La liberté d'un Peuple & l'équité des Loix.
C'eft-là que vous voyez Ciceron, Demofthene';
Ornemens éternels des Romains & d'Athene
Défendant leur paiis, affrontant les Tirans,
Prefque des mêmes coups l'un & l'autre expirans,
Victimes des fureurs d'un Roy de Macédoine,
Profcrits infortunés de la haine d'Antoine.
Charmé de partager leurs précieux Trésors
D'un Moderne élégant vous blâmiez les efforts,
Quand d'un ton qui pourroit fufpendre la victoire,
Il veut à leurs dépens augmenter notre gloire.
Paroiffez donc ici, célebres Orateurs,

Ornemens du Barreau, fçavans Déclamateurs,
Patru, Forcroy, Pajot, Chardon, Robert, Nivelle,
Sur quels pas marchez-vous? quel eft votre mo-
delle,

Quand d'un riche Client vous foutenez les droits,
Et qu'un Juge fouvent s'endort à votre voix?
Cét illuftre Sénat où régnoit la Justice,
A l'Orateur Romain autrefois plus propice,
De fon art éloquent prenoit les fentimens,
L'écoutoit, admirant ses nobles mouvemens.
Soit enfin qu'il fallut abfoudre Dejotare,
Qu'il fallût s'opposer à la fureur barbare
Du fier Catilina, des autres Conjurés
On vit tous les confeils fuivis & réverés.
Mais je vous vois déja chercher les origines
Des Empires fameux, leurs progrès, leurs ruines,

Daphnis, & je vous trouve, au milieu du repos,
Environné de Rois, de Confuls, de Héros,
Themiftocle, Numa, Periclés, Alexandre,
Cefar, Coriolan, Artaxerce, Lifandre,
Sylla, Sertorius, Timoleon, Cyrus,
Xenophon, Annibal, Philopomen, Pyrrhus,
Augufte, Marcellus, Germanicus, Phraate,
Pompée, Agefilas, Scipion, Mitridate,
Viennent féparément vous conter leurs Exploits.
Les Chefs, les Empereurs, les Princes & les Rois
Paroiffent devant vous tout éclatans de gloire,
Et des fiécles paffés vous racontant l'Hiftoire,
Vous les voyez encor, de leurs faits éblouis,
Céder à la grandeur des exploits de Louis.
Ce qu'il fait aujourd'hui femble prefque incroya
ble;

Les fiécles à venir le croiront une fable.

Tous ces Géans ligués pour attaquer les Cieux,
Sont par un Jupiter foudroyés en tous lieux.
Les Monftres font domptés, l'Hydre n'a plus de

tête;

D'un Hercule nouveau, c'eft la moindre conquête
Phébus eft en couroux, un Soleil tout ardent
Va plonger Phaeton au fond de l'Eridan.
Comme un autre Thefée il combat le Centaure,
Dans fon Dédale il va chercher le Minotaure.
Ce généreux vainqueur, cét illuftre Jafon,
Veut d'un Ufurpateur arracher la Toifon.

Comme à fes grands deffeins il n'eft rien d'impof fible,

La Fable par fes foins va devenir plausible,
Et l'on croit à préfent les exploits glorieux
Des Héros que la Grece a mis au rang des Dieux.

Evitant ce qui peut troubler un fort tranquille, Enfermé dans les murs d'une fuperbe Ville, Où la Jorgue coulant par différens canaux, Dans un Fleuve voisin précipite ses eaux; Dans un Isle, où le Rhône approchant la Du

rance

Voit un Etat paifible au milieu de la France,
Infultant la fortune, & vivant en repos

Je tâchois par ces Vers à suspendre mes maux,
Quand Louis devant Mons conduifant une Armée,
Fixoit tous les regards de l'Europe allarmée ;
Que d'un autre côté, fes généreux Guerriers
Devant Nice pour lui moiffonnoient des Lauriers,
Et que Rome attentive au fuccès de la Guerre,
Travailloit à remplir la Chaire de Saint Pierre.

HISTOIRE

A BRÉGÉE

DE TRES-HAUT, TRES-PUISSANT

ET TRES-VERTUEUX PRINCE

JACQUE II.

ROY D'ANGLETERRE,

D'ECOSSE ET D'IRLANDE,

Décédé à S. Germain en Laye, le Vendredy 16 Septembre 1701.

ACQUE II. Roy d'Angleterre d'Ecoffe & d'Irlande, fecond fils de Charle I. Roy d'Angleterre & de Henriette de France, fille de Henry IV. & fœur de Louis XIII. étoit un Prince des plus accomplis. Une piété fincere, une humilité chrétienne, folide & véritable, un zele ardent pour la gloire & l'intérêt de la

Religion de JESUS-CHRIST ont toujours paru dans fa conduite & dans fes actions: généreux dans le péril & dans les dangers, foumis aux ordres du Seigneur, adorant fans ceffe les fecrets jugemens, de Dieu far fa Perfonne Royale, on l'a vû ce grand Roy donner partout des marques d'une vertu héroïque, & digne d'un Prince qui ne regne fur la terre, que pour mériter le regne de

l'Eternité.

Ce grand Prince naquit à Londres le 14 d'Octobre 1633. Sa naiffance fut un heureux préfage pour l'Angleterre, dont le Thrône s'affermiffoit par une poftérité si glorieufe. Cependant, à peine parut-il fur la Terre, que la main du Tout-Puiffant le conduifit par la voye de la tribulation. Un défordre univerfel occupoit l'Angleterre, des Guerres civiles & domeftiques ren doient ce Royaume, autrefois fi fidèle à Dieu, le théâtre fameux de la guerre ; ce qui fut caufe que ce Prince ne fut folemnellement proclamé Duc d'York que dix ans après få naiffance, les Lettres Patentes de cette Proclamation n'ayant été expédiées que le 27 Juillet 1643. Les troubles & la divifion continuant toujours dans l'Angleterre, Oxford fut pris en 1646. Le parti rébelle des Parlementaires fe faifit de ce Prince, & le conduifit à Londres ; il y resta