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ration dont j'ai rendu compte plus haut.

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On trouve un autre a fauf-conduit daté du 29 de mai a Ibid. p. 8538 fuivant pour Pierre de Navarre (1), qui partant de ce pays-là, devoit paffer par la Gafcogne pour venir en Angleterre avec des hommes d'armes, des gens de pied, des chevaux, des armures, des armes & autres équipages. Philippe de Navarre & Godefroy d'Harcourt paísèrent eux-mêmes en Angleterre. Les lettres de saufconduit qu'on expédia pour eux font du b 24 de juin. Le Ibid. p. 8543 20 d'août fuivant on donna à Philippe de Navarre des lettres de fauf-conduit pour fon retour en Normandie c. ‹ Ibid. p. 866. Cependant ces négociations n'étoient pas encore finies puifque le traité qu'il conclut avec Edouard ne fut figné que le 4 de septembre suivant.

Par le premier article de ce traité d Philippe de Na- Ibid. varre fit hommage - lige à Edouard en qualité de roi de France & de duc de Normandie, de 6oooo écus de rente annuelle en terre qu'Edouard lui permettoit de conquerir dans la Normandie, & Philippe s'engagea de le fervir contre tous, excepté contre le roi de Navarre, entant que roi de Navarre, & dans les chofes qui toucheroient le royaume de Navarre.

Je vais copier le second article du traité, parce qu'il pas clair.

n'eft

Et ledit roy Edward ad ottroié & promis à la requete dudit monfieur Philippe fon coufin, que en cas que il purroit avoir victoire finale contre fon adverfaire, qi fe dit roy de France ou déliverer par forte mayn le roy de Navarre, qifon dit adverfaire tient pris, il ferra permy © © parmi ce,moyens, ce (2) frank & delivers de tout.

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Edouard s'engage enfuite à ne conclure ni paix ni trève avec fon adverfaire, fans y faire comprendre Philippe & fes adhérens; & Philippe de fon côté promit

(1) Il n'eft point dit qu'il fut envoyé par Philippe de Navarre.

(2) Cela peut s'entendre de l'hommage qu'il avoit fait au roi d'Angleter

re, & duquel il eft fait mention dans l'article premier.

nant.

qu'il ne feroit aucun traité avec cet adverfaire fans le confentement d'Edouard.

Ce prince promit à Philippe que, s'il faifoit la paix avec fon adverfaire, ou qu'il pût conquérir le royaume de France, il feroit reftituer à lui & aux fiens tous leurs biens qui avoient été saisis.

Il fut ftipulé que Philippe de Navarre ne pourroit conquérir en Normandie des terres qui euffent été unies au domaine de ce Duché depuis le règne de Philippe le Bel, mais qu'on lui reftitueroit toutes les terres qui lui appartenoient dans ce pays-là le jour de la prise du roi de Navarre, & même celles qui ce jour-là appartenoient à ce prince, en cas qu'il mourût avant lui fans héritiers, quoique ces terres euffent été autrefois unies à la Nor

mandie.

L'on convint enfin, que fi Philippe conqueroit dans la Normandie les terres de quelques feigneurs qui vouluffent fe foûmettre à l'obéiffance d'Edouard, il les rendroit à ce prince qui lui en donneroit une récompense & un dédommagement.

Avant que ce traité fût conclu, & même avant que Philippe de Navarre paffât en Angleterre, le duc de Lanclaftre étoit entré dans le Cotentin, où il arriva, fui* Ibid. p. 182. vant a Froiffart, au mois de juin, & à la fin de ce mois, b Ibid. p. 168, fuivant les chroniques de S. Denys b, il fe joignit à Philippe de Navarre & à Godefroy d'Harcourt, & ils avoient 4000 combattans.

a

ra, col. 1.

