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vautours, étoit le pronoftic indubitable d'un combat & d'un meurtre. Quand les coqs chantoient le foir, c'étoit un heureux préfage. Le chant des poules annonçoit, au contraire, un fâcheux événement, &c.

Ce n'eft point ici le lieu d'expofer tous ces écarts de la raifon: il fuffit de les rappeler, afin de faire connoître les caufes du délaiffement de l'Ornithologie. Cette science languit jufqu'à la renaiffance des Lettres.

Le célèbre Gefner, furnommé le Pline de l'Allemagne, en 1516, ébaucha le premier une hiftoire naturelle des oiseaux. Il publia d'abord, en 1555, une hiftoire naturelle des oifeaux; & trois ans après, il mit au jour les figures ou portraits de tous les oifeaux qu'il avoit décrits dans cette hiftoire, avec leurs noms en différentes langues. Il y a, dans ces ouvrages, des remarques curieufes fur la nature de ces animaux; mais point d'ordre ni méthode bien décidés.

Bélon eft, fans doute, le premier Naturalifte qui a donné une forme à la science des oiseaux. Il les diftribue par claffes. Dans la première, il met tous les oifeaux de rapine; dans la feconde & la troifième, tous les oifeaux aquatiqués; dans la quatrième, les oifeaux qui nichent fur terre & dans les bois; dans la cinquième, les oifeaux qui n'ont point d'habitation fixe; & dans la fixième & dernière claffe, les oifeaux qui fe nichent dans les hayes & dans les buiffons.

Tout ce travail forme un ouvrage trèsestimable, lequel parut fous ce titre: Hiftoire

de la nature des oifeaux, avec leurs defcriptions & naïfs portraits, tirés du naturel, écrite en fept livres. On peut le regarder comme le premier traité d'Ornithologie.

Aldrovande, contemporain de Bélon, & qui, comme tout le monde fait, facrifia fa fortune & fa fanté a x progrès de l'hiftoire naturelle; Aldrovande, dis-je, fuivit les traces de Bélon, ou concourut avec lui aux progrès de l'Ornithologie; &, à cette fin, il compofa trois volumes in-folio fur l'histoire des oifeaux. Ils font écrits en latin; le premier fous ce titre Ornithologia, hoc eft de avibus Hiftoria, Lib. XII, agunt de avibus rapacibus, 1599. Le fecond, qui parut l'année suivante, eft intitulé: Ornithologia Tomus alter: agit de avibus terreftribus menfe infervientibus & canoris. Enfin, le titre du troisième, qui fut imprimé en 1603, eft celui-ci : Ornithologia Tomus tertius & poftremus: agit de avibus aquaticis & circa aquas degentibus.

Ainfi ce grand Naturalifte avoit divifé les oifeaux en trois claffes, en oiseaux de proie, en oiseaux terreftres, qu'on fert aux tables, & en oifeaux qui vivent dans l'eau ou dans les endroits marécageux: ce qui n'eft point iì général que la méthode de Bélon.

A Aldrovande fuccéda Jonston, un des plus favans Naturalistes qui ait illuftré le dix-feptième fiècle. Il confidéra les oifeaux fuivant leur manière de vivre, ce qui lui fournit fix claffes; favoir, 1°. les oifeaux carnivores, ou qui mangent de la viande; 2°. les granivores, ou qui fe nourriffent de grains; 30, les infec

tivores, ou qui vivent d'infectes; 4°. les pifcivores & herbivores, qui mangent des poiffons & des herbes ; & dans la cinquième & fixième claffe, il comprend les oiseaux étrangers, tels que l'oiseau du paradis, le tama

tia, &c.

