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lui; mais Zéphire irrité ne voulut pas l'entendre, lui tourna le dos & s'envola.

Leur réfroidiffement dura affez long-tems, lorfqu'enfin l'Amour qui avoit mis la difcor de dans l'Olympe & dont on avoit brifé les autels, réfolut de faire fa paix avec les Dieux, & de prendre pour compagne l'amitié sa foeur à la place de la folie. Ses temples furent auffi-tôt rebâtis, l'encens & les parfums recommencerent à brûler; on n'entendoit parler que des charmes de l'Amour & de fa compagne. On faifoit de continuels facrifices à Paphos & à Cythere; les tendres mortels y portoient tous les jours leurs offrandes. Les Prêtres pouvoient à peine fuffire aux libations.

Ce fut dans ces tems de triomphe pour l'Amour qu'il ofa fe préfenter à Zéphire avec l'Amitié fon aimable foeur. Je viens faire ma paix avec vous, dit-il à Zéphire en tremblant; je fçais que j'ai été la cause de vos tourmens. Mais, hélas! que je fuis changé. Après avoir fait le malheur des Mortels & des Dieux, je veux aujourd'hui les faire joüir d'une félicité parfaite; & comme vous avez été un des plus maltraités, foyez le premier à reffentir mes bienfaits. Recevez des mains de l'Amitié le cœur de la Déeffe Flore; il eft digne de toute votre tendreffe; vous lui êtes cher; & malgré votre indiffé

rence, vous vous laifferez attendrir pour elle. Suivez ma four; entrez dans ce Palais, vous y verrez la belle Divinité qui doit faire votre conquête.

Zéphire crut l'Amour fur la parole de l'Amitié; ils marcherent enfemble jufqu'à la porte du Palais; l'Amitié fervit de guide à Zéphire; ils traverferent plufieurs falles d'un goût & d'une magnificence extraordinaire, & arriverent enfin à l'appartement qu'occupoit la belle Flore. Jamais rien de fi beau n'avoit paru aux yeux de Zéphire ; il en demeura quelque tems interdit, & s'occupa à admirer dans un filence & avec des regards plus éloquens que tout ce qu'il eut pû dire alors, La divine Cytherée eut été jaloufe de tant d'attraits, les Jeux, les ris voltigeoient autour de fes beaux cheveux. Les Graces avoient pris foin de la parer; mais elle donnoit un nouvel éclat à fa parure, loin d'en recevoir. Son tein d'une beauté admirable étoit animé d'une vivacité mêlée de douceur; le plus agréable fourire étoit peint für fes belles lévres; fa taille étoit fine & dégagée, fon port noble & majeftueux; en un mot il n'y avoit rien dans toute fa perfonne, qui ne méritât une admiration particuliere.

Après que l'Amitié eut placé Zéphire fur un carreau d'une riche étoffe, elle fut prendre place à la droite de fa Déeffe; l'Estime

étoit affife à fa gauche, & le Refpect tenoit fur fa tête une couronne de Myrthe & de Jafmin. Auffi-tôt que Flore apperçut Zéphire, elle fe leva, lui tendit la main, & lui adreffa ces paroles que lui dicterent les Graces. Tendre Zéphire, fi votre inconftance n'étoit pas fondée fur les défauts de vos Maîtreffes, je me ferois bien donné de garde de défirer votre conquête; mais l'Amitié & l'Eftime m'ont inftruite de la délicatetfe de 'vos fentimens ; vous euffiez toujours aimé votre premiere Amante, fi elle avoit toujours été aimable, & la réputation que vous avez d'être volage, fait plutôt votre éloge qu'elle n'eft capable de vous nuire auprès des perfonnes qui vous connoiffent. J'ai prié l'Amitié de vous conduire à ma Cour; fi vous me trouvez digne de vos hommages, je vous reconcilierai avec l'Amour; finon vous ferez libre de me quitter & d'aller chercher ailleurs une conquête digne de vous.

Après que la Déeffe eut parlé, il s'éleva un doux murmure dans l'Affemblée, qui fùt interrompu par la réponse de Zéphire qui commença en ces termes. Belle Flore, comment pourrai-je reconnoître les obligations que je vous ai ? & quel Dieu ne feroit pas flaté de partager l'immortalité avec vous? j'accepte avec autant de plaifir que de refpect l'offre obligeante que vous voulez

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bien me faire. Trop heureux fi je puis mériter par ma tendreffe & mes égards le bonheur dont vous m'honorez ! Achevez, belle Déeffe, ma reconciliation avec l'Amour! Puifqu'il nous unit tous les deux, je jure par l'Eftime & par l'Amitié de vivre toujours d'intelligence avec lui. Auffi-tôt on fit entrer le Fils de Vénus qui ferra les nœuds de Zéphire & de Flore. Toute l'Affemblée applaudit, & le jour finit par les danfes, les concerts, les jeux & les plaifirs. Depuis ce tems-là on n'a plus entendu parler de l'inconftance de Zéphire; il découvre tous les jours dans fa Maîtreffe des qualités qui lui étoient échappées : fon amour prend à chaque inflant de nouvelles racines, & fa feule crainte eft de perdre le cœur de l'Objet qu'il adore,

Il n'appartenoit qu'à vous, belle Flore, tendre Deeffe, de fixer un cœur que le bon goût & la délicatefle rendoient volage: vous n'avez rien à craindre de fa légereté, puifqu'il a trouvé une Amante qui réunit dans fa perfonne la beauté, les graces, l'efprit, l'enjoûment & le caractere le plus noble & le plus généreux.

Tome I. Partie II.

R

SAUX FAMEUX SCULPTEURS Chargés de travailler au Maufolée de feu M. le Cardinal DE FLEURY.

Par M. DE BONNEVAL.

DOCTES

OCTES Rivaux dans l'Art où brilla Gi rardon,

Adam, le Moine, Bouchardon,

Votre léger cifeau va donc faire paraître
Les vertus du Ministre, & les regrets du Maître.
La douleur ne veut point d'efforts ingénieux;
Soyez fimples comme l'hiftoire.

Il fuffit d'expofer le Miniftre à nos yeux,
Pour votre honneur & pour fa gloire.

L'élégance des ornemens

Vaut-elle de Louis les tendres fentimens ?

Vous pouvez, d'un feul trait, faire honte à la Parque :

Gravez fur ce Tombeau les larmes du Monarque

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