Sans qu'à nul d'eux il eut rien à debattre, Lefquels le prindrent fans defendre ou combattre, Dedans Pleurot une frenne maison, Et le menerent en tres-forte prifon Nommée Mont-joye, baptifée à revers„ Car Rabajoye il feroit mieux raifon. De la nommer comme lieu tres-pervers.. Sept mois entiers fift leaus habitude. Qui cfchappa de cette fervitude, Et en ce lieu vint à Dieu grace rendre Devers le Roy Charles, qui la vraye certitude Avoit heut de la grant rectitude,
Venir le fift devers luy fans attendre Et luy donna pour recompenfe prendre De fes grans pertes & de fa dun fouffrance Le noble eftat de chancelier de France,. Et au furplus tant le trouva loyal,.
Que fous luy prift pour garder de foufrance Tout fon royaume & fon fceptre royal.
Le bon roy CHARLES qui tous les aultres exceda,
Par fes vertus, toft aprés deceda
De ce bas ficcle, auquel le roy Loys, Qu'eft à prefent douzième, fucceda Et au Seigneur ja nommé conceda Ledift office, je y estoye, je l'ouys Dont plufieurs gens font fort hesbays, Car ung chacun tenoit que pour tant voir Le roy vouloit dudit eftat pourvoir Denys Mercier au......
Chacun des deux pretendoit de l'avoir Si la fortune leur eust esté si bonne. Mais neanmoins il fuft reintegré. Par le bon roy qui tant le print à gré. Qu'il luy donna tout le gouvernement De fon royaulme qui ne print en malgré Veu qu'il n'en fçut avoir plus haut degré Et l'entretint toufiours paisiblement. Durant fon temps n'y euft aucunement Guerre ou debat, mais que profperité, Paix & amour, joye & tranquillité Tant au pays que aux nations étranges,
Bref pour en dire la pure verité
Tous fes faits font dignes de grandes loüanges. Ainfi de France il fut chef de justice, Douze ans entiers mettant par tout police, Et memement au fait du bien publique Bien peut on dire que pour ung tel office Il ne fut oncques homme fi tres propice, Si tres prudent, fi tres fcientifique, Doux & courtois, conftant & veritable, Fort, attrempé, ployant & charitable, Grave, pefant, elloquent, pondereulx, Riche, puiffant, humble, ferme & ftable, Tres affeure, moderé, vallereulx.
Mais Attropos qui tout homme de vie, Euft contre luy une mortelle envie Et lay livra tres cruelle bataille, Par accident qui tout luy eut ravie. Force & vigueur, & luy ofta la vie En le frappant tant d'eftoc que de taille De fon dur glaive qui tout fend & detaille Qui au grand Roy eft alle rendre comte Et dont le corps gift deffous cette lame Prions à Dieu qui point ne le mecomte Ains en repos veulle mettre fon ame. Amen. Cy gift auffi fous cette fepulture Ung autre corps, comme la pourriture Demonftre à tous, d'une excellente dame ; Oncque ne fuft en fon temps creature Créée de Dieu, ne formée par nature Mieulx accomplie voire de corps & d'ame En gloire, en loz, en bon regnon, & fame, Et en vertu, je luy donne ce titre Parquoy raifon m'a commandé luy litre Son epitaphe pour donner cognoiffance De fon hault nom, qui tout temps adminiftre Bruit & honneur à cause de fa naissance. Et tout premier convient que je defigne Comme à Dijon elle print origine Et fuft extraite de noble geniture Miculx reffembloit eftre chofe divine Que d'eftre humaine, pas je ne le devine,
Ainfi que font fabuleux ou menteurs,
Qui de faulx titres donnez font inventeurs, Car de beauté elle eftoit outre passe Et de bonté qui encore outre paffe Et l'efcarboucle de vraye chafteté, De ferme amour l'emeraude & topasse Et le rubi ardent en charité.
Ce fuft Marie Chambellant furnommée Dont il doit être à jamais renommée Pour la valeur de fa noble perfonne; D'honneur eftoit la princesse famée Et d'attrempence ne fust pas affamée Ny de prudence qui à vertu confonne D'orgueil, d'envie, ne chofe qui mal fonne Ne tenoit rien ains de benignité, Eftoit miroyer ausi de loyaulte De foy, de joye, de paix, manfuetude, Crainte, efperance, & longanimité, D'humilité, verité, promtitude.