Toutes ces méthodes, quoique également propres à faire connoître la nature des oiseaux, parurent inutiles à un Naturalifte eftimé, nommé Schwenckfeld: il jugea que l'ordre alphabétique étoit tout-à-la-fois fimple & fuffifant pour une hiftoire naturelle des animaux. C'eft ainfi qu'il en compofa une, dans laquelle il décrivit les oifeaux de Siléfie. Mais MM. Willughbey, Ray, Linnaus & Klein ne penfèrent pas de même. Ils ont propofé différentes méthodes, parmi lesquelles on diftingue celle de Klein. J'en parlerai, après avoir écrit l'hiftoire des oifeaux felon les premiers Naturaliftes, pour fuivre les progrès de l'efprit humain dans cette hiftoire de l'Ornithologie, comme je l'ai fait dans celle de la Quadrupédologie.

La poule & le coq font les premiers oifeaux domeftiques. Tout le monde connoît leur forme & leur plumage. Le coq eft le mâle, & par conféquent il féconde la poule. Mais comment? Ce mystère a été ignoré des Anciens. Harvée eft le premier qui a recherché la manière dont fe fait la copulation de ces deux oiseaux, & fes recherches lui ont appris que le coq n'a point de membre mafculin comme les quadrupèdes, pour pénétrer dans la matrice, & darder la femence dans l'ovaire; il n'a

découvert fur le corps de cet animal, qu'une peau flafque, fituée fous le ventre, laquelle s'enfle dans l'action. Il n'y a donc point d'intromiffion. Seulement le coq, par le frottement, se met en état de répandre la liqueur prolifique, & cette liqueur pénètre vers l'origine de l'ovaire, que la poule pouffe vers le coq pendant qu'il la couvre. On ne peut point démontrer cette opinion; mais on peut affurer qu'elle eft très-vraisemblable.

Ce Savant a cru voir dans la véficule féminale les premières traces de la carcaffe du poulet; & Malpighi, premier Médecin du Pape Innocent XII, a cru qu'on devoit adopter cette conjecture, par la vérification qu'il en faite avec un microscope, inftrument qui n'étoit point encore connu dans le temps d'Harvée. Cette carcaffe eft, dit on, couverte par une bule ou bube, qui empêche de bien diftinguer ce premier commencement du poulet. On a feulement obfervé que cette bule ou enflure n'eft pas toujours placée au même endroit, mais qu'elle couvre toujours les deux tiers ou environ de cette carcaffe prétendue ou réelle.

Quoi qu'il en foit de cette prétention, ou de cette réalité, lorfque l'œuf eft échauffé cette bule ou cicatrice fe dilate, & fe répand circulairement. A fon centre paroît un point blanc, qui, peu de temps après, devient un point rouge, qui bat, & qui eft environné d'un grand nombre de petites artères & veines capillaires, d'une couleur fanguine. Harvée appelle tout cet affemblage colliquamentum,

c'est-à-dire, une matière qui fe liquéfie à la chaleur. Ce colliquamentum eft formé dès le quatrième jour de l'incubation: dès le cinquième, il devient un petit vermiffeau, lequel donne des marques de vie & de mouvement. Il eft divifé en deux parties, dont la fupérieure, qui eft la plus grande, eft repliée & diftinguée par quatre véhicules; favoir, le cerveau, le cervelet & les deux yeux. Dans la ftructure de la tête, les yeux font formés les premiers; enfuite vient le bec, qui paroît d'abord un point blanc, enveloppé dans une fombre membrane. Dans la partie inférieure du vermiffeau, on voit naître la veine-cave qui s'étend.

Ces deux ébauches de la tête & du corps, paroiffent au même temps, d'une manière à pouvoir les diftinguer; mais lé corps augmente plutôt que la tête: de forte que cette partie, qui étoit plus grande que tout le corps, devient bientôt plus petite. Le troifième progrès de l'accroiffement forme les vifcères; ce qui arrive les fixième & feptième jours; & dans le même temps fe forment le foie, le poumon, les reins, les ventricules du cœur, & les inteftins, qui prennent naiffance avec les veines, auxquelles ils font attachés. Les intestins, avec les ventricules, ne font d'abord que des filets blancs, entortillés dans la longueur du ventre; & en même-temps la bouche ou l'ouverture du bec fe forme, & on voit les boyaux s'étendre depuis cette ouverture jufqu'à l'anus: on remarque auffi que les tefticules paroiffent au même temps.

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