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que la nature lui ait donnée contre fes ennemis; car quand il les fent affez près de lui, il leur lâche une bouffée de cette odeur déteftable, qui les étourdit bientôt, & les oblige à fe retirer.

On met au rang de cet animal trois petites bêtes qui portent avec elles un parfum agréable: ce font la civette, le zibet & la genette. Ces animaux reffemblent au renard, & ont l'agilité du chat; leur peau eft marquée de bandes & de taches comme celle des panthères, de forte qu'on les prend de loin pour de petites panthères. Dans une poche placée au-deffous de l'anus, & entre les parties de la génération, ils portent une efpèce de graiffe qui a la confiftance de pommade, & qui exhale une odeur très-agréable, que les Parfumeurs & les Confifeurs emploient avec fuccès dans le mêlange de leurs parfums.

Les Anciens ont connu le hériffon; car ils difoient que le renard fait beaucoup de petites chofes, & que le hériffon n'en fait qu'une grande, qui eft de fe défendre fans combattre, & de bleffer fans attaquer. Si le hériffon parloit, il pourroit dire comme Horace: meá virtute me involvo: je me fais un bouclier de ma vertu. En effet, tout fon corps eft couvert d'une armure épineufe, qui le garantit de l'approche de fes ennemis lorfqu'il fe refferre en boule, parce qu'il préfente de tous côtés des armes défensives & poignantes. Plus on le tourmente, plus il fe hériffe & se refferre. Il écarte encore ceux qui l'attaquent par la mauvaife odeur de fon urine, qu'il répand fur tout fon corps.

La facilité qu'a cet animal de fe refferrer

ainfi en boule, lui fert pour emporter dans le lieu de fa retraite les fruits dont il fe nourrit Il fe roule fur les fruits que le vent a fait tomber, ou fur les grappes de raifins qu'il a détachées ; & lorfqu'il fent que fes pointes font entrées dans ce fruits, il s'enfuit avec fa charge.

Mais ces pointes qui lui font fi utiles, lui deviennent très-incommodes lorfqu'il veut s'unir avec fa femelle Il ne peut y parvenir que face à face, de bout ou couché. Au refte, cet animal est gros comme un lapin moyen, & vis dans les bois.

Le madille ou tatous, eft un petit quadrupède qui fe roule ou fe met en boule comme le hériffon, & dont il y a plufieurs efpèces. Il n'a pas de pointes: fon corps eft couvert de deux écailles en forme de deux boucliers, lesquels étant joints ensemble par une peau membraneufe, ont la facilité de fe mouvoir, & de gliffer les uns fur les autres. On trouve cet animal aux Indes orientales, au Bréfil, en Afrique, &c. Le premier Naturalifte qui en a donné la defcription, eft le célebre de l'Éclufe ou Clufius, dont j'ai parlé dans l'hiftoire de la Botanique.

Tout le monde connoît la taupe : on fait que fi elle n'eft pas aveugle, elle ne peut du moins faire ufage de la vue. Pour la dédommager fans doute d'un fens auffi utile, la nature lui a donné celui d'un tact extrêmement fenfible. Elle est encore organifée de manière qu'aucun animal ne jouit des plaifirs de l'amour avec autant de volupté qu'elle. Le mâle a un grand appareil de réservoirs & de vaiffeaux, une quan

tité prodigieufe de liqueur féminale, des testicules énormes, & le membre génital exceffivement long. Il est fort attaché à sa femelle, & réciproquement fa femelle lui eft très-unie. C'est une chofe curieufe à lire que la defcrip

tion du domicile que les taupes font pour y dépofer & nourrir leurs petits; l'art avec lequel l'un & l'autre pétriffent la terre qui le forme; celui avec lequel ils cherchent à fe garantir des innondations; les différens fentiers qu'ils y pratiquent pour aller chercher la nourriture à leurs petits, lefquels fentiers partent tous du domicile comme les rayons d'un centre; tout cela eft d'autant plus furprenant, que cet animal ne voit prefque point.

Il y a en Sibérie une espèce de taupe qu'on appelle taupe de Sibérie, laquelle à le poil

vert & or.

