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reveniren France pour avertir le roi de ce qui s'étoit paffé, & l'encourager à mettre toute la AN.1536. confiance dans le Dieu des armées, & dans fes troupes. Mais François I. étoit déja informé de tout, il affembla fon confeil, pour y déliberer fi l'on préviendroit l'ennemi, ou fi l'on attendroit que l'empereur commençât la guerre & fût l'aggreffeur. Ce dernier avis prévalut, & l'on prit la resolution de ne point

Commencer.

XXVI. Le pape

travaille en

vain à reconcilierles

hoc an.n.14

15. 160

Comme le pape defiroit ardemment de réconcilier ces deux princes, il depêcha les cardinaux Carpi & Trivulce, celui-ci vers le roi, & celui-là vers l'empereur, pour les exhorter à terminer leurs differends à l'amiable, deux moplûtôt que d'employer la voye des armes au narques grand fcandale de toute la chrétienté, au ha- Du Bellay fard de leurs perfonnes, à l'avantage des in- 4.5 p.254. fideles, & des heretiques, & à la ruine de Raynald leurs fujets. Ces exhortations déterminerent le roi de France, à donner ordre à l'amiral de ne rien entreprendre, de mettre feulement une forte garnison dans Turin, & dans Foffan ou Coni, à son choix, afin d'y retenir quelque-tems l'empereur, s'il s'y prefentoit, & de ramener le refte de fes troupes enDauphiné. Suivant cet ordre l'amiral laiffa dans Turin Annebaut en qualité de lieutenant de roi,avec fa compagnie d'hommes d'armes,& une forte garnifon, & établit pour gouverneur dans Foffan Antoine du Prat feigneur de Montpefat.

Mais le cardinal Carpi ne trouva pas autant de facilité auprès de Chrles V. qui avoit déja déclaréàl'ambaffadeur de France qu'il n'écouteroit aucunes propofitions, qu'on n'eut auparavant fait repaffer les Alpes à toutes les troupes Françoifes, & qu'on n'eut rétabli le Tome XXVIII.

B

duc de Savoye dans toutes les places qu'on AN.1536. lui avoit enlevées; & en même temps, il envoïa ordre à Antoine de Leve de paffer la Sefia; ce qu'il fit le huitiéme de Mai, & bientôt après, il se trouva maître de Foffan par la trahison du marquis de Saluces.

XXVII.

de Saluces.

Du Bellay,

liv 6 Paul Jove l. 31

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?

Ce marquis qui étoit Italien, avoit un proTrahifon cès pendant à la chambre imperiale pour le dumarquis marquifat de Monferrat qui lui étoit disputé Belar. in parle duc de Savoye, & par celui de Mantoué. comm. lib Antoine de Leve qui avoit beaucoup de crédit 21, n. 41 auprès de l'empereur, l'affura qu'il gagneroit &42 fon procès, s'il vouloit prendre le parti de P'empereur contre la France, & pour lui ôter toute défiance, il lui promit à cette condition fa fille en mariage. Le marquis promit tout, & fe fervit de l'autorité que le roi lui avoit confiée, pour favorifer les imperiaux. Comme il étoit chargée de faire fortifier Foffan au lieu de faire avancer le travail, il trouvoit tous les jours quelque moïen pour ne rien conclure il fit fecrettement déferter tous les pionniers, il détourna les vivres, les poudres & le canon. Montpefat qui commandoit dans Foffan, quelque foible qu'il fut, fit d'abord une fortie, Les gens gagnerent les tranchées des ennemis, en tuerent grand nombre, & les mirent toutà fait en déroute. Le lendemain ils en firent une autre aufli vigoureufe, où de Leve fut obligé de prendre la fuite. Mais comme il étoit porté dans une chaife, parce qu'il avoit la goutte, fes porteurs craignans d'être pris euxmêmes le jetterent dans un champ de bled & s'enfuirent. Malgré cet avantage les affiegez manquant de vivres, & fe voyans abandonnez par le marquis de Saluces qui venoit de fe retirer dans fon château de Ravel, en

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ou

voïerent à de Leve, la Roche-du-Maine pour capituler. De Leve permit aux affiegez de de- AN. 1536. meurer encore dans la place un mois, au bout XXVIII duquel ils la rendroient, Prife de s'ils n'étoient pas Foffan par fecourus, & en fortiroient avec leurs armes, les troupes enseignes déploïéés, & tout leur équipage Imperiales. de guerre, en laiffant feulement l'artillerie, Belcar. us les munitions, & les chevaux qui feroient plus Supra l. 214 hauts de fix paumes & quatre doigts. Il leur "43 fut auffi permis d'acheter des vivres autant 1.6.p.275. Du Bellay qu'ils en auroient befoin, & de faire paffer 280.&fui dans la ville l'argent que le roi leur envoyeroit, mais ce secours n'étant point venu, les affiegez remirent la place entre les mains d'Antoine de Leve dans le mois de Juillet; & auffi-tôt Monpefat fit partir Martin du Bellay pour aller rendre compte au roi de tout ce qui s'étoit paflé.

ce.

XXIX.

