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Le vent de nord eft très condensé ; puifque le mercure monte lorsqu'il fouffle, ce qui ne fçauroit arriver fi le reffort ou la pefanteur de l'air n'augmente; or cette propriété de l'air ne peut augmenter qu'à mefure que fa condensation eft plus forte. Cela nous fait voir pourquoi le vent de nord fouffle de haut en bas, & pourquoi il n'eft ni pluvieux ni nébuleux: plus pefant que l'air méridional vers lequel il est porté, & beaucoup plus ferré & plus compacte, il ne fe remplit point de vapeurs. Outre cela, fa détermination, loin de détacher des vapeurs de deffus la furface des eaux, empêche plûtôt qu'il ne s'en éléve, c'est pourquoi les foupiraux des cheminées tournés à ce vent, doivent être inclinés, ou au moins pofés horizontalement ce vent n'en exclut point d'autre. On remarque qu'il rend le corps humain plus difpos & moins pefant.

Les vents orientaux font pour l'ordidinaire plus fecs que les occidentaux. Ils

rendent

par

rendent l'air plus vif & plus ferain; ils chaffent les vapeurs : ils foufflent fouvent le matin en Eté; c'eft aparemment l'effet de la raréfaction de l'air caufée la chaleur du Soleil levant, qui a fa direction à l'occident, & dont l'impreffion fe fait fentir jufqu'à nous. On a remarqué que les tempêtes qu'excitent les vents d'orient durent tout le jour, & que les objets paroiffent plus grands pendant que ces vents foufflent.

Les vents occidentaux font troubles; ils foufflent ordinairement le foir, changent facilement, font plus véhémens que les orientaux, & font que les fons s'entendent de fort loin. Voilà en peu de mots les différentes propriétés des vents cardinaux.

Après ce que nous venons de dire touchant les vents, il n'est pas difficile de comprendre comment ils peuvent caufer le refoulement de la fumée. La force avec laquelle ils s'enfournent dans le

tuyau de la cheminée, contraint la fumée à descendre, & à chercher une if fue dans la chambre où elle ne trouve prefque point de réfistance. Il est vrai que la fumée tend en haut par l'action des corpufcules, de l'air collatéral qui la preffent; mais le vent prédomine toujours à cette action qui, étant la plus foible, doit céder à la direction du plus fort; car l'air qui eft dans la cheminée, quelque fumée qu'il y ait, eft toujours plus raréfié & moins preffé que celui de dehors, quand le vent fouffle & va fort vîte; & s'il n'entre pas toujours dans la cheminée en paffant par deffus horizontalement, c'est parce qu'il trouve devant lui, une libre iffue.

On pourroit, dira-t-on, interrompre la direction du vent dans le tuyau de la cheminée, par le moyen d'une couverture horizontale. Cela eft vrai; mais on ne l'empêchera pas toujours de fumer par un grand vent, puifqu'on voit prefque par

tout des cheminées fumeufes, quoiqu'elles foient couvertes horizontalement ; d'où vient cela? Si ce n'eft de la grande agitation qu'un vent violent cause dans l'air extérieur de la cheminée, qui est plus que fuffifante pour empêcher l'iffue de la fumée, puisqu'elle rompt fa direction & la voie qu'elle s'étoit ouverte à travers un air calme & tranquille. Ce chemin étant interrompu & occupé fucceffivement par des inondations d'air qu'elle ne peut vaincre; elle eft donc forcée de refter dans le tuyau de la cheminée, lequel se remplit bientôt de fumée, dont la furabondance fe répand néceffairement dans la chambre, comme étant le feul chemin qui lui foit ouvert.

Mais on pourroit peut-être encore objecter, comment eft-ce que la fumée qui eft déja parvenue au haut du tuyau de la cheminée, peut redescendre en bas? Puifque, felon les régles du mouvement, quand un corps a été chaffé du lieu qu'il

occupoit, & qu'une caufe extérieure l'a pouffé dans un autre, il femble qu'il ne doit point retourner dans le lieu qu'il a quitté, furtout fi cette caufe fubfifte toujours dans fa même force: Or, la fumée ayant été chaffée jufqu'au haut du tuyau de la cheminée, par des causes extérieures dont l'action dure toujours, c'est-à-dire par la chaleur du feu & l'action de l'air collatéral, qui tous deux ont encore leur même force; il femble qu'elle ne devroit plus redescendre.

Il eft facile de faire fentir la foibleffe de cette objection, en difant qu'à la vérité, tout corps étant de foi-même indifférent pour être dans un tel lieu, ou dans un autre, dèflors qu'il a été chaffé du lieu qu'il occupoit par une caufe extérieure ; il ne doit point y retourner, à moins qu'une nouvelle cause extérieure, plus puiffante que la premiere, ne l'y force: C'est donc ce qui arrive à la fumée, lors qu'ayant été pouffée en premier lieu juf

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