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avoit pofée en general, fçavoir à la pluyeg voulant dire par là, que la nouvelle empêchera l'armée de terre, & que la pluye empêchera auffi l'armée de mer; & tout cela fuivant le precepte de Sylvius cité ci-deffus. En quoy certes il faut que les Sçavants, quelque fuperbes & orgueilleux qu'ils puiffent eftre, à caufe de leur fcience, dont ils font enflez, demeurent ici d'accord, malgré qu'ils en ayent, qu'un efprit infiniment plus puiffant que celui de Noftradamus, l'a conduit à la main, à travers toutes ces brouffailles & tenebres, pour l'empêcher de broncher parmi tant d'écueils & d'âpretez. Nous en verrons encore une infinité de beaux exemples dans la fuite, qui feront voit clairement & évidemment, combien a été temeraire, & j'oferois quafi dire infenfé, le jugement qu'en ont fait jusqu’ici tous ces fuperbes Sçavans, qui l'ont lius æ raillé, méprifé, & maltraité dans leurs ftima- écrits. Car on peut reconnoiftte par tous ces beaux endroits, que ce n'eft point fans fujet, ni le propre d'un efprit égaré,quand l'Oracle s'eft écrié avec le divin Sauveur: Domine abfcondifti hec à fapientibus & prum dentibus, ideft Potentibus & Regibus, &enu, Ep. à cleafti ea exiguis & tenuibus: Pour dire que Cef. 2. Dieu ne va pas toujours chercher les Sa feuilles.

Nos in

fenfati vitam il

bamus

infa

niam,

&c.

ges ni les Grands du monde pour operet fes merveilles, parce qu'il prend fou vent plaifir, afin d'humilier les fuperbes, à fe fervir en ce rencontre, des perfonnes viles & abjectes felon le monde, mais qui font précieufes aux yeux de Dieu.

Les difficultez du Quatrain ci-dessus étant donc une fois ainfi reconnues & expliquées: il est aisé prefentement d'expliquer ce Quatrain en cette maniere.

EXPLICATION.

Une nouvelle fubite (parce que l'on në s'y attendra pas ) & une pluye impétueufe, empêcheront foudain deux armées (fous-entendez) d'aller à leurs fins, ou d'executer leurs deffeins; deux armées, dis-je, dont l'une fera fur terre & l'autre fur mer, qui auront été tumultuairement levées & équipées à la hâte; en forte neanmoins que la pluye impetueufe qui fera mêlée de pierres & de feux, qui tomberont du Ciel dans la mer, & qui la rendront pierreufe, empêchera tout d'un coup par ce prodige tout extraordinaire, l'armée navalle d'aller à fes fins ; & d'autre côté la nouvelle fubite à quoi l'on ne s'attendoit pas, qui fera de la mort de fept perfonnes, empefchera auffi l'armée de terre d'agir conformément à fes def

feins, tant ces deux accidens fubits & imprévûs, déconcerteront tout à coup ces deux armées, qui en feront pendant quelque temps comme immobiles & tout à fait interdites, né fçachant de quel côté tourner, ni quelle refolution prendre, à l'exemple de Catilina: Deux armées, dit-il, nous empêchent nos deffeins.

Il y a beaucoup de tels exemples dans Noftradamus, dont j'en ai choisi encore quelques-uns, pour appuyer ce que je viens de dire à ma troifiéme remarque, tel qu'eft celui-ci, Cent. x. Q. XII.

Eflu en Pape, d'eflu fera mocqué, Subit, foudain émeu prompt & ti

mide.

Il faut ici remarquer trois verbes ou participes, fçavoir élû, mocqué, émû, avec quatre adjectifs, fçavoir fubit, foudain, prompt, & timide.

Or comme de ces quatre adjectifs les trois premiers font parfaitement fynonimes ou de même fignification, il eft confequemment inutile de les appliquer tous trois à un feul & même mot, ou sujet ; d'autant que cela feroit une tautologie, c'eft-à-dire une vaine & inutile repetition du même fens en divers mots, contre la

parole

parole & promeffe de l'Oracle, qui affure dans l'Epître à Henri II. de n'avoir rien. mis en fes Prophéties de fuperflu ou d'inutile, tant il eft chiche & avare de mots, concis & refferré dans fon difcours. Cela étant ainsi, il faut donc laiffer les deux derniers adjectifs au troifiéme verbe ou participe, qui eft émû, aprés lequel ils fe trouvent pour ce fujet placez, pour montrer qu'ils en dépendent, & qu'ils s'y rapportent; mais les deux autres de devant, dont il eft precedé, fe doivent rapporter aux deux autres verbes ou participes du premier vers, en leur donnant à chacun le fien, le premier au premier, & le fecond au fecond,

Aprés cela il faut encore fçavoir que ces adjectifs font mis pour les adverbes qui en font tirez, ce qui fe rencontre trésfouvent auffi bien chez Noftradamus que chez les Poëtes Romains ou Latins ainfi que Virgile a dit, Encïde 8. 460.

Nec minus Eneas fe matutinus agen bat.

où l'on voit l'adjectif matutinus mis pour l'adverbe manè; ce qui veut dire qu'Enée ne fe remuoit ou ne fe preparoit pas moins matin que faifoit Evandre. Cecy

G

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étant une fois remarqué, on peut ainfi expliquer ces deux vers, conformément au precepte de Sylvius, cité ci-deffus à la troifiéme remarque.

à

On élira fubitement un Pape. C'est-àdire, ou que le Conclave ne fera pas plu toft ouvert & affemblé, que contre l'ordinaire, on ne tardera point à en faire l'élection ; ou bien il faudroit dire, qu'a. prés avoir inutilement & en vain propofé long-temps plufieurs fujets dont on ne pourroit convenir, l'on s'en tiendroit tout d'un coup à un autre, qui l'on ne penfoit pas au commencement. Mais ce même Pape ne fera pas pluftoft élû, que foudainement on fe mocquera de luy. Ce qui luy caufant promptement de l'émotion & de la crainte, il en reffentira tout auffi-tôt le trouble en lui-même, fe voyant ainfi contre fa penfée, tout d'un coup élû en Pape, & en même temps méprifé & mocqué. Je laiffe le refte du Quatrain qui eft un peu délicat, pour une autre occafion, à ce que j'efpere.

?

En voici encore une autre de la même trempc, Centurie 1v. Q. xxI.

Le changement fera fort difficile, Cité, Province au change guain fer

ra:

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