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a Fol. 93. recto. vre intitulé: Le Miroüer Hiftorial de France. Voici le paffage. De cette fucceffion à la très-digne couronne de France en la perfonne de Philippe de Valois, a été compofe & fait un très - bel traité particulier contre les Anglois & Navarrois, qui, par moyens de femmes, prétendoient avoir droit en la couronne de France: & fe commence ledit traité Pour ce que manifeftation de vérité. L'auteur du Miroüer Hiftorial avoit déja cité un peu plus Fol. 92. verfo, haut cet ouvrage, au fujet du fupplice des deux frères d'Aunoy complices de l'adultère de la reine Marguerite & de fes deux belles-foeurs, & il en avoit nommé l'auteur. La caufe de cette punition très-cruelle ( ce font fes termes) eft déclairée en l'épiftre que fit faire Richard Lefcot (1) à l'encontre des Anglois & Navarrois, tous prétendans avoir droit à la couronne de France, dont eft fait un traité particulier qui Je commence : Pour ce que manifeftation de vérité ( 2 ).

S'il eft vrai qu'Edouard, roi d'Angleterre, foûtenoit, comme l'ont avancé quelques auteurs (3), que les filles pouvoient fuccéder à la couronne,il eft inconteftable que, fuivant fes propres principes, (4) Jeanne de Navarre devoit exclure Isabelle mère d'Edouard, puifque Jeanne étoit fille de Louis le Hutin, & qu'Ifabelle étoit fille de Philippe le Bel, père de Louis le Hutin. Mais le fondement des prétentions de l'une & de l'autre de ces princeffes, étoit infoûtenable, puifque, par une loi auffian

(1) C'eft fans doute le même que Scoti, de l'ouvrage duquel, écrit en latin, j'ai rapporté un paffage ci-dessus, page 6. note 2.

(2) C'est peut-être de ce Traité de Lefcor, qu'il eft parlé dans le fecond continuateur de Nangis [p. 111. col. 2.] où il eft dit que Philippe de Valois, avant que de mourir, montra à fes deux fils les décifions des docteurs en théologie, en decret & en loix, qui portoient que la couronne de Franco lui appartenoit, & non à Edouard, avec la réponse aux moyens par lesquels ce prince foûtenoit fa prétention.

(3) Voyez, fur cette queftion, l'Examen d'une partie de la differtation de Abbé de Vertor, qui a pour titre: Sur l'origine des Loix Saliques, par Rival. Amfterd. 1727. in-8°.

(4) Voyez l'Hiftoire de France du père Daniel, Tom. V. p. 61.

cienne que
la monarchie, & à laquelle on n'a jamais
donné d'atteinte, les filles ont toûjours été exclufes de
la couronne. Ce fut en vertu de cette loi que Philippe
de Valois l'emporta fur fes deux concurrentes
& qu'il
fut reconnu Roi. Quoique les prétentions de Jeanne fur
la couronne de France euffent été condamnées
te la nation, elles ne laissèrent pas de faire naître & d'en-
tretenir dans l'efprit inquiet & turbulent de fon fils des
projets chimériques qui l'agitèrent toute sa vie.

par tou

C'étoit auffi du côté de fa mère qu'il prétendoit avoir des droits fur la Champagne & fur la Brie. Je vais les difcuter.

(1) Henri I. dit le Gros (2), roi de Navarre, comte Palatin de Champagne & de Brie, mourut le 16. de juillet 1274. & ne laiffa qu'une fille nommée Jeanne de Navarre, laquelle époufa le lendemain de l'Affomption 1284. Philippe le Bel, fils aîné de Philippe le Hardi, auquel il fuccéda.

