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d'Angoulême feroit investi à ces trois conditions; & que nonobftant cela, ce prince dans le même temps qu'il attendoit cette inveftiture, avoit ufurpé les états du duc de Savoye feudataire de l'empire. L'empereur ajoûta que malgré cette conduite fi peu raifonnable, il vouloit bien lui offrir encore ce duché,fuppofé qu'en le donnant on établît une paix folide & durable dans la chretienté, ce qui ne pouvoit arriver fi le duc d'Orleans en étoit invefti,à caufe des prétentions deCatherine de Medicis fa femme, fur les duchez de Florence & d'Urbin; parce que toutes les rénonciations qu'il y pourroit faire,ne feroient pas meilleures que celles que le roi fon predeceffeur avoit faites du duché de Bourgogne, & qu'il avoit toutefois retenu.

AN.1536,

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XVII. Offres que

empereur fait au roi

de France. Paul Jove hift. l. 31.

Belcar, at

L'empereur conclut en difant qu'il offroit de trois chofes l'une au roi de France en prefence de toute l'assemblée,ou le duché de Milan pour fon troifiéme fils, à l'exclufion du duc d'Orleans, & à condition que François I. l'affureroit du nombre& de la qualité des forces, que lui empereur demandoit aller pour contre les Turcs ou les heretiques : ou un duel fupra par lequel ils vuideroient ensemble, & feul à feul toutes leurs querelles, afin d'épargner le fang de leurs fujets, & que ce duel fe feroit dans une isle, fur un pont, ou dans un bateau, l'épée, ou le poignard à la main, & en chemise si le roi de France le vouloit, pourvû qu'on mîten depôt d'un côté le duché de Milan,de l'autre le duché de Bourgogne au profit du vainqueur,& que les troupes des deux couronnes s'uniffent enfuite, pour rendre l'églife Romaine maîtreffe des heretiques, & la mettre en état de ne pas craindre le Turc. La troisiéme chofe que l'empereur offroit, étoit

AN.1536. guerre

XVIII.

difcours de

jetter

qu'en cas que le duel vînt à manquer, la
fe continueroit entre eux à toute ou-
trance, jufqu'à ce que l'un eût reduit l'autre
à l'état de fimple gentilhomme : il ajoûta que
tout lui promettoit la victoire, ayant de fon
côté la justice & la raifon,ses affaires en bon
état, une heureuse difpofition dans fes sujets,
du courage dans fes foldats, de l'experience
& de la valeur dans fes capitaines:au lieu que
les affaires de François 1. étoient ruinées, fes
fujets mal intentionnez, fes troupes très-peu
confiderables, & fes officiers fi peu capables
de commander, que fi les fiens n'étoient pas
plus habiles, il iroit la corde au cou fe
aux pieds du roi, pour tacher d'obtenir de
fa clemence mifericorde & pardon. En finif-
fant il s'étendit be aucoup fur les miferes que
cause la guerre, & protefta que quoiqu'il ne
fût pas accoutumé à propofer la paix à ses
ennemis, il feroit cependant très-content
qu'on cherchât des expediens pour la faire,
avec cette condition néanmoins, qu'avant
que d'entrer en negociation, le roi de Fran-
ce fût obligé de retirer toutes fes troupes
Piémont, & de la Savoye; & il pria le pape
d'examiner qui du roi ou de lui avoit raifon,
& de favorifer celui de qui la conduite seroit
plus fincere.

du

Paul III. qui avoit entendu patiemment Réponse l'empereur fans l'interrompre, répondit endu pape au fin qu'il loüoit les bonnes intentions de ce l'empereur prince pour la paix, & pour faire un bon acDu Bellay cord entre lui & le roi de France, & déclara 1. S.p.229. qu'afin de pouvoir être plus utile aux uns & 250. aux autres, il fe tiendroit dans une parfaite Raynald neutralité, & que fans donner le moindre ombrage, il feroit de fon côté tout fon poffible pour parvenir à une heureufe fin, priant

boc an 21.8.70

to.

l'empereur de vouloir bien embraffer ce parti, & d'être perfuadé que François I. de fon coté ne manqueroit pas de faire la même chose. Il defapprouva la propofition du duel, comme nullement convenable à la dignité des perfonnes, & pernicieufe à la republique chré

tienne.

