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Germine præclaro, claris natalibus ortus, &c.

J'aurois fouhaité que nous euffions pu avoir auffi entiere une autre infcription gravée fur un marbre devant le grand autel, mais tronquée & prefque effacée, qui nous parut encore plus ancienne. Mais comme il n'y a point de petit morceau d'antiquité qui ne foit venerable aux fçavans, je rapporterai icy ce que nous en pûmes tirer..

MPETERE OPTASSEM SANCTA SPVICRA PRIOR
ONIMIVM TANTI SI MVNERE VOTI

VISSEM NATOS INCOLVMEMQVE VIRVM
COVIA PROGENITIS SVPE PESTE QUATTVORVN....
ECOR HIC SNTIM VIVAT VT HOSSA COLAT
IIIVSTRIS FEMENA HIC ENA
O.X. KNI. MAINS SEVERINO VCCI.S.
ANNOS QVINQVACINTA ET DVOS.

Nous retournâmes de là à Molesme, & de Molefme nous fûmes à Quincy. C'eft une abbaye de l'ordre de Cîteaux de la filiation de Pontigni, qui par les reftes qui font demeurez paroît avoir été autrefois confiderable. Mais le miferable Eudes de Chatillon, qui en étoit abbé, ayant renoncé à la foy de fes peres, la defola de telle forte, que jufqu'à present elle n'a pû fe relever de fes ruines. On dit que les fatellites de ce méchant cardinal, au nombre de cinq cens, s'étant un jour tous revêtus des ornemens des miniftres facrez, firent par dérifion comme une proceffion autour d'une croix, & que là ils les brûlerent tous. Il ne refte de l'églife que le chœur & les deux croifées, dans lefquelles il y a fept autels de chaque côté. Elles fe terminent en rond point de même façon que le chœur. On montre dans l'églife le tombeau de faint Gaultier abbé du monaftere, qu'on fait auffi évêque d'Auxerre & martyr, mais nous ne trouvons point d'évêque d'Auxerre de ce nom, & le fiege de cette églife fe trouve certainement rempli par d'autres évêques dans le temps qu'on fait vivre ce Saint. On voit aflez proche de fon tom.

Quincy.

Tonnerre,

beau celui de Robert de Tanlai, & on nous affura qu'autrefois celui de fa femme étoit dans l'églife, & qu'on y lifoit cette épitaphe: Cy gift dame Agnès de Saintyon, jadis dame de Tanlai, laquelle trefpiffa le famedi veille de faint Pierre entrant aoust, l'an de grace M. ccxvI. l'ame de laquelle repofe ex paix. Priez Dieu pour elle.

Les religieux nous dirent aufi qu'il n'y a pas long-temps qu'on voyoit devant le grand autel les fepulcres de Guillau me de Tanlai, d'Adeline fa femme & de Jean leur fils. Ce Guillaume étoit fils de Pierre de Courteney, qui avoit pour pere Louis le Gros roy de France. Mais tous les plus grands monumens font fujets en ce monde à la viciffitude des temps. On voit encore dans le cloître plufieurs tombeaux, mais fans inscription. On croit qu'ils font des meffieurs de Tanlai, de Vergy & de Noyers, ce qu'on conjecture par leurs écuffons. Entre les reliques qui ont échapé à la fureur des heretiques, on nous montra un bras de faint Bafile le Grand, fur lequel on voit encore fa peau, relique digne d'un autre reli. quaire que celui dans lequel on le conferve. Nous vifitâmes enfuite le chartrier & les manufcrits, dent il y a encore un affez bon nombre qui font fort beaux. La plupart font des ouvrages des Peres, de faint Ambroife, faint Auguftin, faint Jerôme, faint Gregoire, faint Bernard, Bede. On y voit auffi les lettres d'Hildebert, la vie de faint Bernard écrite par Guillaume abbé de faint Thierry, qui eft fuivie d'une histoire des Albigeois, dont le commencement eft femblable à celuy de l'abbé de Vaux de Sernai, mais la fin est differente. En fortant de Quincy nous allâmes aux abbayes de la Charité, de Molofme, & de faint Michel de Tonnerre. Celleeft petite,mais fort jolie. Etienne de Nicey qui en a été le dernier abbé regulier fit rebâtir l'églife, le cloître, le cha pitre, qui font fort propres ; il fit auffi écrire des cartulaires, tirer des reconnoiffances des biens du monaftere, & il peut paffer pour un des meilleurs abbez qui l'ont gouverné. On y conferve les reliques de faint Thierry évêque d'Or. leans, qui y font en grande veneration. Quoyqu'il y ait des paroiffes dans la ville & une collegiale de 18 chanoines & trois dignitez, fçavoir prevost, chantre, & treforier ; ce. pendant toute la ville fe fait enterrer à faint Michel, c'eft le nom du monaftere.

