement tout ce que nous avions à faire en cette abbaye, nous allâmes coucher le même jour à Blois, d'où nous fûmes à Orleans & de là à faint Benoist fur Loire. Ce fut-là que nous apprîmes la mort d'un grand ferviteur de Dieu, decedé en odeur de fainteté il n'y avoit pas long-temps. Son air grave & fes manieres nobles, ont fait croire que c'étoit un homme de qualité, quoiqu'il n'ait jamais voulu fe faire connoître : on a fçû feulement qu'il avoit reçu au baptême le nom de Simon. Touché de la mort de fon pere, qui avoit perdu la vie au service du roy, il refolut d'aller fervir lui-même le Roy des rois avec des anges terreftres, & de fe retirer à la grande Chartreufe. I fe mit même en chemin pour y aller; mais Dieu lui ayant inf. piré un autre deffein, il fe retira aux environs de faint Benoist fur Loire vers Château neuf, & là il paffa un grand nombre d'années dans les pratiques d'une humilité tres-profonde, dans les exercices d'une penitence tres-auftere, & dans toute forte d'actions de pieté. Devenu pauvre volontaire pour l'amour de Dieu, il foulageoit les pauvres involontaires de ce qu'il pouvoit gagner à la fueur de fon front: on lui donnoit tou tes les femaines un pain, qu'il changeoit auffi tôt avec celui qu'on donnoit dans les villages aux mendians. Il s'étoit loüé à un meunier; mais lorsqu'il étoit moins occupé, il alloit dans les bois aider les bucherons. Les dimanches & les fêtes il faifoit des inftructions aux enfans, leur apprenoit à connoître & à aimer Dieu; il vifitoit les malades,& enfeveliffoit les morts. Sa vertu étoit devenuë fi éclatante dans le pays, que tous ceux qui avoient quelques peines, venoient chercher auprès de lui de la confolation, & l'écoutoient avec refpect; & à fa mort ceux qui ont pu avoir quelque morceau de fes habits ou autre chofe qui eut été à fon ufage, fe font eftimez fort honorez. Il est enterré dans l'églife de Château-neuf. Sa penitence a duré 32 ans.

De là nous nous rendîmes à l'abbaye de Fontaine-Jean de

FontaineJean.

l'ordre de Cîteaux, de la filiation de Pontigni, dont S. Guillaume archevêque de Bourges avoit été abbé. Elle fut fondée par Pierre de Courtenai cinquiéme fils de Louis le Gros roy de France, qui n'oublia rien pour en faire une abbaye illuftre; mais les heretiques animez par les exemples du cardinal Eudes de Châtillon qui en étoit abbé, & dont on nous montra l'infame contrat de mariage avec Ifabeau de Haute-ville, paffé le 1. decembre 1564. l'ont tellement ruinée, qu'à peine y refteil quelques veftiges de fon ancienne fplendeur. Le 7. d'octobre 1562. aprés avoir maffacré quatre religieux, ils brûlerent tous les bâtimens, & mirent l'églife, qui étoit grande & magnifique, dans l'état où on la voit aujourd'hui. Il n'en reste qu'une bien petite partie, dans laquelle on voit à côté du grand autel un tombeau affez beau, où Jacques de Courtenay eft representé à genoux avec le manteau royal, & derriere lui fon frere Jean de Courtenay avec ces épitaphes:

Cy gift tres-illuftre & tres-vertueux prince du fang royal de France, monfeigneur Jacques de Courtenay, vivant feigneur de Chevillon, lequel en fuivant la devotion de fes predeceffeurs envers cette abbaye de Fontaine Jean, de laquelle monfieur Pierre de France, chef de la branche de Courtenay, cinquième fils de Louis le Gros VI. de ce nom a été le principal bienfaiteur: confiderant l'honneur d'en étre iffu par mafle legitimement; & que plufieurs de fes prede ceffeurs de ladite branche y avoient élú leur fepulture, ordonna aussi par fon teftament en datte du 5. janvier 1617 que fon corps y fut pa reillement inhumé, & legua aux religieux de ladite abbaye la fomme de vingt livres par an à perpetuité pour leur étre diftribuée, & ce pour la celebration de quatre messes annuelles & perpetuelles, dont l'une fe dira tous les ans au jour du trepas dudit feigneur, qui fut le 8. de janvier 1617. & les autres à fçavoir le lendemain de la faint Barthelemi, le jour de faint Remi, & la quatrième le dernier jour

de l'an.

Monfeigneur Jean de Courtenay fon tres-cher frere feigneur de Chevillon, Frauville, & Briant, en confideration de leur parfaite & cordiale amitié, a fait ériger en cette année 1618. cette commune fepulture, afin que comme ils ont été conjoints d'affection durant leur vie, qu'auffi aprés leur mort, ils ayent un même lieu de repos.