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Peu de tems avant l'arrivée du duc de Lanclaftre, la (1) ville & le château d'Evreux avoient été rendus au Ibid. p. 191. Roi par compofition, fuivant la chronique de Flandres, Jean Garmans en étoit châtelain [gouverneur]

c

(1) Il eft dit dans des lettres du mois d'octobre 1356 [ pr. p. 60 ], que les habitans d'Evreux, & ceux du château de Breteuil, qui fut auffi pris par les troupes du roi Jean, eurent la vie fauve, & la permiffion de fe retirer de ces villes. On pourroit conclure de ces lettres que ce fut le feigneur de Tancarville, connétable de Normandie, & lieutenant du Roi dans cette province, qui prit Evreux, & que le maréchal Dodeneham étoit au fiège de Breteuil.

pour le Navarrois. On y lit auffi que le Roi fut obligé de lever le fiége d'Evreux: cela eft faux (1), il prit la ville par compofition. Le fiége fut long. Froiffart dit que la ville fut entièrement brûlée, & que l'églife cathédrale fut pillée a & par les Navarrois & par les troupes du roi de France. Suivant le fecond continuateur de Nangis, ce furent les Navarrois qui, defefperés d'être obligés de fe rendre, mirent le feu dans la ville, dont la plus grande partie fut brûlée avec l'église cathédrale, les maifons canoniales, le couvent des Frères. mineurs, & le monaftère de (2) S. Taurin, qui eft une abbaye de Religieufes noires. La garnison d'Evreux se retira au Pont-eau-de-mer.

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Froiffart, ubi

Lorfque le duc de Lanclaftre vint dans le Cotentin, monseigneur Robert de Hotetot, maître des arbalétriers Supra. p. 182. de France, affiégeoit depuis plus de deux mois le Ponteau-de-mer. Mais, fur la nouvelle de l'arrivée des Anglois, (3) il leva le fiége. Il y a apparence que fa retraite fut précipitée, puifqu'il ne put emmener fes machines

ni fon artillerie.

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Le duc de Lanclaftre s'étant joint à Philippe de Navarre & à Godefroy de Harcourt, ils allèrent à Lifieux, passèrent par Orbec (4), & vinrent au Pont-eau-de-mer qu'ils raffraîchirent en paffant : ils allèrent enfuite à Bre

(1) On trouve auffi dans cette chronique que les Navarrois prirent Breteuil, que le Roi reprit enfuite: cela n'eft pas plus vrai, Breteuil appartenoit au rois de Navarre.

(2) Nigrarum dominarum. Ou le chroniqueur s'eft trompé, ou le texte eft: tronqué. S. Taurin d'Evreux eft une abbaye de bénédictins de la congrégation de S. Maur. Vide Gall. Chrift. primæ edit. t. 4, p. 859, col. 2. Il y a auffi dans cette ville une abbaye de bénédictines fous le titre de S. Sauveur. Vide ibid. p. 806, col. 1. Peut-être ces deux abbayes furent-elles brûlées, & qu'il y a dans le texte quelques lignes de paffées, foit dans le manufcrit, foit dans Fimprimé. Dans ce tems-là on nommoit les bénédictins les moines noirs.

(3) Il eft dit dans des lettres du mois de mai 1357 [ preuves, p. 62] que: Robert de Houdetot affiégea le Pont-eau-de-mer, depuis Pâques 1356 jufqu'à la S. Jean enfuivant, tems auquel il leva le fiége de cette place, de laquelle Ies Navarrois donnèrent la garde aux Anglois, & en fortirent,

(4) Il y a le Bec-helloin dans les chroniques de S. Denys; c'eft l'abbaye du

Bec.

teuil, pillant & ravageant tous les endroits par où ils paffoient. Ils mirent ce château en état de défense, & allèrent de-là à Verneuil, dans le Perche. La ville & le château furent pris, pillés & brûlés en partie.

