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Cette plante eft affez dure, & même les lytophites des climats chauds font plus durs que le bois mais les plus beaux font ceux des côtes de Norvège : on en a vu, dit Ma dé Bomare dans fon Dictionnaire, art. lith., qui avoient jufqu'à feize pieds de haut.

Quoique le corail foit une des plus belles fubftances marines, elle n'est cependant qu'une production d'infectes. On croyoit autrefois que c'étoit un arbriffeau de mer, & on s'étoit trompé. Il est vrai que fa ftructure & fa forme tessemblent affez à un arbriffeau dépouillé, de fes feuilles; & même M. le Comte de Marfigli a cru y avoir découvert des fleurs. M. le Comte de Marfigli, dit l'Auteur des tom. 1 10 & 16 des Obfervations curieufes fur toures les parties de la phyfique," a découvert le * premier les fleurs du corail; & cette décou» verte fera à jamais célèbre dans la Botanique

marine. Ces fleurs font blanches, & ont » huit feuilles : elles font de la grandeur & de

la figure d'un clou de gérofle, répandues » en grand nombre fur toute la plante, & elles

fortent des tubules de l'écorce, & y rentrent » à l'inftant qu'on tire la plante de l'eau. Si » on l'y remet, les fleurs reparoiffent au bout » d'une heure. Ces fleurs prennent enfin la forme d'une petite boule jaune, & tombent au fond de l'eau: ces petites boules ne renferment aucune graine ni femence apparente, » mais feulement un fuc gluant: de forte que "la femence du corail eft encore une énigme » Voyez auffi l'Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences de Paris, 1710 & 1711.

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Voilà une defcription affez détaillée des fleurs du corail: cependant elle n'eft qu'une illufion. Si l'on en croit les Naturaliftes modernes, l'imagination de M. de Marfigli avoit transformé en fleurs des animalcules logés dans des cellules du corail. Ces infectes font blancs, mous, un peu tranfparens, & leurs bras préfentent la forme d'une étoile à huit rayons,

Ce font ces bras, dit M. Peyfonnel, Au teur de cette découverte, & les Naturaliftes du jour, ce font ces bras, dis-je, qu'on avoit pris pour des pétales de fleurs.

Au refte, le corail n'a point de racines: on le trouve collé fur la furface de différens corps, comme fur des os de baleines, fur des crânes, fur des bouteilles; mais communément fous les avances des rochers, & toujours les bran ches en bas ces branches tiennent à une tige. Sa groffeur ordinaire eft d'un pouce, & fa plus grande hauteur eft d'un pied & un pouce. Le corail rouge eft le plus commun: on le pêche dans la Méditerranée. Il y en a auffi de blanc, comme dans la mer Baltique, On prétend encore qu'on en trouve dans des ruiffeaux de Bohème, qui font auffi beaux que ceux de la mer.

Les Anciens connoiffoient le corail & l'eftimoient, Pline nous apprend que les Indiens en faisoient autant de cas, que nous faisons des pierres précieufes. Il dit que c'eft un arbriffeau verd, que fon fruit eft blanc & mon dans l'eau, & s'endurcit & rougit auffitôt qu'il en eft dehors. Ce Naturalifte croyoit cela, & on doit lui pardonner, furtout pour le fruit

du corail, en faveur de l'ignorance où on étoit alors de la nature de cette fubftance marine. Cependant il nous apprend comment on le pêchoit, & c'eft à peu près de la même manière que nous le pêchons aujourd'hui (a). Ainfi, ils attachoient comme nous des filets à une croix de bois chargée d'un poids, qu'on laiffe tomber en mer, jufqu'à ce qu'on fente qu'ils s'accrochent à quelque endroit; & lorfqu'on éprouve de la réfiftance, on retire la croix, qui emporte le corail dans fes filets.

On trouve les madrepores dans les mêmes lieux que le corail; dans la Méditerranée, dans la mer Baltique, & dans l'Océan oriental & occidental. Elles n'en diffèrent, que parce qu'elles font ordinairement blanches & percées de trous fenfibles: la plupart changent de couleur en fortant de la mer. Il y a une efpèce de madrepores mous & rameux, qu'on appelle main de mer, à cause de fa reffemblance à une main parfemée de trous.

