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L'ouragan qui s'éleva à la Havanne, dans l'Ile de Čuba, eft encore un des plus terribles qu'on ait éprouvé. Quatre mille quarante-huit maifons, & quatre-vingt édifices principaux furent ruinés. Celui qui arriva à Paris en 1515, renverfa auffi plufieurs bâtimens. Enfin l'ouragan de 1599, près de Bordeaux, déracina plufieurs grands arbres, dont il tranfporta quelques uns à cinq cents pas du lieu où ils étoient plantés; abattit plufieurs clochers, quantité de toîts de maifons, & emporta à plus de foixante des perfonnes à cheval.

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Lorfque les vents brifent les nuages, qu'ils leur donnent un mouvement précipité, trèsactif, c'eft ce qui forme les Tempêtes: on doit cette obfervation à Sénèque. Les Anciens en diftinguoient de trois fortes. La première est celle qui lance avec roideur & qui fracaffe tout ce qu'elle rencontre, & qu'ils appeloient Ecnéphie. La feconde, nommée par eux Typhon, forme un tourbillon d'air & d'eau, lequel tombe en forme de corne, pirouettant, brisant tout ce qu'il rencontre, enlevant même des arbres & des vaiffeaux, qu'il fait tournoyer comme l'eau qui tombe dans un gouffre. Enfin ils nommoient Prefter la troisième tempête, qui, à l'impétuofité des eaux, réunit des feux, & par fon mouvement en excite un dans l'eau, & fubmerge les vaiffeaux. Aujourd'hui, fous le nom de Prefter, on défigne un vent impétueux, qui porte avec lui la foudre & le feu, lefquels le produifent & l'accompagnent.

y a d'autres tempêtes plus violentes, & qui caufent par conféquent de plus grands ra

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vages: celles qu'on éprouve fur les eaux font fur-tout terribles. La mer en eft fi agitée, qu'elle jette avec violence les plus gros poiffons contre les rochers, où ils périffent. Les vaiffeaux font lancés non-feulement en terre ferme, mais encore fur la pointe des rochers: enfin la mer monte alors jufqu'à une lieue de distance de fes bords ordinaires.

Ces grandes tempêtes font toujours terminées par des pluies, c'eft-à-dire, par la chûre des vapeurs qui fe font réunies à une certaine hauteur de l'atmosphère, & qui forment des gouttes d'eau de différentes groffeurs. On obferve que les grandes plaines font moins expofées aux pluies que les terres montueufes & inégales, parce que les vents, qui y ont un cours plus libre, , emportent plus loin les vapeurs, & les pouffent contre les montagnes, où elles s'accumulent & donnent des pluies abondantes.

Les temps de pluies font variables dans tous les climats, excepté dans la zône-torride. Dans cette zone ils fuivent le cours du foleil, & cela depuis le quinzième degré de latitude feptentrionale, jufqu'au quinzième degré de latitude méridionale; de forte que le 10 Avril, par exemple, où le foleil a près de douze degrés de déclinaifon feptentrionale, les pluies commencent dans les lieux qui ont environ fix degrés de latitude nord, & y continuent jufqu'à ce que le foleil ait atteint fa plus grande déclinaifon, & qu'il foit retourné au même point du midi. Dans nos climats, le printemps & l'automne font les faifons les plus pluvieufes, & les pluies font plus ou moins abondantes. fuivant que les vents de Nord & d'Eft règrent plus long

temps: auffi voit-on quelquefois les pays fitués du côté du Nord defféchés par une longue féchereffe, tandis que les pays méridionaux font défolés, dans le même-temps, pat des pluies fortes & continuelles.

Par le mot pluie, on entend généralement une chûte d'eau: cependant on donne auffi le nom de pluie à tout autre fluide qui tombe de l'atmosphère fur la terre, & les Naturaliftes ont obfervé à cet égard deux phénomènes fore extraordinaires : le premier eft une pluie de foufre, & l'autre une pluie de feu.