cy

Comme on nous avoit averti que les peres Minimes avoient

par

beaucoup de manufcrits, qui leur avoient été donnés par un comte de Tonnerre, qui avoit fondé & bâti leur convent des propres materiaux de fon château, qu'il fit démolir pour cet effet, nous eûmes la curiofité de les voir. Nous en trou. vâmes effectivement plufieurs, la plûpart font des auteurs profanes, & même des romans affez recens, & plus confiderables les belles relieures & les mignatures, que par leur matière. On nous avoit affuré qu'il y avoit une bible é crite de la main de faint Bernard, nous demandâmes à la voir; mais le bibliothecaire nous dit qu'elle étoit dans le coffre à quatre clefs, clefs, & que le pere correcteur qui étoit en ville en avoit une. L'envie que nous avions de voir une bible écrite de la main de faint Bernard, nous Y. fit retourner le lendemain, & on nous l'apporta : mais à l'ouverture, je reconnus qu'elle avoit été écrite long temps aprés S. Bernard. Cependant nous preffames ces peres de nous dire quelles preuves ils avoient qu'elle fût dece Saint, & ils ne pûrent jamais nous en donner aucune. Enfin, un des plus anciens du couvent nous dit qu'elle n'étoit pas écrite, mais paraphée de la main de faint Bernard; ce qu'il difoit de quelques notes marginales, qui étoient encore plus recentes que le texte, qui n'avoit tout au plus que cinq cens ans. Mais pour nous dédommager de nos peines, ils nous firent voir une lettre de faint François de Paule, dont nous prîmes une copie que je veux rapporter icy.

JESUS MARIA.

A MONSEIGNEUR LE GENERAL DE PICARDIE, demeurant à Amiens.

Monseigneur le General, je me recommande à vous. Fay reçu vos lettres de frere Germain porteur de ceftes touchant le lieu d'Amiens. Auffi m'a dit de bouche le bon vouloir qu'avez à ceste pauvre religion, dont j'en remercie Dieu, luy priant que y perfiftiez toujours de mieux en micux. Je le vous recommande, & aussi fon compagnon. Se fera une fontaine vive, duquel fera perpetuelle memoire jusques au jour du jugement. Gardez toujours

Tonnerre,

beau celui de Robert de Tanlai, & on nous affura qu'autrefois celui de fa femme étoit dans l'églife, & qu'on y lifoit cette épitaphe: Cy gift dame Agnés de Saintyon, jadis dame de Tanlai, laquelle trefpiffa le famedi veille de faint Pierre entrant aoust, l'an de grace M. CCXVI. l'ame de laquelle repofe ex paix. Priez Dieu pour elle.