Cy gift tres- illuftre & tres- vertueux prince du fang royal de France monfeigneur Jean de Courtenay, vivant feigneur de Chevil Ln, Frauville, Briant, &c. lequel aprés avoir passé une vie tres

vertueufe & veritablement digne de l'honneur de fa naissance, eft decedé à Paris le troifiéme jour de Fevrier mil fix cens trente-neuf, ayant laiffé de madame Magdelaine - Marie fa femme monfieur Louis de Courtenay à prefent feigneur de Chevillon, & monfieur Robert de Courtenay abbé des Efchalis, fes fils, lefquels l'ont fait inhumer dans cette églife qu'il avoit choifie de fon vivant pour le lieu de fa fepulture, en fuivant la donation de fes predecesseurs envers cette abbaye, de laquelle monfieur Pierre de France cinquiéme fils de Louis le Gros VI. du nom étoit le principal fondateur, duquel il tiroit fon origine par male fucceffivement.

Priez Dieu pour fon ame.

Ledit feigneur a legué aux religieux de cette abbaye la fomme de vingt livres par an à perpetuité pour la celebration de quatre meffes annuelles & perpetuelles, dont l'une fe dira tous les ans au jour de fon trespas, qui fut le troifième jour de Fevrier 1639. & les autres, fçavoir le 2. may, le 2. Août, & le 3. jour de novem

bre.

Au deffus du tombeau on lit cette devife: Sed tu Domine ufquequo? On lit encore affez prés de-là cet autre épitaphe sur une lame de cuivre:

Cy gift tres.illuftre princeffe Marie de Lamet, dame du Plessis, S. Juft, Ganne, Coievrel, Buffy, Vallecour, femme de haut & puiffant prince Louis-Charles de Courtenay, qui deceda à Paris le 18. juin 1676. Requiefcat in pace.

Enfin on lit auffi du côté de l'épitre cette infcription:

Cy devant eft enclos le cœur de tres haut & tres illuftre prince monfeigneur Gafpard de Courtenay, feigneur de Bleneau, Villars l'Armite, La Motte melfire Raoult, lequel eft decedé en fa maifon de Bleneau le 5. jour de janvier 1609. Priez Dieu pour fon

ame.

L'éternel fouvenir qu'à fon époux fidele

Loyfe d'Orleans portoit quand il vivoit,
A ce marbre gravé pour témoigner fon zele,

Combien que dans fon cœur bien mieux empreint il foit.

L'on nous montra dans le chapitre une tombe fans épitaphe, fous laquelle on prétend qu'eft enterré Robert de Cour

tenay fils du fondateur. Nous paffâmes toute la journée à voir les archives & quelques manufcrits, parmi lefquels nous trouvâmes un Eusebe de Cefarée avec des vignettes & des mignatures d'une grande beauté.

Le lendemain 1. jour de may nous nous apperçûmes qu'il avoit fait une gelée assez considerable, pour perdre toutes les vignes, dont les apparences promettoient beaucoup. Le même Efchalis. jour nous partîmes pour l'abbaye des Efchalis de la filiation de Clervaux. Elle a été entierement ruinée tant par les Anglois que par les Huguenots & par les guerres civiles. Nous n'y trouvâmes que trois religieux, qui travailloient à la reparer. L'ancien refectoire fert aujourd'hui d'église, qui eft affez propre. Nous vîmes dans le chapitre quelques tombes, fur lefquelles étoient gravées les épitaphes fuivantes :

Comitiffa Aalidis Fovigniaci
Verbo veraci pollens & mente fagaci
Ecce Jobengniaci requiefcit in ecclefia cit
Comes ornatus meritis, milefque probatus,
Nobiliter natus, largus, bene morigeratus.

Hic Chrifte comes fit fine fine comes.

Cy gift mefire Guillaume de Prunay chevallier, qui trépassa l'an de grace mil deux cens quatre vingt & douze, la vaule de feint Climant. Priez por luy bonejant, que bon mercy ly facein.

Amen.

Cy gift madame Gilles, dame de Prunay, femme jadis feu monfeigneur Guillaume chevallier feigneur de Prunay, qui trespassa l'an de grace M. CC quatre-vingt dix huit le dimanche dans la quinzaine de pafque.

Cy gift noble dame madame de Prenoyx, jadis femme monfctgneur Jean de Prency, chevaillier, laquelle trefpaffa l'an de grace 1312. landemain de pafques. Diex ly faffe mercy.

Dans le cloître nous lûmes auffi cette épitaphe:
Hic fum pauper mis Guillelmus comes inermis,
Materies vermis, miferere fuper me pater mis.
Armipotens miles Guillermus, qui fuit heres
Ordonis,viles folvitur in cineres.

Teftis fum mortis, qui legis efto memor tis
Orate pro me Jefum Chriftum.

Voila tout ce que nous pûmes remarquer dans une abbaye

toute

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