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HISTOIRE

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L'ICTHYOLOGIE.

ON

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N n'a rien écrit avant Ariftote fur l'Icthyologie, qui eft la fcience des poiffons. Ce Philofophe en a parlé dans les cinquième & fixième Livres de fon Traité De Natura Animalium; mais ce qu'il en a dit eft fort peu de chose. On attribue à Théophrafte, fucceffeur d'Ariftote, un petit Ouvrage fur les poiffons qui viven: hors de l'eau; & cette production a été imprimée en Latin à Naples en 1665 avec un Commentaire de MarcusAulerius - Severinus. Terentius Varron, qui vivoit vingt-fix ans avant Jéfus - Christ, décrit quelques poiffons dans fon Livre De re rufticâ. On trouve auffi dans Columelle, la defcription de plufieurs poiffons. Pline a confacré le neuvième & le trente-deuxième Livre de fon Hiftoire naturelle, à l'hiftoire de ces animaux. Dans ce neuvième Livre, divifé en foixantedeux chapitres, il traite de leur nature; & il eft queftion, dans le trente-deuxième Livre, de leur ufage ou utilité dans la Médecine. Le dernier chapitre de ce Livre, & c'est le onzième, contient un long catalogue de poiffons, rangé par ordre alphabétique. Et Claude Alien, l'an 120 après J. C. dans fon Traité De Ani

malium Natura, parle des poiffons comme des autres animaux, dont il écrit l'histoire fans aucun ordre, ni aucune diftinction de genres.

C'eft içi le dernier Naturalifte de l'antiquité. Plufieurs fiècles s'écoulent fans qu'aucun Savant en ce genre paroiffe fur la fcène du monde. Enfin, dans le feizième fiècle, parut un Ouvrage écrit en Allemand fur les poiffons en général, & principalement fur ceux qui vivent dans les lacs, par Gregorius Mangoltus. Ce fut ici en quelque forte le fignal pour rappeler toutes les perfonnes éclairées à l'étude de la nature; car il fe préfenta, comme à l'envi, plusieurs habiles gens qui cultivèrent en général l'histoire naturelle; &, à l'exemple de Mangoltus, en particulier celle des poiffons.

Prefque dans le même temps, c'est-à-dire en 1553 & 1554, Belon (a), Rondelet (b) & Salvian (c), publièrent des Ouvrages eftimés fur l'Ictyologie, où eft décrite une grande quantité de poiffons, tant de mer que de rivière, avec des gravures affez exactes.

(a) De aquatilibus libri duo 1553, traduit ainfi en françois en 1755: De la nature & diverfité des Poiffons, avec leurs portraits,

(b) Il y a deux Ouvrages de Rondelet fur ce fujet, dont voici les titres: 1°. Tractatus de Pifcibus marinis, in quibus vera Pifcium effigies expreffa funt: Qua in totâ Pifcium Hiftoria contineantur indicat Elenchus, pagina nona & decima, &c. Lugduni. 1554.

2o. Guillelmi Rondeletii, Univerfa Aquatilium Hiftoria Pars altera, cum veris ipforum imaginibus.

(c) Aquatilium animalium Hiftoria, Liber primus, cum eorumdem formis, are excufis, Hyppolito Salviano, Typhernute. 1554.

Le dix-feptième fiècle fut encore plus riche en productions icthyologiques, fi je puis m'exprimer ainfi. D'abord parut celle d'idrovande, compofée dès le fiècle précédent, & qui ne fut imprimée qu'en 1613 par les foins de CorneilleUterverius & d'Hieronime-Tamburin (a). L'Auteur y diftingue les poiffons par les nageoires, & il en reconnoît ainfi quatre efpèces; favoir, les poiffons qui ont les nageoires molles, comme ·les carpes; les poiffons qui ont les nageoires épineufes, tels que les muges; les poiffons qui ont les nageoires cartilagineufes, de même que l'efturgeon; & les poiffons qui ont les nageoires cachées, & qu'on ne connoît point dans nos mers; & à cette divifion, il ajoute un Livre fur les grands poiffons, comme la baleine, le cachalot, &c. Voilà déjà une méthode de ranger les poiffons fuivant leurs efpèces. On peut la regarder comme la première; & ce n'eft pas une gloire médiocre qu'Aldrovande s'eft acquife, que d'avoir indiqué un moyen fi utile pour accélérer les progrès de l'Icthyologie.