L'eau de la mer eft amère, falée, d'une odeur marécageufe; c'est un fait attesté depuis qu'elle eft connue. Cependant on a prétendu que cette eau n'avoit point cette qualité au fond de la mer, & qu'elle y eft douce comme l'eau des rivières. Strabon, dans le 16 livre de fa Géographie, a écrit que les habitans de l'Ifle d'Aradus, qui eft fur la côte de Syrie, ne pouvant avoir de l'eau du continent, envoyoient en mer une chaloupe avec des hommes, qui laiffoient tomber un grand

Ca) Plin. Hift. Natur, l. 32, cap. 2.

vafe de plomb, large par en-haut & étroit par en-bas, lequel fe rempliffoit d'eau douce. Un certain Commandeur de Caftres, en fon Arcenal, c. 3, dit que l'eau de la mer de la zône torride eft douce à une certaine profondeur. On lit dans l'Hydrographie du P. Fournier, l. 9, c. 26, que vers le milieu du PontEuxin, on trouve la mer douce. Saint Thomas & Scaliger rapportent qu'il y a des plongeurs qui, du fond de la mer, rapportent des vafes pleins d'eau douce; & même que fi l'on defcend jufqu'à ce fond un vafe bien bouché, & qu'on le débouche, on le retirera plein d'eau douce. Enfin, quelques Navigateurs prétendent que les mers du Nord ne font point fi falées que celles qui font vers l'Équateur, & cela eft certain. La mer des côtes de Hollande ne contient qu'un neuvième de fel, tandis que les côtes d'Espagne & de la Méditerranée en portent bien d'avantage : il y a même des endroits en Suède, où elle en eft fi peu chargée, 'elle gêle en grandes maffes. Auffi la mer du fond du Groëland est toute couverte de glaces. Il ne faut conclure delà pas du fond de la mer eft douce; mais qu'il y a de l'eau douce en certains endroits, provenant de quelque fource, ou de quelque fontaine qui fort des rochers ou écueils cachés au fond de la mer.

qu

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que

l'eau

Ariftote veut que ce qui rend l'eau de la mer falée, foit des exhalaifons des vapeurs que le Soleil attire du fond de la mer, & qu'il cuit lorfqu'elles s'approchent de la furface de l'eau, ce qui lui donne cette âcreté

qu'on éprouve lorfqu'on la goûte, de même que les cendres rendent la leffive falée. Théo phrafte, & après lui, Cardan, croient qu'il y a des montagnes de fel fous la mer qui caufent cette falure; c'eft auffi le sentiment de quelques Naturaliftes modernes. Il en eft d'autres qui penfent que cette falure provient des montagnes de fel qui font répandues fur la terre, & que les eaux de pluie qui fe rendent à la mer diffolvent continuellement. On peut expliquer par-là pourquoi l'eau de la mer eft falée; mais par quelle raifon eft elle bituest-elle mineufe? Bodin réfout ce problême, comme celui de la falure, par ce mot décifif: « la cause » de la falure & de l'amertume de la mer, » c'eft Dieu, lequel, comme il rend la fauge, » l'abfinthe & le fiel amers, a ainfi falé la mer, » mêlant parmi tous les animaux une efpèce » de fel, pour les préferver de la corruption

Certainement il ne falloit pas beaucoup rêver pour trouver cette caufe de la falure de la mer. Tout le monde favoit avant Bodin, & dans tous les temps on a reconnu que Dieu eft l'auteur de tous les phénomènes : il en eft la caufe première; mais il s'agit d'affigner la caufe feconde, & c'eft ce qu'on n'a point encore fait d'une manière fatisfaifante, Seulement on fait que l'eau de la mer a des qualités bien différentes que l'eau, douce.

Premièrement, Ariftote dit que l'eau de la mer eft graffe, & par conféquent qu'elle eft plus propre à brûler qu'à laver. Plutarque l'a écrit auffi dans fon Traité des caufes naturelles. On lit dans le livre de la guerre

de

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