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ftitution de Jefus-Chrift font gardées 60. Que néanmoins ils le prenoient pour leur jugement, comme dit le même faint Paul,parce qu'ils abusent du facrement en le recevant fans pénitence & fans foi. On remarque que dans cette formule il n'eft point fait mention de reception orale du corps de Jesus-Chrift, & que les Sacramentaires qui croïoient que le corps de Jefus-Chrift n'étoit prefent que par la for, avoient toutefois que ceux qui n'ont pas la foi, ne laiffent pas de recevoir veritablement le corps de notre Seigneur.

AN.1536.

IV.

dans la

Hift. des Variat 10.1 liv. 4.

Après cet aveu des Sacramentaires, Luther fe perfuada qu'il n'avoit plus rien à en exiger, La formule & il crut qu'ils avoient dit tout ce qu'il fal- d'union eft loit pour confeffer la réalité. Cette formule approuvée fur fignée par les miniftres des villes de la hau- haute Alte Allemagne,ils confererent enfuite le vingt- le magne. cinquiéme de Mai avec Pomeranus fur les rites de la meffe, les habits facerdotaux, les images, les lampes, l'élevation & l'adoration du faint facrement qui étoient encore en ufage en Saxe. Pomeranus dit que Luther penfoit que ces chofes étoient contre l'ordre, qu'on ne les avoit confervées qu'à caufe des foibles, & qu'il fongeoit à les abolir. Le vingtfeptiéme du même mois Bucer& Capiton prefenterent à Luther la confeffion de foi des églifes Suiffes, afin qu'il l'examinât. Il y trouva quelques termes qui pouvoient, difoit-il, bleffer les fimples. Cependant il dit qu'il les reconnoîtroit pour fes freres, s'ils vouloient figner la formule d'union qu'on venoit de dreffer. C'est ce qui obligea Bucer de retourner à Strasbourg où il gagna les miniftres de cette ville; mais il n'eut pas le même fuccès en Suiffe, où il envoya la formule d'union: elle y fut jugée obscure, ambiguë, captieuse,

V.

cette for

nion.

& on refufa de la foufcrire : en forte qu'il fut AN.1536. obligé de fe rendre avec Capiton à Bâle, où les cantons tenoient encore une affemblée dans le mois de Septembre. Il y reprefenta que Luther n'avoit point defapprouvé la conLes Suifles feffion des Suiffes; mais qu'on avoit trouvé rejettent à propos de & d'autre, de dreffer une part mule d'u. formule d'union dont la doctrine n'étoit pas differente de celle de leur confession de foi; ce qu'il s'efforça de montrer par plufieurs raifons, en les exhortant de la figner. Mais tout ce qu'il put dire ne fit pas changer de fentiment aux Suiffes: bien plus, dans la déclaration qu'ils donnerent des fentimens de leurs églifes, qui eft affez longue, les articles de la formule d'union fur la céne font expliquez d'une maniere entierement favorable au fentiment de Zuingle, & oppofée à la prefence réelle. Elle fut dreffée dans le fynode de Zurich tenu au mois d'Octobre,& approuvée dans une autre affemblée à Bâle dans le mois de Novembre, d'où on l'envoya à Luther, qui differa d'y repondre jusqu'à l'année fuivante parce qu'il tomba malade.

VI.

ger à Rome

lib. 3. cap

19. 8. 1.

Le nonce Verger étoit retourné à Rome Retour du dès le commencement de cette année,& avoit nonce Ver- rapporté au pape, que les Proteftans ne recePallav hift. vroient jamais aucun concile à moins qu'il conc. Trid. ne fût libre, & tenu dans quelque lieu commode de l'empire, comme Charles V.le leur avoit toûjours promis, qu'il n'y avoit plus rien à efperer de Luther, ni de fes compagnons, & qu'il ne falloit plus penfer qu'à reduire ces fectaires par la voye des armes. Le pape le recompenfa de l'évêché de Capod'Iftria fa patrie, & l'envoya auffi-tôt après à Naples, où l'empereur étoit encore pour regler les affaires de ce royaume, afin que ce

prince apprît par lui la difpofition des Proteftans d'Allemagne, & l'état où étoient les AN.1536. chofes. Ce rapport lui fit prendre le parti d'aller lui-même à Rome pour en conferer avec le pape; & pour s'y rendre plûtôt il fit celebrer le mariage de fa fille naturelle Marguerite avec le prince de Florence Alexandre de Medicis, auquel elle avoit été promise dans le traité que Charles V. avoit fait avec le pape Clement VII. Les deux époux se rendirent donc à Naples; Alexandre étoit acMariage compagné de toute la nobleffe de Tofcane, d'Alexan& la princeffe y fut conduite par la ducheffe dre de Med'Arfchot & d'autres. Le mariage fut celebré dicis avec dans le château de Capcana fur la fin du mois Marguerite de Janvier. Les nôces durerent quatre jours relle de avec des fêtes & des rejoüiffances magnifi- l'emp. reur. ques. L'âge difproportionné des époux fut

le fujet des railleries des François, Alexandre ayant plus de cinquante ans, & la princeffe Marguerite étant à peine entrée dans fa trei

ziéme année.

