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Eh quoi, d'avoir fçu m'enflâmer

Ton ame n'est point fatisfaite !

Tu ne crains pas de m'allarmer,

Dit Serinette en pleurs. Sans chercher de défaite, J'avouerai que tes chants ont de quoi me charmer. Pour chanter à mon tour le Ciel ne m'a point faite :

Hélas, je ne fçais que t'aimer !

Au nom du nœud qui nous engage,
Daigne diffiper mon effroi :

N'ai-je pas mon langage à part? Et ce langage.
Je ne le parle que pour toi.

C'eft celui de l'amour : n'est-il pas auffi tendre,

Auffi doux que le tien ? Mais, quel malheur

moi

Si tu refufes de l'entendre!

pour

De cette Fable je conclus,

Qu'en amour l'éloquence est fort

peu

néceffaire..

Un regard, un seul mot en difent beaucoup plus

Lorsque l'amour est bien fincere,

Que de nos beaux parleurs les difcours superflus.

NS

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CHEZ

FABLE IV..

HEZ la vieille Immortelle on raconte qu'un
jour

[ Je ne fçais trop en quelle année ]
Meffire Papillon, en faifant fa tournée,
S'arrêta par hazard & fit quelque féjour.
La converfation de la fleur furannée
Roula fur les défauts de celles d'alentour..
Pour adoucir leur destinée,

La médifance fut donnée

A toutes les Beautés qui font fur le retour.
Dans cette trifte claffe étoit notre Immortelle :

[Chaque Belle y vient à fon tour. ]

De nos fleurs d'aujourd'hui que vous semble, ditelle?

Il me paroît, à moi, fans vouloir critiquer,

En particulier, telle ou telle,
Qu'il eft aifé de remarquer -

Qu'elles ont bien perdu de leur gloire premiere,
Et qu'elles auroient peine à remettre en lumiere
Les vertus,
les appas qu'elles avoient jadis.

D'une fi noble espéce on n'en voit plus éclore......
Nous avons cependant encor, graces à Flore,.,

Répond le Papillon, des Rofes & des Lys....
Bon! vous me citez là de plaifantes fleurettes!....
Mais on connoît la Rofe : oui par fes amourettes;
Et, fi vous le vouliez, vous en diriez vraiment
Des nouvelles facilement !....

Pour fon tein éclatant, pour les couleurs vermilles

Je vous demande grace, au moins.... Vrai guenil

lon

Que ce tein dont fans ceffe on me rompt les oreilles!

1

Ne tient-il qu'à fe mettre un peu de vermillon?
J'aurois mieux auguré du goût du Papillon.
Je comprens: vous aimez,dans une fleur naiffante,
Une couleur plus douce & moins éblouiffante :
Sur ce pié, la Jonquille.... eft jaune à faire peur...
La Jonquille!.... Ah, ce nom me donne une vaz
peur!

Revenons donc au Lys... Eh, fi donc il eft fade
A. force d'étre blanc... Le Lys vous rend malade?
Paffons à d'autres fleurs... Que vous dirai-je enfin?!
La Tulippe, l'Œillet, le Muguet, le Jasmin,
L'Amaranthe & la Renoncule,

Tout fut trouvé mauffade & digne de pitié.
Auffi, car il ne faut rien conter à moitié,
Le Papillon jouoit un rôle ridicule

S'il parloit franchement & de bonne amitié...
Pour un Galant expert, c'étoit mal s'y connoître
Ignoroit-il le Jouvenççau,

לי

Que l'on ne trouve rien de beau~
Dès que Ron a ceffé de l'être.

JLE RENARD, LA POULES,
ET LES DEUX CO CQ S

ILS

FABLE V

Ls ne nous viennent pas de là haut par cens taines,

Les Racines, les la Fontaines!

En mon particulier je demande aux Lecteurs -

Grace pour les nouveaux conteurs.

Ce la Fontaine done, Dieu. veuille avoir fon ame!!

Car pour certains écrits, entre nous, je le blâme, La Raifon ? je la tais, on la devine affez.

Il fuffit que du ton que vous lui connoiffez,

Il nous conte qu'une Huitre, ayant fait naître inf

tance,

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Dandin, choisi pour Juge en cette circonstance, Avala l'Huitre & mit, par ces mots prononcés, Les Plaideurs hors de Cour, tous les frais com penfés :..

Tenez, la Cour vous donne à chacun une écaille,.,

Sans dépens, & qu'en paix chacun chez soi s'en:

aille,

D'un cas affez femblable à ce jugement là
On m'a depuis peu fait l'hiftoire :

Voyons fi je pourrai du fond de l'écritoire.
Vous tirer au clair tout cela.

M'y voici, fi je ne me flatte...

Deux jeunes Cocqs étoient rivaux:

Chaque jour fürvenoient entr'eux débats nouveaux:
Puis, viennent les gros mots & la tempête éclate.
La Poule méritoit, il eft vrai, leurs travaux:.
On eut couru pour elle & par monts; & par vaux.
Pourfuivons, car voici le beau de l'avanture...
Tandis que nos deux Cocqs entr'eux fe chamail-
loient,

Se becquetoient, fe houfpilloient,

Un Renard, animal rusé de fa nature,
Et devenu par art encore plus adroit,
Fut attiré dans cet endroit

Par le preffant défir d'une bonne pâture..
Il paffa tant de fois, tant de fois repaffa
Devant le Poulailler, qu'enfin il s'y gliffa:
Apperçut lá Poulette, & fans frais d'écriture,
Sans coup férir & sans débat,

La croqua; ce qui mit nos Cocqs hors de combat...
Dans ces fortes de cas dénoument ordinaire.
Un jeune Sénateur, un vieux Millionaire
Se difputoient un cœur de feize à dix-fept ans
Un Moufquetaire vit ce tendron adorable,
L'aima, lui plut, trouva le moment favorable,.,.
Et mit d'accord les combattans...

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