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perbes, enflez de leur fcience, mais vujdes de charité: afin de rendre ce fervice à ma chere Patrie, en la difpofant à reconnoiftre la verité du fecond Paradoxe, par la veritable expofition que je viens de faire du premier. D'autant que cette feconde verité, toute brillante qu'elle pourroit cftre d'elle-même, n'éclateroit peut-eftre jamais affez toute feule, pour deffiller les yeux des envieux, & ouvrir l'efprit aux plus prevenus & obftinez Frondeurs ou Critiques de Noftradamus. C'est pourquoi, tandis que les fages & les fous à qui je fuis redevable, feront ici leurs reflexions telles qu'il leur plaira, nous allons paffer à notre fecond Paradoxe,

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Que l'Epiftre à Henri II. ne s'adreffe aucunement à ce Prince, mais uniquement à Louis le Grand.

Cy, icy, Meffieurs les Partifans, Amis, Lecteurs, & Interpretes de Noftradamus! Icy auffi vous autres fes Fron deurs ou Critiques! C'eft ici, s'il yous plaît, qu'il faut faire attention, ouvrant

en même temps les yeux & les oreilles tant du corps que de l'ame grands à merveille, pour vous préparer à reconnoître que vous vous eftes tous grandement trompez, quand vous avez crû bonnement que ce que Noftradamus faifoit femblant de dire dans fon Epiftre à Henri II, s'adreffoit veritablement à ce Prince. J'at dépit, qu'il faille qu'un petit homme comme moy, foit forti de fon village, pour venir aujourd'hui fe mettre en avant à Paris, afin de vous détromper de vos erreurs fur cet article. Hé quoy? ne fçavez-vous pas bien que la rufe des bons Comediens eft de jouer tantoft un perfonnage, & tantoft un autre, fous differens noms empruntez? N'avez-vous jamais lû les Colloques d'Erafme, ni les Folies de Rabelais? Penfez-vous que Noftradamus qui étoit prefque leur Con temporain, ait été moins fpirituel qu'eux? Si vous n'en croyez rien, venez donc ici l'apprendre, & me fuivez pas à pas; car je m'affure que malgré toute votre belle prévention, vous demeurerez tous d'accord avec moy, & vous ferez enfin plus que convaincus que ce n'a jamais été l'intention de Noftradamus de parler à Hen. ri II. dans l'Epiftre qu'il fait femblant de luy adreffer: mais que fous ombre de

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parler & de s'entretenir avec ce Prince, il ne penfoit & ne fongeoit veritablement qu'à Louis le Grand.

Ce fecond Paradoxe a encore deux Parties comme le premier. Qui prouve l'une des deux, prouve affez l'autre.Commençons donc par la premiere, qui pole & établit la feconde; & puis nous fini rons par la feconde, qui prouve auffi & conclut à fon tour la premiere.

PREUVES:

de la premiere Partie du Second Paradoxe,

Je prétends ici démontrer par deux ou trois belles raifons, que jamais Noftradamus n'a eu intention de parler à Henti II. dans l'Epiftre qu'il semble luy avoir adreffée.

1. Parce qu'il ne luy a jamais ni pre fenté, ni fait prefenter cette Epiftre, non plus que les trois Centuries qui la fuivent comme il l'auroit fans doute fait, fi g'avoit été à luy même qu'il les cût verita¬ blement dédiées.

20. Parce qu'il n'a point mis dans toute cette Epiftre, quelque longue qu'elle fait, le moindre mot qui regarde la des

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ftinée, ou qui faffe l'horoscope, ni d'Hen ri II, ni d'aucun autre de la Famille Roya le de ce Prince.

3o. Parce qu'il n'y a là dedans d'un bout à l'autre quoi que ce foit que le nom de Henri II. qui défigne uniquement ce Prince, pluftoft que tout autre Roy de France.

Premiere Preuve.

Je ne croy point qu'il y ait jamais eu au monde perfonne de bon fens, qui ayant une fois écrit une lettre à un homme vivant, ait cependant voulu attendre à la luy envoyer aprés fa mort, fur-tout quand il en a prévû à peu près le temps. Or il eft à remarquer que Noftradamus écrivoit fon Epiftre à Henri II. dés le com. mencement de l'année 1557, & qu'il ne la finit qu'au mois de Juin de l'année fuivante 1558, fans toutefois s'empreffer par aprés, ni de la prefenter à ce Prince, ni même de la publier de fon vivant: quoy qu'il fçût tres bien qu'Henri II. ne la fe roit plus gueres longue. En effet, ce Prin ce mourut un peu plus d'un an aprés l'a chevement de cette Epiftre, dont il eft à préfumer qu'il n'en a même jamais entendu parler. Il femble cependant que

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cet efpace de temps devoit plus que fuffire Noftradamus, pour trouver pendant treize à quatorze mois la commodité ou de la prefenter luy-même, ou de la faire prefenter par fes amis avant la mort de ce Prince, s'il euft eu veritablement l'envie de le faire. Mais au contraire cet Oracle avoit un grand & notable intereft de ne pas montrer, fur-tout à la Cour, hi fon Epiftre à Henri II. ni les Centuries qui la fuivent parce qu'il ne pouvoit pas douter que s'il venoit une fois à les publier, l'on ne manqueroit pas à luy faire là deffus une infinité de queftions tresfatiguantes, & même fâcheufes & embarraffantes pour luy. Par exemple, on luy auroit fans doute demandé ce qu'il entendoit par la longue fterilité de la grand Dame, par les deux enfans principaux, par les trois freres, & femblables endroits de cette Epiftre; comme auffi l'on n'auroit pas manqué de l'interroger fur plufieurs Quatrains des Centuries qui la fuivent, notamment fur ceux-ci,

Grand Mendofus obtiendra fon Em- Cent.

pire,

IX. 2 XLV.

Mendofus toft viendra à son haut Re- & L.

gne,

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