De la lhouer c'est à droit & raifon Pour les vertus que fans comparaison En elle eftoient voire en toute affluence, Et de ce faire j'ay aussi à choison, Car nourriture j'ay prins en fa maison, Pas ne veux mettre tel bien en oubliance: Ingrat, feroy je doncques pour recompenfe Declairer veult de fa vie le tontaige Lorfqu'elle fuft promife & accordée Par loyaulie & foy de mariaige Aacy gifant qui l'avoit demandée C'est le feigneur preux de Rochefort Qui lors eftoit jeune, puiffunt, & fort. Et à Dijon confeiller pour le royTM, Pleuft à fon cœur donner de joye renfort, Et pour y prendre tout foulas & confort Elle efpoula en triomphant arroy
ny euft nul defarroy Noife, ou difcorde, mais en paix, en joye Et en amour, qui eft de tout bien monjoye Ils ont vefcu enfemble tout leur temps, Et cette dame dont fort je me resjoye
Acquit mains biens aux fiens comme fantans Par fon moyen plufieurs de fes amis En hault eftat fon ellevez & mis, Les ungs pourveus de bons nobles benefices; Du loyaulment ils fe font entremis A fervir Dieu & ont gros benefices A fes voifins tant princes comme eftranges Dont font les faits tres-diftinguez de louanges Et a produit de fa noble femence
De beaux christaux auffi doux que fontaine Efquels avons toute noftre esperance.
Lors de plaifirs avoit plus que princesse Qui fut vivant, mais fa grande joye print ceffe Car mort en fit la feparation,
En ravißant par cruelle rudeffe
Ledit feigneur dont elle euft belle triftesse
Telle douleur, telle defolation
Que n'euft efté la confolation',
Que luy faifoient le roy aussi la reine, Luy promettant que du temps de leur reigne Elle & les fiens maintiendroient fans doubtance Elle euft perdu vigueur, force & aillance Dés ce jour mefme point ne faut de doutance. Si pour donner à fon deuil allegence Ils luy donnerent la garde & la regence De madame CLAUDE leur fille aynée, Par ce montrant le zele & la fience Du vray amour & de la bienveillance Qu'en elle avoient de long-temps assignée Ainfi que celle de tout predeftinée Acquerir en ce bas territoire Los immortels par heuvre meritoire Et que plus eft pour l'ofter de foucy Le Toy retint le fils, il eft notoire, Et la reyne retint la fille aufi.
Aufi eftoit cette dame d'honneur De hault eftat, heraultée en greigneur, Voyant florir fes enfans auprés elle Et que leur prince & naturel feigneur, Si leur eftoit de tout bien assigneur Et les avoit retiré fous fon hefle
Lors luy croyoit toute joye nouvelle
Et au doit eftre pour jamais a repos Mais deceue feuft, car la faulce Atropos Qui deẞus elle avoit toufiours envie Par accident un jour mal à propos A Dun le Roy luy fift ofter la vie. Mort exerçant fes criminels excés Deux ans aprés le trepas & decés En ce feigneur dont gift icy le corps Auprés de luy donna lieu & afces. A fa compaigne dont cy je tiens procés L'an mil cinq cens & neuf, j'en fuis racord Ving & deux ans fans debat & difcord Avoient vefcu en loyal mariaige
Et avec deux qu'elle fut en veufvaige Compris les quinze qu'elle avoit dejointdit Trante-neuf ans elle avoit en droit l'aige
Or prions Dieu qu'il luy doint paradis. Amen.
Epitaphe du cœur de monfieur de Rochefort, gravée fur une plaque de cuivre attachée au pilier de la chapelle de faint Claude, dans la nef.
Mort qui tout mort mordit un cœur Lequel git cy-devant, la douce liqueur. De fon fçavoir fi haultement fleurit, Qu'oncques juftice en fon temps ne perit, Prudence & force avec temperance En celuy cœur firent leur demeurance, Crainte de prince or argant ne amis Dedans fon clos n'ont aucune erreur mis. Car fi grand fut que pluftoft mort eut pris Que de faveur il eut efté repris. Diray-je helas fans douleur trop penible Le nom de lay? non, il eft impoffible. Parquoy je dis en pleurant en deuil tres fort, Que c'eft le cœur de Guy de Rochefort, Chevalier preux, & chancelier de France Laquelle France en fon temps n'eut foufrance. Car le commun, nobleffe, églife acquirent Biens à plante, & avec paix vesquirent.
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