pofés à ceux de l'Ecole, je ferois obligé d'étendre mes raifonnemens, non feule ment pour les rendre plus clairs & palpables, mais auffi pour détruire une mauvaise opinion qui a pour défense l'autorité des » Anciens, l'opiniâtreté des Sectateurs, & l'aveuglement du Public. Car il femble ef>>fectivement que chacun prend plaifir à être trompé fur cette matiere, & c'eft cependant fur celle-là que roule tout le bonheur » de cette vie; mais j'efpere que dans peu » de tems vous pourrez être fatisfait par le moyen d'un Traité de la fiévre que je mettrai au jour, & il fuffira pour le préfent de vous dire que la chaleur des Fébricitans »n'est pas de l'effence de la fiévre, mais feulement un fymptôme, comme le froid, la foif, la douleur de tête, le dégoût, & autres fymptômes qui l'accompagnent; & je ferai d'autant plus fatisfait de vous parler de la chaleur, que j'efpere vous faire connoître l'erreur de la plupart des gens qui croyent que toutes les maladies ne proviennent que de trop de chaleur d'entrail»les, & partant qu'il faut toujours rafraîchir, ne pouvant comprendre que la chaleur qu'ils fentent, tant fébrile qu'autre, foit l'effet d'une cause froide, crue & vifqueufe, qui ne demande que des remedes chauds & atténuans: ce que je vous ferai voir, mais je veux plutôt vous faire connoître de quelle maniere cette chaleur eft >produite. » Vous fçavez, Monfieur, que ce font les efprits qui font toutes les fonctions du Corps humain, & qu'auffitôt que les alimens font dans l'eftomach, ils les atténuent, les cuifent, & convertiffent en une fubftance blanche & liquide, qu'on appelle chile,mais fi la digeftion eft mal faite, il en résulte un chile crud & vifqueux, qui eft la fource de prefque toutes les maladies; car comme c'eft par la coction parfaite que le chile devient doux, & que les excrémens font →féparés & expulfés dehors, fi la coction eft Pimparfaite, il en réfulte un chile indigefte, vifqueux, aigre & falé, qui caufe tantôt des fiévres, tantôt des pleuréfies, diffenteries, diarrhées, coliques, ardeurs d'urine, & prefque toute forte de maladies, tant internes qu'externes, & parce que les excrémens par le défaut de la coction, ne pouvant être féparés, fuivent le mouvement du chile & du fang, étant une fub→ftance hétérogene à la maffe fanguinaire, la nature travaille inceffamment à les atténuer & fubtilifer, pour les expulfer par les pores ou autres voyes, de forte que les ayant un peu atténués & fubtilifés, mais non pas au dégré néceffaire pour l'expul fion, à caufe de leur trop grande crudité & vifcofité, ils reftent dans le corps en perpétuel mouvement, & ébranlant par leurs figures irrégulieres toutes les petites fibres des muscles & des membranes, font » cette fenfation de chaleur, foit fébrile ou autre. Et pour vous faire voir que cette chaleur que fent le Fébricitant, ne vient →pas de la chaleur ou effervefcence du fang, comme on présuppose, il n'y a qu'à faire faigner un malade atteint de la fiévre, & à »même tems faire tirer du fang à un homme qui fe porte bien, & faire tomber le fang de l'un fur le deffus de la main d'un homme, & le fang de l'autre fur le deffus de l'autre main du même homme, & je fuis certain par expérience que cét homme s'apercevra facilement que le fang de celui qui fe porte bien, eft plus chaud que celui du malade. Que fi cette expérience ne vous contente pas affez, prenez deux Thermometres d'égale grandeur, & mettez-les chacun dans un petit pot, & que l'on faffe tomber le fang du malade dans l'un de ces pots, & le fang de celui qui fe porte bien, dans l'autre, & l'on verra que l'efprit de vin du Thermometre où fera >coulé le fang de celui qui fe porte bien, fera plus rarefié, & montera plus haut que celui où aura coulé le fang du malade; ce qui D eft une preuve incontestable D que le fang de celui qui fe porte bien eft plus chaud que celui du malade. Je puis fortifier cela par un exemple fur la Mécanique. Prenez deux globes de cui»vre, ou d'autre métal, percez également de petits trous, & qu'à chaque globe soit attaché un manche creux qui le pénetre un peu, & foit long de quatre pouces & d'un pié de diamétre. Mettez dans chacun une bougie allumée qui foit d'égale grandeur, » & que l'une de ces bougies foit faite de cire pure, & l'autre de cire impure mêlée de quelque gomme. Tenez les globes par » les manches dans vos mains, & vous verrez que celui dans lequel fera la bougie de cire impure, deviendra tellement chaud, que vous ne le pourrez tenir à la main, au ≫ lieu que celui où fera la bougie de cire pure, ne fera que très peu chaud; ce qui ne peut arriver qu'à raifon des fuliginofités qui émanent de la bougie faite de cire impure, lefquelles étant plus épaiffes & vifqueufes que celles qui fortent de la bougie faite de cire pure, & ne pouvant facilement paffer » par les petits trous du globe, que je com> pare aux pores du corps humain, frappent & ébranlent de tous côtés les particules du métal dont eft fait le globe, & c'est par le mouvement de ces vapeurs qu'il eft échauf 30 D fé plus que celui où eft la bougie de cire pure, dont la vapeur à cause de sa ténuité, "paffe facilement par les petits trous. Que fi l'on objecte que la bougie faite de cire impure brûle plus promptement, & que par conféquent dans un même efpace de »tems elle produit plus de fumée que celle qui eft de bonne cire, je répons que les excrémens font plus abondans auffi dans l'état de la maladie, que dans celui de la fanté, & partant qu'ils ne fçauroient éga»lement paffer par les pores, tant à raifon de leur quantité que de leur qualité. Que fi la > différence des bougies apporte quelque dif»ficulté, fervez-vous de bougies égales, >>& bouchez une partie des trous de l'un des "globes, & vous verrez que celui dont quelques trous feront bouchés, deviendra beaucoup plus chaud que l'autre, ce qui ne peut arriver que des fuliginofités, lefquelles ne pouvant fortir fi vîte que l'autre dont tous les trous font ouverts frappent par leur mouvement continuel & ébranlent les pores du globe, ce qui le rend plus chaud que l'autre, fans qu'on "puiffe alléguer que la flamme de l'une des bougies foit plus chaude que celle de l'autre. 33 de → Vous avez vû, Monfieur, traiter beaucoup de malades, puifque votre charité |