Les Naturalistes regardent la chauve-fouris comme un monftre. En effet, un animal qui eft à demi quadrupède & à demi volatile, & qui n'eft en tout ni l'un ni l'autre, n'est point affurément dans l'ordre de la nature. Il appartient cependant plus aux quadrupèdes qu'aux oifeaux; car fes aîles ne font que de larges membranes qui féparent fes ongles prolongés de fes pates de devant. D'ailleurs, la femelle eft vivipare: ce qui eft une raifon de plus pour être claffée avec les animaux à quatre pieds. Enfin, fon mouvement dans l'air eft moins un vol qu'un voltigement incertain, & fon corps reffemble beaucoup à celui de la fouris.

Aux approches de l'hiver, cet animal fe retite dans des cavernes, dans des réduits fom

bres & chauds, où il refte fufpendu la tête en bas jufqu'au printemps : il y a des chauve-fouris qui fe collent contre les murs, & d'autres qui fe recèlent dans des trous. Elles dorment ̄là pendant la mauvaise faison, fans prendre aucune nourriture.

Jufqu'à nos jours, les Naturaliftes n'avoient connu que deux chauve-fouris; mais M. d'Aubenton en a découvert cinq autres espèces qui font naturelles à notre climat, comme on peut le voir dans l'Hiftoire naturelle de M. de Buffon,

tome 7.

On affure que vers la rivière des Amazones, on trouve des chauve fouris extrêmement grandes, qui détruifent le gros bétail en fuçant fon fang.

Le Naturalifte que je fuis ici pour la divifion des quadrupèdes, M. Linnaus, met dans le troifième ordre de cette divifion les bêtes fauvages, telles que le tamandua & le fourmillier.

Ces deux animaux ont cela de commun, qu'ils fe 1.ourriffent de fourmis; mais ils different par la groffeur. Le tamandua a jusqu'à six pieds de longueur, & il y a des fourmilliers qui n'ont que quinze pouces de long. Ces animaux marchent très-lentement, & lorfqu'on les touche avec un bâton, ils s'accroupiffent fur leurs pieds comme l'ours. Ils n'ont point de dents, & c'eft avec leurs pieds de devant qu'ils culbutent les fourmillières pour manger les fourmis qui s'y trouvent. Ils dorment tout le jour, & ne rôdent que la nuit. En marchant, ils laiffent traîner leur langue à terre, afin que les fourmis y montent; & lorfqu'ils fentent

qu'il y en a beaucoup, ils les retirent en dedans & les avalent.

Le tamandua & le fourmillier ne fe trouvent que dans les Indes occidentales.

M. Linnaus renferme dans le quatrième ordre de fa divifion, les porc-épics, les écu reuils, le caftor, les fouris, les rats, les cochons-d'inde, les marmottes, les philandres & le lièvre. J'ai parlé déjà de ce dernier animal : il me reste à décrire l'hiftoire des autres.

Le porc épic a été bien connu des Anciens. Ariftote, Pline, Opian, &c. en ont beaucoup parlé, & ont débité même à fon fujet quelques fables qu'ils ont données pour des vérités,

& que les Naturalistes modernes, fur la foi des Voyageurs, ont reçues comme telles jusqu'à nos jours. Cet animal, qui ressemble un peu au lièvre, a le corps & les côtes couverts de piquans un peu courbes, de différentes longueurs & groffeurs, pointus comme des alènes & variés de blanc & de brun. Or les Grecs & les Romains croyoient que le porc-épic avoit la faculté de lancer fes piquans à une affez grande distance, & avec affez de force, pour faire une profonde bleffure; & encore, ce qui eft bien plus merveilleux, que ces piquans avoient la propriété de pénétrer d'eux-mêmes, & par leur propre force, plus avant dans les chairs, lorfque leur pointe y étoit entrée. Sur quoi Claudien difoit, en ftyle poétique, que le porcépic eft lui-même l'arc, le carquois & la flèche dont il fe fert contre les chaffeurs. Des Voyageurs ont accrédité ce conte; mais enfin M. de Buffon, qui a vu des porc-épics vivans, s'est

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