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gnages de tendreffe, qui naiffent de la fatisfaction d'une union cordiale, & de l'accompliffement des devoirs dus par le mari à une époufe chérie. Mais, en 1657, la Marquife de Langey rompit tout d'un coup avec lui, & l'accufa d'impuiffance devant le LieutenantCivil du Châtelet de Paris. Ce Magistrat nomma des Experts pour vérifier leur état, & lui en rendre compte. Leur rapport fut qu'ils avoient trouvé les deux conjoints dans l'état où ils devoient être entre mari & femme. Cette décifion n'étoit point favorable à la Dame de Langey. Pour l'infirmer, elle prétendit que fi elle ne paroiffoit pas fille, ce n'étoit point l'effet d'une copulation véritable; mais celui d'un amour également stérile & furieux, qui met tout en ufage pour fe fatisfaire. Piqué de ce reproche, fon mari demanda le Congrès, que le Juge lui accorda. En vain la Demoifelle de Saint-Simon interjeta appel; la Sentence fut confirmée par Arrêt.

On nomma donc cinq Médecins, cinq Chirurgiens, & cinq matrones, pour affifter au Congrès; & le fuccès n'ayant pas été avantageux au Marquis de Langey, fon mariage fut déclaré nul par Arrêt rendu le 8 Février 1659, lequel le condamna à rendre la dot lui fit défense de contracter aucun mariage & permit à la Demoiselle de Saint-Simon, ci-devant Marquife de Langey, de fe pourvoir ainfi qu'elle aviferoit bon être. Mais à peine cet Arrêt fut rendu, que le Marquis de Langey fit fes proteftations pardevant deux Notaires,

'pour déclarer qu'il ne fe reconnoiffoit point impuiffant, & que, malgré les défenfes qui lui étoient faites, il fe marieroit quand il le jugeroit à propos.

En effet, peu de temps après, il épousa Diane de Montault de Navaille, dont il eut fept enfans; &, de fon côté, la Demoiselle de Saint-Simon contracta mariage, dans le même temps, avec Pierre de Caumont, Marquis de Boëfle, & de ce mariage, trois filles naquirent

Voilà donc le Marquis de Langey déclaré impuiffant à l'égard de ladite Demoiselle de Saint-Simon, & père de fept enfans avec la Demoiselle de Navaille. Comment cela? Faudra-t-il fuppofer que les enfans de fon épouse ne font pas de fui? fuppofition cruelle & trop infamante pour cette Dame; ou doiton conclure que la preuve du Congrès ne fuffit pas, afin de conftater l'impuiffance d'un homme? La Marquife de Boëfle décida la question avant que de mourir : elle déclara, par fon teftament, qu'elle defiroit qu'on terminât, par accommodement, le procès indécis entre elle & fon premier mari. Déclaration qui éclaira les Juges fur le fait de l'impuiffance du Marquis de Langey; de forte qu'ils connurent par-là que feu la Marquife de Boësle avoit furpris la Juftice, lorfqu'elle étoit parvenue, en 1659, à faire annuller fon premier mariage. C'eft ce qui les détermina à abolir la preuve inutile du Congrès. Le 18 Février 1667, le Parlement, en conféquence de cette délibération, rendit un Arrêt, par lequel il fit

défenfes à tous Juges, même à ceux des Officialités, d'ordonner à l'avenir, dans les caufes de mariage, la preuve du Congrès. Depuis ce temps-là, la maxime du Parlement de Paris eft de déclarer la femme non-recevable à accufer fon mari d'impuiffance, quand il réfulte de la vifite qui a été faite de fa perfonne, que les parties qui fervent à la génération, font extérieurement bien conformées. Cette maxime, fuivant l'Auteur de l'homme & de la femme, confidérés phyfiquement dans l'état du mariage, eft trop générale, puifque le but du mariage étant d'augmenter le nombre des individus, un homme bien conformé en apparence, peut être ftérile, ou même impuissant (a). Cela eft fort bien raisonné. Mais comment s'affurer de cette ftérilité & de cette impuiffance?

