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qu'à confiderer qu'il y a de deux fortes de dignités à l'égard de la grandeur de l'Euchariftie. Il y a une dignité qui eft proportionnée à la Majefté infinie de JESUS-CHRIST, & une autre qui eft proportionnée à notre état & à notre condition de Chrétiens. Pour la premiere dignité, JESUS-CHRIST ne la demande pas de nous, parcequ'elle n'eft pas en notre pouvoir; & il n'y a perfonne en ce fens qui le puiffe recevoir dignement. Mais pour la feconde dignité qui eft proportion née à notre état, il veut que nous faffions tous nos efforts. tâpour cher de l'avoir, afin de le recevoir dignement. Et c'est pour cela qu'il nous commande de mener une vie fainte & éloignée des maximes du monde, de nous renoncer nousmêmes, de porter notre croix & de le fuivre, comme les Apôtres & les faints Peres nous l'ont enfeigné après lui, felon que nous nous y fommes obligés par les promeffes. que nous en avons faites dans notre Batême.

D'autres pourroient encore alleguer, que notre Seigneur man

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geoit fouvent avec les pecheurs & les publicains; & que quoiqu'on y trouvât à redire, il ne laiffoit pas fe trouver avec eux en plufieurs rencontres; & qu'il difoit même à ceux qui l'en vouloient détourner, qu'il n'étoit pas venu pour fauver les juftes, mais les pecheurs.

Tout cela eft vrai. Mais il ne faut que favoir avec quelle forte de pecheurs JESUS-CHRIST converfoit, pour voir quel égard on doit avoir à cette objection. Si c'étoit des pecheurs qui reffembloient à ceux dont parle l'Ecriture, qui fe plaifent dans leurs méchancetés, & qui fe réjouiffent d'avoir mal fait. Et c'eft ce qui ne fe peut dire, puifque nous lifons dans l'Evangile, que J ES U SCHRIST a toujours été très-contraire & très-oppofé à ces fortes de pecheurs ma'icieux & endurcis qui n'ont point ceffé de lui faire la guer re, comme ses ennemis déclarés qui s'oppofoient à fa doctrine & qui la méprifoient, & qui fe moquoient de fes remontrances & de fes inftructions:

Mais il faut demeurer d'accord que ces pecheurs avec lefquels le

Sauveur prenoit plaifir de demeu rer, de converfer & de manger, étoient bien differens de ceux-là. Car quoiqu'on les appellât pecheurs, ils ne l'étoient plus néanmoins; & ils étoient juftes devant JESUSCHRIST qui les avoit convertis par fa grace. Il eft vrai Il est vrai que les Pharifiens les appelloient pecheurs, parcequ'ils l'avoient été, & qu'ils les croyoient encore tels; mais c'é toient des aveugles qui ne connoilfoient pas les miracles de la grace, dont ils avoient été prévenus.

C'est ce que l'Evangile nous fait voir par une infinité d'exemples, & fur-tout par ceux. de. S. Matthieu, de fainte Madeleine, de Zachée, & d'une infinité d'autres qui ont tous été reçus de J. C. qui ne les a néanmoins rendus juftes que parce qu'ils le font tous préfentés devant lui avec crainte, avec humilité, & avec une reconnoiffance fincere de leur mifere & de leur indignité. Et on peut dire auffi que ces fortes de pecheurs ne peuvent jamais être rebutés ni éconduits, parcequ'ils em voient devant eux pour témoins & pour ambaffadeurs de leur véritable

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converfion, leurs douleurs, leurs. gémiffemens & leurs larmes, comme parle le Clergé de Rome dans une lettre à S. Cyprien. Que ceux donc qui defirent les mêmes graces que ces pecheurs, s'humilient com- " me eux aux piés du Seigneur; qu'ils « ne paffent pas fitôt des piés à la tête, comme dit faint Bernard, ni des pleurs de la pénitence à la joie de l'Euchariftie..

CHAPITRE XVIII.

Sentimens du Pere Emeri de Bonis Je fuite, touchant les abus qui fe com mettent dans l'usage de la Commu-.

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nion..

E trouve, dit ce Pere dans un """ Traité qu'il a fait du faint Sacre: « ment de l'Aurel, deux grands abus “ dans l'ufage fréquent du très-faint " Sacrement; & plût à Dieu qu'ils " fullent entierement ôtés.

Le premier eft de certaines perTonnes qui ne laiffent point paffer " de femaines fans tomber une ou " plufieurs fois dans le peché de la « chair, & néanmoins veulent r munier tous les huit jours..

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Il y en a d'autres qui à la vérité » pechent plus rarement, mais qui » veulent communier tous les jours qu'ils ont accoutumé de le faire, » quoiqu'il y ait très-peu de tems » qu'ils foient tombés en peché.

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L'abus & l'erreur des premiers. » eft très-grand, en ce qu'ils ne confiderent pas combien ce vice infa» me & honteux eft contraire à la pu ,, reté & netteté de cette chair virgi nale, de cette humanité très-fainte, » & de cette très-éminente divinité » que nous recevons dans ce très-faint » Sacrement; parceque s'ils connoiffoient véritablement fa grandeur », & fon excellence, ou ils s'amende>> roient & changeroient de vie, ou ils » n'auroient point la hardieffe de le recevoir fi fouvent,ni même jamais, ,, fi ce n'eft qu'ils y fuflent obligés » par quelque commandement de l E,,glife, qui n'ordonne pourtant à perfonne de communier dans l'année, hors la fête de Pâque, & qui fuppose toujours qu'on foit bien dif» posé.

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Et néanmoins il fe trouve des perfonnes fi hardies, ou pour mieux », dire fi effrontées & fi impudentes,

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