Le 16 Mai 1646, il tomba à Copenhague une poudre en forme de pluie, femblable au foufre par fon odeur & par fa couleur. Et le 19 Mai 1665, par une tempête horrible, où le bruit du tonnerre ne ceffoit de fe faire entendre , une pluie de foufre tomba dans la Norwège je dis une pluie de foufre, car la pouffière de cette pluie qu'on rainassa, étant jetée au feu, donna la même odeur que le foufre, &, mêlée avec l'efprit-de-vin, produifie une liqueur qui avoit la même odeur que celle du baume de foufre (a).

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Le fecond phénomène extraordinaire eft une pluie de feu. Ce fut le 10 Mai 1695, fur les fept heures du foir, qu'une nuée parut toute enflammée fur Chatillon-fur-Seine, & il en fortit bientôt après des étincelles femblables à celles qui fortent d'un fer rouge quand on le bat, lefquelles tombèrent à terre en forme de pluie: elles y roulèrent, & après avoir changé leur (a) Supplement des Ephémérides des Curieux de la Nature, années 1673 & 1674.

couleur de rouge en bleue, elles s'éteignirent. Cette pluie de feu dura un quart-d'heure, occupa un grand terrein, & ne mit le feu nulle part (a). On conjecture avec affez de vraisemblance qu'elle a été occafionnée par le développement d'une grande quantité de matière électrique: ce qui fe rapporte affez au fyftême de M. Francklin, fur l'électricité du tonnerre: voyez l'Hiftoire des progrès de l'Esprit humain dans les Sciences Naturelles.

Mais la pluie la plus extraordinaire eft une pluie rouge, qu'on prit pour une pluie de fang, laquelle caufa une fi grande frayeur, que les gens de la campagne abandonnèrent leurs travaux, & fe retirèrent dans leurs maifons. Cette pluie tomba à Aix en 1608, & aux environs de cette ville; mais ce n'étoit autre chofe que les excrémens des papillons, qui avoient été très-nombreux cette année là.

Quoi qu'il en foit, l'eau fe congèle en l'air par le froid : ce font des fibrilles de glaces très-tenues; mais fi un air chaud pénètre jufqu'aux nuages, ces fibrilles fe fondent & forment de petits flocons de neige, qui tombent fur-tout en abondance dans la Laponie. Il s'élève même quelquefois en ce pays des tourbillons, qui, lancés par les vents de tous côtés, font difparoître en un moment les plus grands chemins. Les Voyageurs, pour affurer leur route, font obligés de mettre alors des fignaux; & ils ne peuvent faire un pas fans courir les plus grands rifques: alors la furface de la terre

(a) Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris,

année 1595.

eft effrayante: cependant lorfque la lune luit la neige réfléchit tant de lumière, que nonfeulement on voit la campagne, mais encore on découvre au loin les ours & les autres animaux féroces. Cette clarté eft même nuisible; car, fuivant le témoignage de Xénophon, plufieurs Soldats de l'armée de Cyrus en perdirent la vue. Mais ce n'eft pas encore-là le plus grand mal que la neige caufe, c'eft fa grande abondance qui produit les plus fâcheux défaftres. Il en tombe quelquefois en fi grande quantité dans le Nord, que les maisons en font toutes couvertes, & que tous ceux qui les habitent en font étouffés: c'eft en effet ce qui arriva en 1729, fur les frontières de la Suède & de la Norwége (a).

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Lorfque la neige, en tombant, paffe dans un air plus froid que celui où elle s'eft formée, elle fe congèle, & forme un morceau de glaçon, qu'on appelle grêle : c'est le météore qui fait le plus de dégât. Par fa groffeur & la vîteffe de fa chûte, elle renverfe les grains rompt & brife les branches, les feuilles & les fruits des arbres, caffe les vitres, enfonce les toîts des maisons, terraffe les oifeaux, ainfi que les animaux & les hommes même qui fe trouvent alors dans la campagne, & les tue. Ce font les malheurs qu'elle caufa à l'armée des Cananéens du temps de Jofué (b). M. Mufchenbroëk rapporte dans fon Effai de Phyfique, tom. 11, qu'en 1717, toute la campagne des environs de Reg

(a) Effai de Phyfique de M. Muschenbroëck, tom. 11, pag. 808. (b) Jofué, chap. 10, V.II.

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