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vérité; qu'inftruit par la raifon & l'expérience de tous les tems, il fe perfuade que la Magiftrature ne fera jamais plus refpectée que lorfqu'elle fera dégagée de toute pompe extérieure, & qu'il n'eft point de Juge véritablement digne de l'être, qui ne regarde fa dignité comme un titre qui le dévouë à la fimplicité des Mours.

Heureux, fi après avoir reçû de nos Prédéceffeurs le dépôt précieux des vertus qu'elle renferme, comme autrefois les mains les plus pures recevoient le feu facré auquel la deftinée de l'Empire étoit attachée, nous pouvons le tranfmettre fans aucune diminution à ceux qui viendront après nous, & cependant retracer à nos Contemporains les Mœurs de ces grands Hommes dont l'Hiftoire nous a confervé la mémoire pour être le modele & l'admiration de tous les fiécles!

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JEPITRE

De M. CAVALIES,

A M. D' ARNAU D.

D

'UNE Mufe habile, élégante,

L'éloge eft un vrai féducteur;

Et quoiqu'à notre efprit il paroiffe flateur,

Nous lui laiffons fuivre la pente

Qui le conduit à notre cœur.

Tel eft, D'ARNAUD, tel eft le féduifant éloge
Que vous donnez à mes accens ;
Mais à vos Vers trop complaifans,
Trop formellement je déroge

Pour les croire vrais en tout fens.

Des aimables Enfans du fublime Voltaire
Qu'Apollon vous donna pour pere,
Je n'ai point les heureux talens.

Eh! comment les avoir? loin de leur fan&tuaire,
Toujours clos & fermé pour l'ignorant vulgaire,
Loin des lieux élevés d'où ces aftres brillans
Eclairent des Beaux Arts la pénible carriere,
Je n'en reçois ici qu'une foible lumiere

Dont les rayons ne percent pas

Les ténebres de nos climats.

Or, ne pouvant de près voir la troupe choifie
Qu'Apollon couronna de fes plus beaux Lauriers,
Du Pinde je parcours les plus petits fentiers.
Sur le penchant du Mont, ma Mufe peu hardie,
Avec moi quelquefois erre dans un Bofquet;
Mais elle n'eut jamais d'envie

De me mener jufqu'au fommet.

Aux douceurs de la Poëfie

Je me livre nonchalamment.

J'aime à faire des Vers; mais jamais par manie,
Quelquefois par amusement.

Lorsque l'occafion à rimer me convie
Et s'offre naturellement,

D'abord, au défaut du génie,

Je confulte le fentiment.

Je fens, il me fuffit; fur le ton qu'il m'infpire
Aifément je monte ma Lyre,

Mon cœur me dicte ce qu'il fent.
Ceffe-t-il de fentir? moi, je ceffe d'écrire.

Enfin il eft mon Apollon;

Soit par raifon, foit par coutume,
C'eft de lui qu'en prenant la plume
J'implore la protection:

Et duffai-je à vos yeux paroître ridicule,
Je vais vous dire la formule

De ma courte invocation,

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»Touchante voix de la Nature,

>>Sentiment qui fais mon bonheur,
>>Qui jadis au cœur d'Epicure
»Parlas un langage flateur;

»Ainfi qu'à lui, fais-moi connoître

»Les plus fublimes vérités ;

»Donne à mon cœur, aimable Maître,

»Le goût des fages voluptés.

C'eft donc ainfi que je l'appelle

Quand j'ai besoin de fon fecours.
A toute heure il eft prêt de répondre à mon zele,
Apollon ne l'eft pas toujours.

Mais vous fur qui le Dieu des filles de Mémoire,
Prend plaifir à jetter les rayons de fa gloire ;
Laiffez-en échapper fur fon humble fujet,
Quelqu'un qui dans la nuit l'éclaire.
C'est le moins que vous pouvez faire;
C'eft auffi ce que fe promet (2
Celui que par bonté vous adoptez pour frere,
Et qui, nourri du même lait,

Voudroit être avec vous enfant du même pere.

୭୧

EPITRE

ALLEGORIQUE.

Par M. JOURDAN.

A Mademoiselle Du**. qui avoit prié l'Auteur de lui écrire en Vers.

L'AUTR

'AUTRE jour, dans la douce yvreffe

Qui naît d'un zele impétueux,

J'allai fur les bords du Permeffe
Preffer Apollon par mes vœux
De fuppléer à ma foibleffe,
Et de m'infpirer quelques Vers
Affez bons pour vous être offerts.

Ce Dieu, qui lut dans ma penfée,
Me prévint, & me dit. Comment!
Pour un Objet auffi charmant
Ta verve eft-elle donc glacée ?
Ne fçais-tu pas ce qu'eft Iris?
Rappelle-toi cét air affable,
Ce teint, ce fourire agréable,
Ces yeux animés par les Ris,
Ces yeux pleins d'une noble audace,
Et fi propres à s'enflâmer,

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