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ce qu'il obferve encore ailleurs, ne dit pas toutefois ici nay à trois bras ; d'au tant qu'en ce cas, felon cette autre expreffion, ce feroit l'enfant luy même, qui viendroit au monde avec trois bras fur fon corps.

Aprés donc, dit l'Oracle, qu'on aura vû cet enfant né d'une mere qui aura ellemême trois bras fur fon corps, ce fera un fignal ou prognoftic de la guerre que trois Couronnes feront enfuite de cette naiffan ce à un Pape, que Noftradamus nous reprefente ici par allufion à la Fable, fous le nom du grand Endymion. Or parce que toutes comparaifons ne font pas toû jours juftes, & qu'il y a fouvent (comme on dit) quelque chofe qui cloche: c'eft pour cela qu'il ne faut pas exiger ni attendre de la perfonne dont l'Oracle prétend ici parler fous le nom du grand Endymion, toutes les aventures que la Fable attribue à Endymion, qui n'étoit qu'un Pafteur ou Berger, Mais il faut feulement fous ce nom de grand Endymion, concevoir ou comprendre le grand Pafteur de l'Eglife, qui n'eft autre que le Pape, qui dans la conjoncture de ce nay de trois bras, aura une rude guerre à effuyer & foutenir contre trois Couronnes : foit que ce foir contre trois differentes Teftes Couron

nées, ou trois Etats Monarchiques, qui auront confpiré tous trois enfemble, la deftruction & la ruine de l'Eglife Romaine, comme nous l'avons dit ci devant de Naples, Leon, Sicile: ou foit enfin qu'il ne faille entendre qu'un feul & même Prince, qui portera trois Couronnes, comme font les Rois de la Grande Bretagne.

il fembleroit volontiers que ce Pape fetoit le même que celui dont il eft parlé, Cent. I. Qxxv.

Perdu, trouvé caché de fi long fiecle, Sera Pafteur demi-Dieu honoré.

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Car cet homme qu'on avoit crû perdu, ayant efté trouvé, fans doute comme endormi ainfi qu'un autre Endymion, caché depuis long fiecle, fans qu'on fceuft ce qu'il étoit devenu, non plus que s'il cuft été fondu : il fera, felon toute apparence, pour ce fujet fait Pape. Or tout ainfi qu'Endymion fut jadis les delices de la Lune, felon la Fable: tout de même celui-ci que l'Oracle appelle pour ce fujet le grand Endymion, fera auffi les delices de l'Eglife, honoré comme un demi-Dieu. Mais quelque haute eftime que L'Eglife puifle avoir pour ce grand Pa

fteur, il ne laiffera pas, tout vieux qu'il foit, ayant été trouvé long temps aprés avoir été perdu, que d'eftre enfin des honoré par d'autres vieux, dit le dernier vers du Quatrain. Ce qui pourroit s'expliquer, par autres Preftres. Cat @geoßÚTE gos, Preftre, veut dire, vieux, quant aux mœurs. Je fçay bien que la plupart des Editions font lire à ce dernier vers: Par autres vents, ou bien, par autres veux : mais je croy ces deux mots corrompus par les Copiftes; & qu'il faut affurément lire avec Valentin de Rouen & quelques autres, par autres vieux, &c. pour infinuër la vieilleffe de ce Pape, & celle de fes ennemis, vieux en effet, ou feulement de nom. Quant à ce qui regarde le troifiéme vers, je n'en dis mot: parce qu'il renferme un de nos noms de convenance in❤ connus,- que nous avons reservez pour un autre Ouvrage. Voici encore deux ou trois autres fort jolies allufions à la Fable, C'eft dans la Cent. 11. Q. LXXXI.

Par feu du Ciel la Cité prefqu'adufte,

L'urne menace encore Deucalion:

Vexée Sardaigne par la punique fufte, Aprés que Libra lairra fon Phaeton. Laiffant à part la fable de Deucalion,

que

que tout le monde fçait, je dirai feulement que les deux premiers vers de ce Quatrain ne veulent rien dire autre chofe, finon qu'aprés que le fen du Ciel aura prefque confommé & reduit en cendre la ville capitale de quelque contrée ou prevince, qu'il faut ici entendre par Antonomafie, fans neanmoins la déterminer autrement: il arrivera enfuite de cet embrafement un fi grand déluge d'eau, apparemment vers ces quartiers là, qu'il y aura des endroits où il ne reftera quafi perfonne, ainfi qu'il arriva dans la Theffalie au temps de Deucalion. Voila pour la premiere allufion.

Le troifiéme vers nous dit auffi fort clairement fans aucune allufion, que l'Ile de Sardaigne, qui appartient au Roy d'Espagne, fera vexée: c'eft à-dire tourmentée & affligée par les Corfaires de Tunis, qu'il faut entendre, par la punique fufte. Mais cela n'arrivera, dit Noftrada-. mus, qu'aprés qu'un certain Etat figuré par la Balance, aura abandonné ou délaiffe fon Prince, qui en avoit obtenu le gouvernement par brigues & par prieres, comme un autre Phaeton, fuivant le fens du dernier vers, qui fait la feconde allufion à la Fable, Car il faut remarquer que Noftradamus compare ce Prince, qui fe

fera lui même par fes intrigues procure le gouvernement de cet Etat de la Balance, à Phaeton fi connu par les fables. D'au tant que comme Phaëton, en voulant conduire le chariot du Soleil, le renverfa haut en bas du Ciel, & caufa par fa teme rité bien du fracas & du defordre dans la Nature & dans le Monde, comme il eft à croire: tout de même ce Prince renverfera fans deffus deffous l'Etat dont il aura demandé le gouvernement & la conduite.

S'il y avoit en France ou ailleurs, com me il en eft toûjours de toutes les manie res, des ofprits affez infolens, malicieux, ou aveuglez de leur defir, paffion ou ftupidité, pour faire l'application du dernier vers de ce Quatrain à un Prince Fran çois, fous quelque petite bluette de convenance bien legere & bien foible: je leur declare net qu'ils en auront, avec la grace de Dieu, le démenti; & que ja mais cette Prophétie ne conviendra à au cun Prince de la Maifón de France, dans l'idée & la vue 'de Noftradamus, ainfi que j'en ferai tres bien la preuve ailleurs, & qu'on le reconnoiftra par l'évenement.. Je pourrois encore iei parler de quelques autres allufions que Noftradamus fait à la Fable, & dire entre autres qui font au jourd'hui les Princes dont cet Oracle s'en

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