L'empereur voyant que les troupes avoient été fi longtemps à prendre une place auffi peu Entrée de confidérable que Foffan ne voulut pas pour- l'empereur fuivre le fiége de Turin qui étoit une ville for- en Proventifiée, & trés-bien pourvûë de foldats & de Du Bellay. munitions, & alla droit en Provence, dont 17. p 295. il vouloit fe rendre maître. Il fe faifit d'a- & 334. bord d'Antibes, d'où il s'avança jufqu'à Frejus, & ayant laiffé cete ville à fa gauche, il fe rendit à Aix, trouvant par tout le pays abandonné,parce que François I. avoit donné de fi bons ordres pour ôter à l'ennemi les moyens de fubfifter, qu'il avoit fait faire le dégât par tout. On admira dans cette occafion le zélé des Provençaux pour le roi & pour leur patrie, car ils brûlerent eux-mêmes le foin & la paille fans attendre l'ordre des officiers pour empêcher que les ennemis ne s'en prévaluffent.Auffi le roi content deleur zéle les déchargea de toutes fortes d'impôts, & de tailles

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XXX.

Mort du dauphin de

pendant dix ans. Ce prince enfuite divifa fes AN.1536 troupes en deux corps, dont le premier fe campa fous Avignon, près de Cavaillon entre le Rhône & la Durance dans une large prairie, fous le commandement du maréchal de Montmorenci. Le roi avec l'autre corps d'armée fe pofta à Valence pour foutenir le premier, s'il étoit néceffaire. Pendant que ce prince étoit à Valence, il lui vint un fecours de douze mille Suiffes qui anima beaucoup le cœur des François, & embaraffa extrêmement les Imperiaux. Mais pendant que le roi congratuloit les Suiffes fur leur zéle pour fes interêts, il reçut la nouvelle affligeante de la maladie du dauphin fon fils aîné, & prefque auffi-tôt il apprit fa mort arrivée à Tournon le douzième du mois d'Août. Ce prinçe n'avoit que dix-huit ans & fix mois, ce fut le cardinal de Lorraine qui porta cette triste noųvelle au joi, les autres feigneurs n'ayant pas voulu s'en charger. Dès que ce cardinal eût abordé François I. ce prince lui demanda auffi-tôt des nouvelles de la fanté de fon fils. Le cardinal lui avant répondu en begaïant & d'une voix chancelante, qu'il venoit d'apprendre que fa maladie étoit très dangereufe, & qu'elle augmentoit toujours : J'entends ce langage, dit le roi, mon fils eft mort, vous n'olez pas franchir le mot. Le cardinal ayant jetté un profond foupir fans parler, le roi fe retira feul auprès d'une fenêtre, où en foupirant & levant les mains vers le ciel. "Mon " Dieu, dit-il, je fçai qu'il eft jufte que je fup- " porte patiemment tout ce qui vient de vôtre " main toute-puiffante: mais de qui dois-je at tendre que de vous-même la conftance, &" un courage aflez ferme pour ne pas fuccomcer à des coups rudes; déja, mon Dieu, voys

France. Du Bellay. 1.7 p 324. Belar. in comm l. 21.

37:52.

Ferron in Franc I.

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¿, m'avez affligé en fufcitant contre moi tant d'ennemis qui décrient ma réputation, & AN. 1536 maintenant pour comble de malheurs, il vous a plû d'y ajouter la mort de mon fils. Que vous refte-t'il à faire ? finon que vous m'anéantiffiez devant les hommes ; & fi ,, vous avez réfolu de le faire, instruisez-moi du moins, & faites-moi connoître votre volonté, afin que je n'y réfifte & pas, ,, que je me fortifie dans la patience, vous qui êtes affez puiffant pour tirer la force de la foiblefle même." On foupçonna que le dauphin avoit été empoisonné, & l'on arrêta le comte Sebaftien Montecuculli son échanson, qui avoua une action fi déteftable, & dit, qu'il y avoit été follicité par Antoine de Leve & François de Gonfague generaux de l'armée de l'empereur. Montecuculli fut tiré à quatre chevaux dans la ville de Lion le feptiéme d'Octobre, & ceux qu'il avoit accuseż, niétent hautement d'avoir eu part à une fi noire perfidie. Le pape honora la mémoire du dauphin, & lui fit faire un fervice folemnel à Rome, tel qu'on en fait pour les cardinaux. Et dès le lendemain que le roi eût appris la nouvelle de fa mort, il fit appeller Henri duc XXXI. d'Orleans fon fecond fils, qu'il qualifia de Henri due titre de dauphin, donnant celui de duc d'Or léans à Charles fon autre frere, qu'on nom- dauphin. moit auparavant duc d'Angoulême. Le roi Du Bellag en préfence de toute fa cour exhorta Henri ut fup. p. à imiter celui auquel il fuccedoit, & même s'il 326. étoit poffible,à le furpaffer en vertu&en mérite & à fe rendre fi parfait,que ceux qui aujour d'hui regrettoient la perte du premier, trouvaffent dans le fecond dequoi s'en dédomager,

d'Orleans

dev'ent

XXXII.

L'empereur

s'avance

Comme l'empereur voyoit fon armée ferrée de près & fort maltraitée par les païsans vers Aix.

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