Les religieux nous dirent aufi qu'il n'y a pas long-temps qu'on voyoit devant le grand autel les fepulcres de Guillau me de Tanlai, d'Adeline fa femme & de Jean leur fils. Ce Guillaume étoit fils de Pierre de Courteney, qui avoit pour pere Louis le Gros roy de France. Mais tous les plus grands monumens font fujets en ce monde à la viciffitude des temps. On voit encore dans le cloître plufieurs tombeaux, mais fans inscription. On croit qu'ils font des meffieurs de Tanlai, de Vergy & de Noyers, ce qu'on conjecture par leurs écuffons. Entre les reliques qui ont échapé à la fureur des heretiques, on nous montra un bras de faint Bafile le Grand, fur lequel on voit encore fa peau, relique digne d'un autre reli. quaire que celui dans lequel on le conferve. Nous vifitâmes enfuite le chartrier & les manufcrits, dent il y a encore un affez bon nombre qui font fort beaux. La plupart font des ouvrages des Peres, de faint Ambroife, faint Augustin, faint Jerôme, faint Gregoire, faint Bernard, Bede. On y voit auffi les lettres d'Hildebert, la vie de faint Bernard écrite par Guil laume abbé de faint Thierry, qui eft fuivie d'une hiftoire des Albigeois, dont le commencement eft femblable à celuy de l'abbé de Vaux de Sernai, mais la fin eft differente.

En fortant de Quincy nous allâmes aux abbayes de la Charité, de Molofme, & de faint Michel de Tonnerre. Cellecy eft petite,mais fort jolie. Etienne de Nicey qui en a été le dernier abbé regulier fit rebâtir l'églife, le cloître, le chapitre, qui font fort propres ; il fit auffi écrire des cartulaires, tirer des reconnoiffances des biens du monaftere, & il peut paffer pour un des meilleurs abbez qui l'ont gouverné. On y conferve les reliques de faint Thierry évêque d'Or. leans, qui y font en grande veneration. Quoyqu'il y ait des paroiffes dans la ville & une collegiale de 18 chanoines & trois dignitez, fçavoir prevost, chantre, & treforier ; cependant toute la ville fe fait enterrer à faint Michel, c'est le nom du monaftere.

Comme on nous avoit averti que les peres Minimes avoient

beaucoup de manufcrits, qui leur avoient été donnés par un comte de Tonnerre, qui avoit fondé & bâti leur convent des propres materiaux de fon château, qu'il fit démolir pour cet effet, nous eûmes la curiofité de les voir. Nous en trou. vâmes effectivement plufieurs, la plûpart font des auteurs profanes, & même des romans affez recens, & plus confiderables par les belles relieures & les mignatures, que par leur matiere. On nous avoit affuré qu'il y avoit une bible é crite de la main de faint Bernard, nous demandâmes à la voir; mais le bibliothecaire nous dit qu'elle étoit dans le coffre à quatre clefs, & que le pere correcteur qui étoit en ville en avoit une. L'envie que nous avions de voir une bible écrite de la main de faint Bernard, nous y fit retourner le lendemain, & on nous l'apporta: mais à l'ouverture, je reconnus qu'elle avoit été écrite long temps aprés S. Bernard. Cependant nous preffames ces peres de nous dire quelles preuves ils avoient qu'elle fût dece Saint, & ils ne pûrent jamais nous en donner aucune. Enfin, un des plus anciens du couvent nous dit qu'elle n'étoit pas écrite, mais paraphée de la main de faint Bernard; ce qu'il difoit de quelques notes marginales, qui étoient encore plus recentes que le texte, qui n'avoit tout au plus que cinq cens ans. Mais pour nous dédommager de nos peines, ils nous firent voir une lettre de faint François de Paule, dont nous prîmes une copie que je veux rapporter icy.

JESUS MARIA.

A MONSEIGNEUR LE GENERAL DE PICARDIE, demeurant à Amiens.

Monseigneur le General, je me recommande à vous. Jay reçu vos lettres de frere Germain porteur de ceftes touchant le lieu d'Amiens. Auffi m'a dit de bouche le bon vouloir qu'avez à cefte pauvre religion, dont j'en remercie Dieu, luy priant que y perfi. ftiez toujours de mieux en mieux. Je le vous recommande, & auffi fon compagnon. Se fera une fontaine vive, duquel fera perpetuelle memoire jufques au jour du jugement. Gardez toujours

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