Dès que le Roi avoit appris l'arrivée du duc de Lanclaftre, il avoit fait faire fa femonce, c'est-à-dire qu'il avoit mandé à ceux qui étoient obligés au fervice militaire, de le venir joindre. Il partit à la tête d'une grande compagnie de gens d'armes, & de gens de pied, & il marcha vers Condé pour aller de-là à Verneuil, où il Chron. ibid. croyoit trouver les ennemis. a Mais lorsqu'il fut à Condé, il y apprit qu'ils étoient partis le même jour de Verneuil, & marchoient vers la ville de l'Aigle; le Roi les fuivit jufqu'à Tueboeuf, qui eft à deux lieues de cette ville mais on l'avertit dans ces endroits qu'inutilement il poursuivroit le duc de Lanclaftre, parce qu'il y avoit dans ces cantons - là de grandes forêts dans lefquelles il fe retrancheroit & dont il feroit impossible

b Tuilliers, dans les chroniques. Voyez ci-deffus, p. 84. note (1).

de le déloger.

Le Roi prit le parti de retourner fur fes pas; il marcha vers le château de Tilliers b, qu'il prit, & où il mit garnison; de-là il alla affiéger Breteuil, qui, après un fiége d'environ deux mois, fe rendit à composition, & ceux qui étoient dedans fe retirèrent où ils voulurent avec leurs effets.

Froiffart n'a pas marqué la date de ces expéditions. On peut y suppléer par celle de quelques ordonnances (1), Ces dates prouvent que le Roi étoit encore à Paris le 19 de juin, & qu'il étoit devant Breteuil le 26 de juillet, & le 3 d'août Froiffart dit que le Roi, après la prise de Breteuil, alla à Paris, d'où il vint à Chartres. dIbid. p. 73. d İl y a une ordonnance donnée en cette ville le 28. d'août.

pe

Il faut auffi remarquer qu'il y a apparence que Philipde Navarre, & Godefroy d'Harcourt, n'accompa(1) Troisième volume des ordonnances, page 70, 72, 73.

gnèrent pas toûjours le duc de Lanclaftre lorfqu'il parcourut la Normandie à la tête de fon armée : puifqu'il y a preuve, comme je l'ai remarqué plus haut, que le 20 d'août, non feulement ils étoient en Angleterre, mais même qu'ils étoient prêts de repasser dans la Normandie, après avoir conclu un traité.

Villani a raconté ce qui fe paffa dans la Normandie depuis la prifon du roi de Navarre, avec un grand détaił de circonftances dont lui feul fait mention, & auxquelles on peut appliquer le jugement que j'ai porté cideffus de quelques endroits de fon hiftoire. Ces circonftances me paroîtroient plus certaines, fi on les trouvoit dans quelques hiftoriens françois.

a L. 6, c. 33, & P-373

Le roi Jean, dit Villania, ayant fait mourir le comte d'Harcourt, & les autres barons normands, envoya en 34 Normandie un de fes barons qu'il fit Jufticier de ce pays. Ce bailli, étant venu avec fes officiers, pour rendre la juftice dans une des terres du comte d'Harcourt, fituée dans ce pays, l'oncle de celui-ci lui fit couper la tête & à dix-fept perfonnes de fa fuite. Auffitôt toutes les terres qui appartenoient au comte d'Harcourt se revoltèrent contre le roi de France, fe fortifièrent, reçurent les Anglois, & firent la guerre dans la Normandie. D'un autre côté, Philippe de Navarre fit révolter toutes les b villes qui appartenoient à fon frère, & les parcourut toutes pour les animer contre le Roi; il mit toutes les villes en état de défense, & s'enferma dans un fort château fitué fur le bord de la mer, nommé [F], & s'y Il y a une lacune fortifia pour pouvoir donner entrée par-là aux Anglois dans le texte. dans la Navarre (1). Ayant laiffé une bonne garnison: dans ce château, il alla en Angleterre, fit une ligue ave le roi, & il revint enfuite faire, avec le secours des Anglois, la guerre au roi de France.Dans le mois de juillet de cette année [1356], le comte de Lanclaftre, avec

(1) In Navarra, c'eft-à-dire dans les villes qui appartenoient à la maison de Navarre.

b Tutte terre da Navarra.

•L. 6, c. 588 59, P. 3896.

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