VII.

fille natu

Du Bellay

L'empereur demeura plus de quatre mois à VIII. Naples, & en partit enfin le vingt-neuvié- L'empereur me de Mars: il prit la route de Rome, & fut part de Naples & ar. accompagné une demi journée par un corps rive à Rode cavalerie compofé de plus de cinq cens me.. nobles, barons & magiftrats, & de deux Heiff hifi. cardinaux légats du pape. Sur les frontieres de l'empire de l'état ecclefiaftique il fut reçu par deux 2.3.p.365. autres cardinaux envoyez à ce fujet par Paul I I I. avec un grand nombre de prélats. Etant près de Rome tout le facré college vint au-devant de lui hors des portes de la ville, outre que Virginio des Urfins, qui l'avoit accompagné en Afrique, étoit déja auparavant allé au-devant de lui, de la part de la ville, à la tête de trois cens perfonnes à cheval:

1. s. p. 119.

depuis plufieurs fiecles, Rome n'avoit vu une AN.1536. entrée plus fuperbe. On employa trois mois entiers à en faire les préparatifs, & on alla jufqu'à demolir le temple de la paix qui étoit un édifice très-ancien, pour élargir une rue par laquelle l'empereur devoit paffer. Mais le pape fit reparer cet édifice après cette ceremonie, ce qui coûta des fommes immenses, qui ne fervirent qu'à charger le peuple.

1X.

Le matin du cinquiéme d'Avril, Charles V. Son entrée fit fon entrée dans Rome à cheval, au milieu dans Rome. de deux cardinaux, & le doyen à la droite,& Farnese neveu du pape à la gauche, fous un dais de damas blanc à fond d'or fuperbement orné, & porté par des fenateurs & des principaux de la ville. Tous les cardinaux fuivoient deux à deux, avec les autres prélats, archevêques & évêques, tous montez fur des mules; toutes les rues étoient tapiffées, & toute la bourgeoifie fous les armes étoit rangée en haye des deux côtez. Au milieu de cette fuperbe pompe, l'empereur fe rendit à l'églife de faint Pierre, ou le pape au milieu de quatre cardinaux étoit affis fur fon trône; & à la porte de cette église au bas de l'escalier, il fut reçu par les chanoines. S'étant avancé jufques devant le grand autel, il fe mit à genoux & fit une courte priere, aprés laquelle il alla devant le trône du pape, aux pieds duquel il y avoit un carreau, & le faint pere tenoit fur trois autres fon pied droit que l'empereur baifa. Cette ceremonie étant finie, Paul III. embraffa Charles V. jufqu'à trois fois, & fe retira le premier au Vatican, après avoir quitté fes habits pontificaux. L'empereur de fon côté étant paffé dans la facriftie, alla occuper l'appartement qui lui avoit été marqué dans le Vatican, du côté qui regar

&

de la place de faint Pierre, où Charlès VIII. avoit auffi autrefois logé en allant à Naples. AN. 1536. Comme on pouvoit aller de l'appartement du pape à celui de l'empereur fans monter, fans defcendre,parce qu'ils étoient de plainpied, l'an & l'autre fe virent fouvent durant les treize jours que Charles fut à Rome, fans même que les courtisans s'en apperçuffent.

X.

Bofius de Cefena apud Victo

rel in notis ad Ciacon.

Le féjour qu'il fit dans cette grande ville Liberalitez fut accompagné de beaucoup de liberalitez de l'empe& d'actions très genereufes. Car outre trois reur étant cens chaînes d'or, & fept cens medailles du à Rome. même metal, qu'il diftribua aux prélats & aux principaux habitans, les cardinaux reçurent auffi plufieurs curiofitez très-pretieufes qu'il avoit apportées d'Afrique. Il n'y eut point d'églife à qui il ne fit des prefens trèsconfiderables, foit en or, ou en argent, ou en ornemens facrez. Il mit en dépôt l'argent neceffaire pour marier vingt-quatre pauvres filles, dont douze devoient avoir trois cens écus chacune, & les douze autres deux cens ; & il chargea cinq gentilshommes & autant de dames, de les choifir par fort parmi cent qu'on nommeroit d'abord, & qui fe deftinoient au mariage. Il fit diftribuer de trèsgrandes aumônes dans chaque quartier pendant tout le temps qu'il fejourna à Rome, excepté le premier & le dernier jour. Il annoblit plufieurs familles, & accorda aux marchands plufieurs droits & privileges confiderables, afin de pouvoir trafiquer plus avantageufement avec les fujets de fes états.

Dans les conferences particulieres qu'il eut XI. avec le pape, on parla très-fecretement des Sujet des affaires d'Italie, & tous deux confulterent conférences enfemble fur les moyens de pacifier l'Alle- entre le pamagne. Paul III. difoit qu'il n'en reftoit pe & l'em..

pereur.

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