Imágenes de páginas
PDF
EPUB

deux ans fous la garde du Comte de Northumberland: il fe, fauva enfin déguifé en fille, d'une rude & cruelle captivité l'an 1648, & fe retira en Hollande auprès de la Princeffe d'Orange fa fœur, par le fecours du Colonel d'Amphield.

La mort de fon pere Charle I. funefte & inoüie, caufée par la cruelle ambition de Cromwel, arriva l'an 1649. Henriette fa mere s'étoit alors retirée à Paris, où fa Perfonne facrée avoit trouvé un afile affuré contre la trahifon de fes Sujets. Ce Prince y vint auprès d'elle participer à une fure & inviolable protection, & apprendre à combattre & vaincre fous le plus grand Capitaine qui fût alors dans l'Univers.

C'étoit l'illuftre & généreux Vicomte de Turenne, dont il apprit dès l'âge de vingt ans l'art de remporter des victoires. Il don ná des marques d'un grand coeur & d'un courage invincible dans plufieurs rencontres, où fa valeur digne de fa naiffance fe faifoit expofer; il commandoit avec pru-dence, il obéiffoit avec foumiffion; rienn'étoit impoffible à fes généreufes entrepri-fes; & regardant M. de Turenne comme P'unique Maître qu'il pût alors imiter, il combattoit avec force pour un Roy qu'il prévoyoit être un jour le plus grand Monarque de l'Univers. Il femble que ce grand.

Prince avoit dès ce tems-là de fecrets préjugés que LOUIS LE GRAND feroit à l'avenir le protecteur de fes derniers momens, comme il l'étoit alors de fa jeunesse. Plus la gloire du Roy s'augmentoit par les triomphes continuels qu'il remportoit fur fes Ennemis, & plus fa joye étoit parfaite; & fon attachement étoit fi fincere pour la Perfonne augufte & toujours triomphante de LOUIS LE GRAND, qu'il auroit voulu dèslors cimenter de fon propre fang une gloire qui ne finira jamais, & qui fera à la poftérité un auffi grand fujet d'admiration, qu'elle a étonné jufqu'à présent & confondu tous les Ennemis qui ont ofé l'attaquer.

En 1655, Jacque I I. qui n'étoit encore que Duc d'York, fervit en Flandre dans l'Armée d'Espagne fous Dom Juan d'Autriche avec le grand Prince de Condé, qui fut témoin plufieurs fois de fon courage, & qui en admira la grandeur. Cromwel gouvernoit alors l'Angleterre, dont il s'étoit fait déclarer le Protecteur, depuis la mort de Charle I. C'étoit un homme fans religion, fans pieté, fans foi, politique extrême, hardi dans fes entreprises, & doüé de toutes les intrigues propres à abattre un Trône, & à s'y élever foi-même contre la juftice & la raifon. Il fçavoit l'art de ménager les efprits les plus difficiles. Tout le

Parlement d'Angleterre n'agiffoit que par lui. Il difpofoit des Charges & des Dignités de l'Etat, il régloit les Finances, & fe rendit fi puiffant & fi redoutable parmi les Anglais, qu'il fe choifit lui-même pour fucceffeur, Richard fon fils, qui par un jufte jugement du Seigneur fut dépofé peu de tems après la mort de fon pere, qui arriva le 13 Septembre 1658, ayant pouffé fon usurpation & fa tyrannie jufqu'au dernier mo

ment.

Après la mort de Cromwel, les Anglais qui avoient dépofé Richard, rappellerent leur Roy légitime Charle II. L'Ecoffe l'avoit déja reçû dès la mort de Charle I. Mais les Anglais conduits par Cromwel le poursuivirent avec tant de fureur, qu'après la Bataille de Worcester, qu'il perdit en 1651, à peine pût-il fe fauver en France fous les habits d'un Valet de chambre de la fille du Colonel Lane. De France il paffa en Hollande, & en 1660 le Général Monk s'étant rendu maître du Parlement, il retourna en Angleterre, où il fut couronné en 1661. Jacque II. Duc d'York le fuivit & affifta à fon couronnement. L'Angleterre reprit alors fon ancienne liberté : les troubles fe diffiperent, & les rebelles ayant été punis, les guerres domeftiques furent terminées, & le Roy ne s'occupa plus qu'à

maintenir fon Royaume contre les Ennemis Etrangers..

En 1665, les Provinces-Unies déclare-rent la guerre à l'Angleterre. Jacque II. qui avoit été fait Grand Amiral du Royaume, commandoit l'Armée Navale. Les Flottes étoient nombreuses de part & d'autre; mais le courage de ce grand Prince. animant tous les Soldats au combat, il remporta une fameufe victoire fur toutes les Troupes Hollandaifes, où leur Amiral Op dam périt avec quinze ou feize de ses Vaiffeaux. Ainfi commençoit ce grand Prince,, également généreux, également Chrétien, à affermir le Trône de fon Frere, dont il fe faifoit gloire d'être le plus fidele Sujet : donnant aux Anglais un modele accompli. de foumiffion parfaite & de fidelité fincere,, il fçavoit parfaitement allier la tendreffe & l'affection qu'il devoit à fon frere, avec l'obéiffance entiere qu'il devoit à fon Roy.

Déja les Hollandais avoient repris leurs forces & leur vigueur, la Guerre fe rallume, & s'excite. La France & l'Angleterre réüniffent leurs forces., Jacque II. commande ces deux Armées Navales, il donne deux Batailles également foutenues & victorieufes, & s'expofant partout où le péril & le danger paroiffoit plus preffant, il fut obligé de changer trois fois de Vaiffeau dans le

premier Combat. Il retourna victorieux à Londres, où il fut reçû au milieu des acclamations publiques d'un Peuple qui le regardoit comme le Protecteur du Trône & de la liberté de l'Etat..

Mais s'il fçavoit l'art de dompter les flots d'une mer orageufe, & de couler à fonds des Flottes entieres, il fçavoit encore celui de calmer les efprits & d'arrêter la révolte & la rébellion.. Comme un Ange de paix, il pacifia l'Ecoffe émûë & troublée par quelques Prefbyteriens en 1681. Sa douceur qui charmoit, appaifa tous ces Peuples révoltés, & fans verfer le fang des Sujets de fon Frere, il les réunit dans l'obéiffance, dont quelques factieux les avoient détournés. Ce fut dans cette rencontre où ce grand Prince fit paroître & fa prudence finguliere, & fa conduite digne d'un Roy qui chérit fes Sujets.. Le Parlement d'Ecoffe étoit affemblé : le nombre des Rébelles s'augmentoit de jour en jour, le parti se fortifioit, les plus fideles étoient déja pref que rendus; mais à peine ce Prince doux, affable, infinuant, eut-il parlé à ce Peuple, que la fédition.ceffa; & quoiqu'il ne fût pas encore orné du Sceptre & de la Couronne qu'il a enfuite porté, fes paroles néanmoins ne laiffoient pas d'avoir cette onction fainte & particuliere que Dieu donne aux Maîtres

« AnteriorContinuar »