Jeanne refta propriétaire des biens qu'elle avoit apportés en dot. Philippe le Bel ne prit point les (3) titres de roi de Navarre & de comte de Champagne & de Brie; &, lorfqu'il donnoit quelques ordonnances ou quelques chartes qui devoient avoir leur exécution dans la Champagne & dans la Brie, il y marquoit qu'il les avoit données du confentement de fa chère a compagne; Conforsisà

(1) Comme il n'étoit point certain, lorsqu'on fe préparoit à publier le tome xvII. du recueil de l'Académie, que les mémoires fur Charles le Mauvais fuffent imprimés, on jugea à propos d'en détacher ce que j'y avois dit fur la réunion de la Champagne & de la Brie à la couronne, & de l'inférer dans ce volume. Il ne feroit pas convenable de préfenter au public deux fois le même morceau dans un recueil; mais je crois ne pouvoir me difpenfer d'en donner ici le précis, afin de ne point laiffer de vuide dans ces mémoires dont il fait une partie néceffaire. Ceux qui fouhaiteront une difcuffion plus étendue fur cette réunion, la trouveront à la page 295. du XVII, vol. du recueil de l'Académie.

(2) Hiftoire généalog. de la maifon de France, t. 2. p. 844. 845.

(3) Il n'a pris ces titres dans aucune des lettres imprimées dans le tome I des ordonnances des rois de France de la troisième race.

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&, à la fin de l'ordonnance ou de la (1) charte, immédiatement avant la date, Jeanne, par la grace de Dieu, reine de France & de Navarre, comteffe Palatine de Champagne & de Brie (ce font les titres qu'elle prenoit) approuvoit ce qui y étoit contenu, & y mettoit fon sceau avec celui de Philippe le Bel.

Jeanne de Navarre mourut le 2. Avril 1304 (2). Elle laiffa quatre enfans, Louis le Hutin, Philippe le Long Charles le Bel & Ifabelle mariée à Edouard III roi d'Angleterre.

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Louis le Hutin devint, par la mort de fa mère, roi de Navarre & comte de Champagne & de Brie. Voici les titres qu'il prenoit dans les actes latins & dans les Lettres du 9. françois. a Ludovicus regis Francorum primogenitus, Dei gratia Navarre rex, Campanie, Brieque comes. (3) Nous ainfné fils du roi de France, roi de Navarde Champagne & de Brie comte Palatin (4).

de juillet 1310.

re,

Louis le Hutin, en qualité de fils aîné de la reine Jeanne, devint roi de Navarre & comte de Champagne & de Brie: mais fes deux frères puînés étoient aussi héritiers de leur mère, & avoient droit sur sa fucceffion pour leur partage ou leur appariage ( 5 )..

Au mois de janvier 1309, Philippe le Bel fit venir devant lui fes trois fils, &, de fon autorité & de fon conPreuves, p. 1. fentement, ils firent entr'eux un b accord fur la fuccef

Joinville, édit.

(1) Ordonnances des rois de France de la troifième race, tome r P. 316. A, note (b) 327.

(2) Histoire généalog, de la maison de France, tome 1. p. 90.

(3) Lettres du mois d'Août 1311. le lundi avant la fête de S. Bertholomier Apoftre. Ces deux lettres font en original au tréfor des chartes de Navar re, layette troisième. La première n°. 8. & la feconde n°. 6.

(4) On peut remarquer que Joinville, en dédiant fon hiftoire de faint de du Cange, p. 1. Louis à Louis le Hutin, depuis qu'il fut monté fur le trône, lui donna les mêmes titres, en y ajoûtant celui de roi de France *.

* Voyez, fur l'infcription de cette logie de la maison de Joinville, p. 1 épître dédicatoire, du Cange, généa

(5) Voyez ci-deffous ce qui fera dit de l'acte du 17. de juillet 1316

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fion de leur mère. Louis le Hutin donna à fes deux frères, pour tous les droits qu'ils pouvoient prétendre dans le royaume de Navarre, dans la Champagne & dans la Brie, & dans tous les autres biens qui avoient appartenu à leur mère commune, 6000. (1) livrées de terre qui feroient affignées fur des terres fituées dans la Champagne & dans la Brie, pour les tenir en fief & en hommage de lui & de fes héritiers; &, fur le champ, les deux frères puînés firent l'hommage de ce fief à leur aîné.