AN.I536.

deurs de

Les ambaffadeurs de France ne furent pas XIX. fi moderez que le pape. Velli reprocha à l'em- Meconten pereur qu'il manquoit à fa parole, puifqu'il tement des lui avoit promis pofitivement de donner l'in- ambaffaveftiture de duché de Milan au duc d'Orleans, France. & affura que la paix dépendoit fi peu du roi Raynald de France fon maître, qu'il étoit prêt de la hoc an... figner fur le champ, & d'en reprefenter la ra

tification dan trois semaines, pourvû que l'empereur convint des mêmes conditions. qu'il lui avoit propofées. L'évêque de Mâcon dit à Charles V. que n'entendant pas affez bien l'Efpagnol pour comprendre tout ce qu'il avoit dit, il répondit feulement fur l'article de la paix,, que le roi fon maitre y étoit trèsdifpofé, & qu'il ne fouhaitoit rien d'avantage, pourvû qu'elle fe fit à des conditions juftes & raifonables. L'empereur les interrompit brufquement, en difant qu'il vouloit des effets & non pas des paroles, qu'il leur communiqueroit fon difcours, & fe retira. Le cardinal du Bellay qui étoit prefent, garda le filence, parce qu'il n'étoit dans le confiftoire qu'en qualité de cardinal, & qu'il n'étoit point chargé des affaires de France, mais il ne laiffa pas d'être fenfible à la maniere injuzieufe dont on venoit de traiter fon prince.

Le pape entra dans les reffentimens de ce prélat & des deux autres François, & leur dit à tous trois,que s'il avoit été informé de ce que l'empereur devoit dire, il l'auroit empê

XX.

preter fon

difcours à

ché, & les pria d'écrire en France d'une ma→ AN.1536. niere à ne point aigrir l'efprit du roi.Mais l'évêque de Mâcon, & Velli voulant que l'empereur s'expliquât avec eux fur plufieurs faits qu'il avoit avancez, prierent le pape de leur menager une audience de ce prince', afin d'en pouvoir mieux inftruire leur maître. Le pape L'empereur le leur promit & tint fa parole. Les ambaffaveut inter- deurs fupplierent Charles V. de leur dire, fi le duel dont il avoit parlé étoit un defi qu'il la fatisfac- eût fait au roi,s'il l'accufoit ferieufement d'ation du roi. voir manqué à sa parole, & de vouloir bien Paul Jove communiquer au pape les memoires touchant bift. 31. l'inveftiture du duché de Milan, afin que fa Du Bellay fainteté en fût le juge. Sur ces demandes 1.5 p.232. l'empereur, foit qu'il eût fait reflexion sur ce qu'il avoit dit de trop fort, foit que le pape lui eût reprefenté en particulier qu'il avoit offenfé un prince, qui fans doute en auroit du reffentiment, voulut modifier par une douce interpretation l'aigreur de fon difcours, & dit aux ambaffadeurs que comme il avoit parlé publiquement, il vouloit auffi que fa réponse fut publique. Ainfi tous ceux qui étoient dans la falle s'étant avancez, il dit: Que certaines perfonnes ayant mal interpreté fon difcours de la veille, comme fi fon deffein eut été d'offenfer le roi de France, & le provoquer à un duel, il vouloit bien s'expliquer plus clairement, & déclarer que fon intention n'avoit jamais été de blâmer ce prince, connoiffant fon mérite & fon grand cœur. Mais que ce qu'il avoit dit n'étoit que pour fe difculper lui-même. Que la propofition qu'il avoit faite d'un combat fingulier, n'étoit pas un défi qu'il eut voulu lui faire en prefence du pape, fans l'avis duquel il ne voudroit rien entreprendre mais feulement un expedient.

qu'il propofoit pour le bien de la chrétienté, & pour épargner le fang de tant de mil- AN. 1536. liers de perfonnes innocentes qu'une guerre très-fanglante feroit perir. Qu'il fçavoit bien que la nature avoit avantageufement partagé le roi de France, d'une grandeur de courage qui répondoit à fa force & à fon adreffe, & qu'en ayant fi fouvent donné des preuves en differentes occafions, lui empereur connoiffoit trop bien à quel danger il s'expoferoit dans une femblable occafion; enfuite il parla d'autres affaires, proteftant toujours qu'il fouhaitoit la paix avec François I. tant pour le bien de la chrétienté, qu'en confideration de leur alliance. Le pape parut fort content de cette déclaration : & Velli fupplia l'empereur de déclarer en presence de fa fainteté s'il n'étoit pas convenu avec lui d'investir le duc d'Orleans du duché de Milan, d'autant que l'aïant écrit au roi fon maître,il pourroit paffer pour un impofteur, fi fa majefté imperiale difoit à present le contraire.

XXI. L'ambaf

confirme fa

Charles V. fe trouvant embarraffé, voulut éluder cette demande; mais fe voyant de nouveau preffé par les inftances de l'ambaffadeur fadeur VelFrançois; il repondit qu'il étoit vrai qu'il li demande l'avoit dit, & qu'il l'avoit même fait dire au à l'emperoi, mais que c'étoit à des conditions qui ne reur qu'il feroient jamais accomplies. Velli aïant repli- parole. que que promettre avec des conditions impof- Du Bellay fibles, étoit détruire la promeffe même par 4.5.p. 234 une contradiction manifefte; l'empereur repar-fiv tit qu'il n'en feroit jamais rien fans le confentement de tous fes alliez, qui ne fe déclareroient jamais en faveur du duc d'Orleans, parce qu'il étoit trop proche de la couronne de France, & que les princes Italiens ne vou→ loient pas avoir pour voifin un prince f

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