On a vu ci-devant qu'il eft des hommes qui n'ont été impuiffans qu'avec leurs femmes, & d'autres dont les forces n'étoient point encore affez développées, ou dont la maladie, qui ne leur permettoit pas d'avoir des enfans, n'étoit pas incurable. Or, pour conftater leur état à cet égard, les Médecins prefcrivent des régimes qui peuvent rappeler un homme à la vie, & le rendre cher à fon épouse; & il femble qu'on devroit ordonner ces régimes, avant que de rejeter la demande d'une femme qui a fouvent de grands intérêts à avoir des enfans. Voici en quoi ils confiftent.

(a) Tom. I, p. 262. Voyez aussi les pages 264 fuiv. du même vol.

Le premier aphrodifiaque, ou remède qui excite à l'amour, qu'on ait connu, est la chair d'un lézard d'Egypte appelé crocodile terreftre. Diofcoride prétend que la chair qui eft au bout des reins de cet animal, augmente beaucoup la liqueur feminale. Galien veut que ce foient les reins même qui aient cette vertu. Pline dit que c'eft la dépouille & les partes qu'on doit préférer; & un favant Chimiste moderne, Lémery, foutient que toutes les parties de l'animal en question font également bonnes pour cet effet.

Les Anciens connoiffoient une plante qu'ils nommoient l'herbe de Théophrafte, laquelle avoit une telle vertu lorfqu'on en mangeoit ou qu'on l'appliquoit aux parties de la génération, qu'on accompliffoit l'acte vénérien douze fois, & même autant de fois qu'on le vouloit ; & les femmes devenoient encore plus ardentes en amour que les hommes, en en faisant le même ufage. On ignore aujourd'hui ce que c'eft que cette plante. Mathiole, le Commentateur de Diofcoride, croyoit que c'étoit une efpèce d'orchis, & les Botaniftes modernes font affez de ce fentiment. On la connoît depuis dix à douze ans fous le nom de Salop ou Salep. Les Turcs en font ufage pour réparer leurs forces, & pour les augmenter; mais elle n'a point cette vertu en France, parce qu'elle la perd dans le tranfport de Perfe, où elle croît, jufques dans ce pays.

Le chervi, plante potagère, dont les racines font d'un ufage commun dans les cuifines paffoit chez les Romains pour un puiffant aphro

diliaque.

difiaque. L'hiftoire nous apprend que Tibère en exigeoit des Allemands pour fe rendre vigoureux avec fes femmes; & on prétend aujourd'hui que les femmes de Suède en font' prendre à leurs maris, quand elles les trouvent trop lâches en amour.

Le borax, le fafran & l'opium, font des remèdes fort bons pour exciter à l'amour; mais il n'en eft point de plus terrible que les mou-. ches cantharides. Ces mouches ont tant de pouvoir fur l'un & l'autre fexe, que deux ou' trois grains fuffifent pour qu'on reffente les' plus vives ardeurs : mais leur ufage intérieur eft fi dangereux, qu'on l'a entièrement profcrit, tant on a de preuves qu'il a caufé la mort aux perfonnes imprudentes qui ont voulu tout rifquer pour s'exciter vivement à l'amout.

Enfin, un dernier moyen qui rend amoureux, c'eft la flagellation. Calius Rhodiginus nous apprend qu'un homme ne pouvoit confommer la jouiffance, s'il n'étoit violemment excité par des coups de fouet qui lui mettoient le corps en fang. Othon Brunsfeld dit la même chofe d'un homme qui, de fon temps, étoit à Munich. Il feroit inutile d'accumuler ici les exemples, pour conftater l'efficacité de cette forte d'aphrodifiaque. Tous les Médecins conviennent que la fuftigation doit exciter les parties qué l'on cherche à émouvoir; mais, comme le remarque fort bien l'Auteur anonyme, d'un bon ouvrage déjà cité (a), la Religion profcrit ce moyen d'appeler la jouiffance : il ne

a

(a) De l'homme & de la femme, confidérés phyfi quement dans l'état du mariage, tom I, pag. 193.

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