Un Naturalifte fort eftimé, ayant fait une hiftoire particulière de cette fcience, voulut ajouter de nouvelles connoiffances à celles qu'on devoit à Aldrovande : c'eft Jonfton (b). Comme lui, il fe fit une méthode dans fon travail : il diftingua d'abord les poiffons de mer, & les poiffons de rivière; divifa les premiers en poiffons à écailles, & en poiffons cartilagineux; &

(a) De Pifcibus, Libri quinque, & de Cetis, Liber

unus.

(b) Hiftoria naturalis de Pifcibus & Ceris, Lib. V, cum aneis figuris, 1649.

fous cette divifion, il décrivit toutes les espèces de thons, de rayes, &c. Cette méthode ne vaut pas celle d'Aldrovande, qui n'est encore qu'un effai; car il s'en faut bien qu'on puiffe y renfermer les poiffons, même les plus confidérables, comme on le verra par les découvertes des Naturalistes de ce fiècle.

En attendant, François Willughbi (a), G. Rumphius (b), Henri Ruifch (c), Petri Artedi (d), Wulf Régiomont (e), Antoine Goüan (f), &c. (g), compofèrent des Ouvrages très-eftimables fur l'hiftoire naturelle des poiffons. Enfin M. Linnaus, accoutumé à prendre les chofes en grand, après avoir examiné tous les poiffons de mer & de rivière dont il a pu avoir connoiffance, a formé une méthode extrêmement étendue. Il établit d'abord cinq ordres, dont chacun comprend plufieurs divifions. Dans le premier ordre font rangés les poiffons plagiures ou cetacées, tels que les différentes efpèces de baleines. Il range

(a) Francifci Willughbii, Hiftoria Pifcium, 1686. (b) Thefaurus imaginum Pifcium, Teftaceorum, &c.: Auct. G. Rumphio, 171I.

(c) Theatrum Animalium Pifcium, avium, &c. curâ Henrici Ruifch, 1718.

(d) Petri Artedi, Sueci Medici, lathyologia five opera omnia de Pifcibus. Edit. Car. Linnao, 1738. (e) Ithyologia, cum Amphibiis. Auct. Wulf Regiomonti, 1765.

(f) Hiftoire des Poiffons, par Antoine Goüan,

1770.

(g) Mufaum Ithyologicum fiftens Hiftoriam Pifcium, qua in Mufao Gronoviano obfervantur, &c.

dans le fecond tous les poiffons à nageoires cartilagineufes, comme la raye, l'ange, la torpille, &c. On trouve dans le troifième ordre tous les poiffons dont les ouies font cachées, qui n'ont point d'offelets aux nageoires, & dont les branches font membraneufes & offeufes, tels que le loup de mer, toutes les efpèces d'orbis, &c. M. Linnaus place au quatrième ordre l'ombre de mer, la dorade, la molle, l'orphie, &c. tous poiffons dont quelques rayons des nageoires font offeux, & les autres épineux. Et il met dans le cinquième. & dernier ordre, les poiffons à nageoires molles de ce genre font la carpe, le barbeau, le gardon, le merlan, la trompette marine, la vipère marine, &c. &c.

La baleine eft un animal bien connu de la haute antiquité. David dit que Dieu l'avoit donnée aux Éthiopiens pour leur fervir de nourriture: (Dedifti eam efcam populis Ethiopum). Et on lit ailleurs que c'eft un dragon que Dieu a formé, afin qu'on fe moquât de lui: (Draco ifte quem formafti ad illudendum ei). Auffi les anciens Naturaliftes en ont beaucoup parlé: ils ont même écrit que la baleine avoit un conducteur; que c'étoit un poiffon femblable à cet animal: mais les Naturaliftes modernes regardent ce trait comme fabuleux, & prétendent que ce qu'ils ont pris pour un conducteur, n'eft autre chofe qu'un baleineau, ou un petit de la baleine. Cependant M. Anderson, dans fon Hiftoire naturelle de l'Iflande, du Groënland & du Détroit de Davis, nous apprend, pag. 115, que les Groënlandois regar

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