Dans des lettres de 1311, par lesquelles Philippe le Bel donna le comté de Poitiers à Philippe [le Long] fon fecond fils, il eft dit que c'eft fans préjudice des droits prétendus par ledit Philippe fur le bien de fa mère Jeanne reine de France & de Navarre, comteffe de Champagne & de Brie (2).

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M. Baugier, dans fes mémoires hiftoriques de Cham

pagne a, dit, fans citer de garand, qu'Edouard roi Tom. 1. p. 227. d'Angleterre prétendit dans la fuite que fa mère Ifabelle auroit dû entrer en partage de la fucceffion de la reine Jeanne dont elle étoit fille. Il paroît qu'il a tiré,du (3) P. Daniel, & ce fait & ce qu'il ajoûte enfuite, que Jeanne reine de Navarre fut obligée de donner 100000. liv. de rente aux deux filles de Charles le Bel qui lui difputoient la Navarre, la Champagne & la Brie, qui lui étoient auffi conteftées par la fille de Philippe le Long: mais il a appliqué à la Navarre & à la Champagne & à la Brie, ce que le père Daniel ne dit que de la Navarre

feulement.

Philippe le Bel étant mort le (4) 29. de novembre

(1) C'eft-à-dire, des terres rapportant 6000. livres de rente.

(2) Tréfor des chartes; layette, appanage, no. 9. dans le fixième vol. de l'inventaire des chartes manuf. 134. Voyez ci-deffous ce qui fera dit des actes du 17. juillet 1316.

(3) Voyez le P. Daniel, tome 1v, p. 65. 66. du règne de Philippe de Valois. Na. Qu'il n'y a que 5000. liv. & non pas 100000. liv.

(4) Hiftoire généalogique de la maifon de France, tome 1. p. 90.

Ibid. p. 91.

1314, Louis le Hutin joignit la couronne de France & celle de Navarre & au comté de Champagne & de Brie. Depuis ce tems-là, ce comté a toujours été poffedé par les rois de France.

Louis le Hutin mourut a le 5. de juin 13 16. J'ai déjà dit, ci-deffus, qu'il laiffa une fille, nommée Jeanne, de Marguerite de Bourgogne fa première femme & que Clémence fa feconde femme accoucha, après fa mort, d'un fils qui ne vécut que cinq ou fix jours. Jeanne étoit Ibid. p. 92. b née le 28. de janvier 1311. Louis le Hutin mourut le 5. de juin; & le 17. de juillet fuivant, Philippe [ le Long] qui prenoit alors le titre de fils du roi de France, régent les royaumes de France & de Navarre, en fon nom, & Eudes duc de Bourgogne, dont j'ai déjà parlé ci-deffus, au nom d'Agnès fa mère, duchesse de Bourgogne, de Jeanne fille de Louis le Hutin fa nièce, Pr. p. 1. & aux fiens, firent ensemble au bois de Vincennes c les convenances dont je vais rendre compte.

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Ils convinrent qu'en cas que la reine Clémence accouchât d'une fille, cette fille & Marguerite fa fœur du premier lit, ou l'une des deux, en cas que l'autre mourût, auroient en héritage, auffitôt qu'elles feroient en âge d'être mariées le royaume de Navarre & les com tés de Champagne & de Brie, à l'exception de ce que lui Philippe [le Long ] & fon frère Charles [ le Bel'], comte de la Marche, en avoient eu ou devoient en avoir de la fucceffion de leur mère pour leur partage ou Ce mot et pour leur appariage, à condition qu'elles donneroient fynonyme d'appa- quittance du refte du royaume de France & de la fucceffion de leur père. Il fut ftipulé qu'en cas que ces deux filles, ou l'une d'elles l'une d'elles, ne vouluffent point donner cette quittance, elles rentreroient dans tous les droits qu'elles avoient fur la fucceffion de leur père, & fur lefquels il leur feroit fait droit, mais que, dans ce cas, l'abandonnemente qui leur étoit fait de la Navarre, de la Champagne & de la Brie, feroit nul; qu'en attendant:

nage.

Il ya dans l'acte délaissement.

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