Imágenes de páginas
PDF
EPUB

le fujet de vos douleurs, ô JESUS fouffrant ! qu'il dit cette parole; & c'eft comme l'exorde dont il fe fert

pour commencer enfuite non tant la prédiction, que le narré de vos fouffrances, & l'hiftoire terrible de votre mort.

Auffi eft-ce, autant que je le puis concevoir, le plus grand & le plus profond des deffeins de Dieu fur vous, mon Sauveur; car celui qui eft admirable en fes penfées fur les enfans des hommes & particulierement fur fes Saints, s'eft montré encore bien plus admirable dans fa conduite fur vous, qui portez la qualité de Fils de l'Homme, & de Saint des Saints. Dieu fe peint toujours lui-même, pour ainfi dire, dans fes créatures, toutes fes œuvres portant le caractere & les traits de fes perfections divines; mais vous, ô JEsus! qui êtes fon chef-d'œuvre,

vous êtes auffi fa plus noble & fa plus vive image, & il fe représente en vous d'une maniere incomparablement plus claire & plus digne de vous. Comme donc il y a en Dieu unité de nature & Trinité des personnes, il femble avoir voulu marquer & honorer l'une & l'autre en votre perfonne divine, en accomplissant dans l'unité de cette perfonne une Trinité de myfteres d'une dignité infinie, & qui font l'effet de trois différen confeils de la Trinité fainte fur le falut du monde. Ces mysteres font votre Incarnation, votre Enfance, & votre Croix. Trinité de confeils remarquable, puifque ces myfteres pouvoient être l'un fans l'autre, & que vous pouviez vous faire homme fans être enfant, ou être homme & enfant fans vous rendre homme de douleurs, & une victime destinée à la mort.

Mais dans cette Trinité des deffeins de Dieu, le dernier me paroît le plus admirable. Il eft vrai que par le premier vous abaiffez, ô JESUS! votre divinité, en la couvrant du voile d'une chair mortelle ; & que par le fecond, vous cachez votre puiffance & votre fageffe dans la foibleffe véritable de l'enfance; mais par le troifiéme, vous abaiffez votre divinité, & votre humanité tout enfemble: vous cachez votre puiffance & votre fageffe, & généralement toutes vos grandeurs ado. rables; pour ne faire paroître & éclater que votre bonté & votre miféricorde. Avec quel étonnement donc ne dois-je pas m'écrier vers vous, en vous confidérant dans ces opprobres & dans ces douleurs: Pretiofa fuit anima I. mea in oculis tuis hodie. O JESUS! des Rois 20. 21. vous me faites bien connoître au

jourd'hui

que mon ame vous eft chere & précieuse, puisque nonfeulement vous Vous êtes fait homme & enfant pour elle; mais que vous avez encore voulu fouffrir & mourir pour opérer fon falut. Et ce que cette ame miférable Vous coûte d'opprobres & de fouffrances, fait voir que vous avez pour elle plus d'application & plus d'eftime que pour le monde entier qui ne vous a jamais coûté qu'une feule parole.

J'avois déja bien compris en quelque maniere par l'hiftoire de la création du monde, la bonté particuliere que vous aviez pour cette ame: & en vous confidérant appliqué à former l'homme, je concevois bien qu'il vous étoit plus cher que tout le refte des créatures, car vous les avez créées toutes par une feule parole; au lieu que quand vous venez à for

mer l'homme, vous y employez votre parole & vos mains & votre fouffle. Et il me femble appercevoir en cela quelque chofe de ce que vous vouliez faire un jour pour lui, en prenant fa nature, afin de lui enfeigner de votre propre bouche les voyes du Ciel; employant vos mains & vos membres à l'œuvre de fon falut, & faifant comme paffer votre Efprit de votre fein dans fon cœur, lorfque vous expirâtes fur la Croix. Mais ce que j'entrevoyois feulement dans ces ombres & dans ces figures, je le voi maintenant à découvert, & l'accompliffement de ce deffein incompréhenfible & adorable de votre fagffe, me fait connoître clairement l'excès de votre charité pour moi,

« AnteriorContinuar »