ble que vous n'entendiez pas la voix de fa douleur. Lorsqu'il vous a prié pour les autres, vous l'avez exaucé; & à préfent qu'il vous prie pour lui-même, vous n'avez point d'oreilles pour l'écouter. Il vous rendoit graces autrefois de ce que vous l'écoutiez toujours dans fes demandes : Mon Pere, je vous rends graces de ce que vous m'avez exaucé pour moi je fçai bien que vous m'exaucez toujours i & maintenant qu'il vous fait une demande fi importante, vous ne l'écoutez pas.

Mais trouvez bon, ô JESUS! que je vous demande encore une fois en efprit d'humilité & de piété, d'où vient, mon Sauveur, que vous entrez dans une appré henfion fi grande & fi vive, & que vous demandez avec tant d'ardeur que Dieu éloigne de vous la Paffion que vous avez

toujours défirée. Si je comprens bien vos myftéres & vos penfées, il me femble que vous vous regardez comme chargé de tous les péchez du monde, & que vous envifagez la juftice de Dieu, qui eft fur le point de fondre fur vous, pour les punir en votre Perfonne, & j'avoue qu'il n'y a rien qui me faffe mieux comprendre cette parole de votre Apôtre, Aux Ceft une chofe terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ; que la peine & la trifteffe où je vous vois réduit, lorfque vous confidérez que bien-tôt vous devez tomber entre les mains de ce

Heb. 10.

31.

lui qui ne vous traitera pas comme un Pere plein de douceur, mais comme un Dieu vivant, comme un Dieu vengeur, comme un Dieu irrité, & qui veut épuifer fur vous tous les traits de fa colere & de fa fureur pour punir &

détruire le péché dont vous vous êtes chargé.

C'eft donc dans la vûë de fa juf tice & de fa colere, dont tous les flots font prêts de tomber fur vous, que vous lui dites: Que ce Calice s'éloigne de moi. Votre demande pourtant n'eft pas abfolue; car par la charité que vous avez pour moi, vous y ajoûtez auffi-tôt cette condition: Mais néanmoins, Matth. que votre volonté s'accompliffe, & 26. 39. non pas la mienne. Parole grande! Parole adorable! Parole de falut! Elle renferme en effet le falut du monde; car c'est cette volonté de * Dieu votre Pere qui nous a fanctifiez par l'oblation de votre Corpss & c'eft le feul défir que vous avez de faire cette volonté fainte qu'il confidere maintenant en vous. I n'écoute point la premiere partie de votre priere qui regarde vos intérêts ; & il ne vous a exaucé

Heb.

10. 10.

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que dans la derniere qui regarde les intérêts de mon falut. Ainfi il vous oublie en quelque façon pour fe fouvenir de moi, & il vous trai te felon fa juftice, pour exercer fur moi fes miféricordes.

que

Il me femble, ô mon Sauveur ! que dans la vûë de cette conduite de Dieu fur vous, toute créature devroit s'oublier elle-même pour vous, & prier le Pere qu'il penfe à vous, qui êtes fon Fils bien aimé, plutôt qu'à nous qui ne fommes que de miférables efclaves, & des efclaves du péché; mais puifque vous dites fi courageufement cette parole: Que votre volonté s'accompliffe, & que par cette parole yous vous abandonnez à toutes les rigueurs de fa juftice; il faut que nous confentions tous à une réfigoation & à une foumiffion fi parfaite, & que nous ne nous oppofions point à l'exécution de la volonté

volonté de Dieu fur vous, & à l'honneur qu'il veut fe faire rendre par le facrifice de votre mort.

Tout ce que je puis donc faire, ô mon Rédempteur ! pour vous honorer & vous imiter, c'eft de vous dire auffi pour tout ce qui me regarde: Fiat voluntas tua: Que toutes vos volontez foient accomplies en moi. Et je defire en effet m'abandonner entre les mainsd'un Dieu fouffrant, qui pour l'amour de moi s'eft jetté entre les mains d'un Dieu vivant, & exécutant fur lui l'Arrêt éternel de fa juftice.

V. JESUS confolé par un Ange.

Ermettez-moi néanmoins, ô

Pmon Dieu! de dire pour vous ⚫ encore une parole, & de fupplier le Pere Eternel: Qu'ils vous envoye fon fecours de fon fanctuaire, & qu'il vous donne quelque confola

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