été conduites autrefois au Temple, pour y être offertes en facrifice. Vous êtes feul & abandonné même de vos Difciples, pour nous montrer que vous êtes la feule victime véritable, capable feule d'effacer les péchez du monde. Vous étes accablé d'outrages, parce que vous êtes chargé de nos péchez que vous portez fur vous à la Croix, pour les y faire mourir avec vous; & ces inftrumens de juftice & de mort, au milieu defquels vous marchez, nous apprennent que vous allez fouffir la mort que nous méritons; que Dieu vous frappe au lieu de Bous punir, & que vous allez confemmer l'ouvrage de notre réconciliation avec votre Pere, en recevant fur vous tous les traits de La jufte fureur.

X. Entrée de JESUS dans Jérufalem.

V

Ous entrez donc ainfi dans Jérufalem, il est bien vraifemblable que vous y entrez par la porte par où on avoit coutume de faire entrer les brebis que l'on devoit préfenter aux Prêtres pour être facrifiées ; car tout ce qui regardoit les facrifices figuratifs, doit trouver fa vérité en vous. Comme une brebis qui doit être immolée, vous êtes conduit au grand Prêtre au travers des ruës de cette grande Ville, avec une fatigue caufée à la vérité par la haine de vos ennemis, & par l'empreffement qu'ils ont de vous faire mourir; mais plus encore par l'ardeur de votre charité, & par l'empreffement que vous avez de confommer votre facrifice. J'honore ces pas facrez, je révere cet empreffement

empreffement de votre cœur, & je me jette à ces pieds divins, laffez & fatiguez pour l'amour de moi. Car je n'ai pas de peine à comprendre que vous portez cette fouffrance particuliére dans ces pieds ado-rables, pour expier le mauvais ufage que j'ai fait de mes pieds en tant de maniéres ; que vous voulez par-là fatisfaire à la juftice de votre Pere pour tant de démarches profanes, vaines, inutiles & criminelles, par lefquelles les Chrétiens deshonorent fon nom dans: les Bals, dans les Danfes, dans les Comédies, & dans toutes les autres Affemblées du monde ; & que vous voulez enfin par-là ramener dans les fentiers de la juf tice les pécheurs qui s'en font égarez; & qui fe fatiguent dans le chemin large de l'iniquité. Grand Dieu! c'eft peut-être moi plus que pas un autre, qui vous ai

s'il

deshonoré en marchant dans ces voyes de perdition, ou qui étois difpofé à fe faire, par la corrup tion de mon cœur, fi votre grace ne m'eût prévenu par une miféricorde finguliére. Recevez vous plaît, cette fatisfaction que votre Fils vous offre pour moi, & que je vous offre de nouveau avec lui & par lui ; & faites-moi la grace, par le mérite de cette fatigue qu'il a foufferte, de me faire entrer & me faire marcher avec courage & avec perfévérance dans la fainteté de vos voyés : & de me tenir toujours par votre main toute-puiffante dans les chemins fi gliffans & fi dangereux de cette vie.

XI. JESUS présenté à Anne & à Caïphe; il reçoit un foufflet.

A

PRE's qu'on vous a fait comparoître devant Anne, beau-pere de Caïphe, on vous conduit chez Caiphe même, qui étoit alors grand Prêtre ; & vous n'y êtes pas plutôt arrivé, que l'on commence d'y inftruire votre procès, quoique ce fût la nuit, & qu'il ne fût permis de rien faire de femblable que durant le jour, Mais comme il n'y a point de loix ni de coutume que les pécheurs ne violent ordinairement pour s'élever & pour acquérir de la gloire, il n'y en a point auffi qu'ils ne renverfent & ne foulent aux pieds pour vous humilier, ô JESUS! & pour avancer le tems de votre mort.

C'est une grande humiliation