Imágenes de páginas
PDF
EPUB

qu'à l'extrêmité du tuyau de la cheminée, par l'action de la chaleur du feu & de l'air collatéral, elle eft enfuite repouffée en bas par la force du vent extérieur, ou par la pefanteur de la pluie; foit même par le poids de la lumiere du Soleil, foit par la vibration de fes rayons qui, comme je le prouverai ci-après, font de nouvelles causes bien plus puiffantes que les premieres. Il n'est donc pas alors furprenant que la fumée redefcende. Nous verrons en expliquant les autres causes de la fumée, que le vent y eft presque toujours pour quelque chofe.

ARTICLE II.

DU DÉFAUT D'AIR,
Seconde caufe de la Fumée.

I la fumée ne monte que par l'ac

[ocr errors]

tion du feu & de l'air collatéral qui la preffe, il s'enfuit néceffairement, que lorfque l'air de la chambre n'est pas en fuffifante quantité, pour forcer la fumée par fa preffion, de lui céder la place en la chaffant en haut, elle ne peut pas monter, & par conféquent qu'elle doit fe répandre dans la chambre. Tout le monde convient qu'en fait de phyfique, l'expérience prévaut aux raisons les plus fubtiles; c'eft pourquoi je raporterai celle de Borelli, dont la conclufion fert de preuve à ma propofition.

Cet Anteur a fait une expérience qui prouve évidemment que le feu & la fu

mée ne montent que par l'action des corpufcules de l'air qui les preffent, de forte que fi les parties ignées fuivoient leur propre mouvement, elles tendroient en bas, comme tous les autres corps.

Il prit un fiphon de deux coudées de hauteur, qui avoit une pomme de verre à l'un de fes bouts, & qui étoit recourbé vers l'autre; ayant ensuite bouché l'ouverture du côté courbe avec de la veffie de cochon, il remplit toute la capacité du fiphon de mercure, par l'ouverture de l'autre bout; & avant que de la fermer, il attacha au bouchon avec du fil de fer, une petite bale de bitume noir. Ayant fermé ce bout-là, il ouvrit l'autre, & en laiffa fortir du mercure en telle quantité, qu'un peu plus du tiers du fiphon demeura vuide, & que la bale fe trouva fufpendue au milieu de la pomme, jufqu'où la longueur du fil lui permettoit de defcendre; l'efpace de deffous & deffus étant également vuide.

Enfuite avec un miroir ardent, il mit le feu à la bale, & il vit que la fumée, au lieu de s'élever, fe recourboit en bas, à peu près comme un jet d'eau lorfqu'il eft arrivé à son plus haut point.

Paffons de l'expérience au raisonnement; fi la fumée de la bale de bitume noir fe recourboit en bas, c'eft uniquement parce qu'il n'y avoit pas dans la boule de verre des particules d'air pour la preffer & la forcer de monter en haut: de même dans une chambre qui eft privée d'une fuffifante quantité d'air pour preffer & élever la fumée; celle-ci doit néceffairement, comme les autres corps, tendre en bas & fe répandre dans la chambre. Or, il n'arrive que trop fouvent que les endroits où l'on fait du feu, foient privés d'une affés grande quantité d'air pour pouffer la fumée, furtout lorfMécani- qu'ils font bien fermés; je le prouve par que du feu, les raifons de Mr. Gauger, (A) qui pré

(A)

liv. 2..

chap. 1. tend que cette privation vient. 1o. De

ce

ce que l'air fe raréfie par la chaleur, & laiffe par conféquent plufieurs intervalles entre fes parties, ou plufieurs espaces remplis de matiere, qui résiste moins à la fumée, que ne faifoient les parties de l'air dont elle prend & occupe la place. 2o. De ce qu'il fort une partie de l'air de la chambre avec la fumée. Ainfi celle que le feu fait continuellement, fe trouvant moins preffée par l'air intérieur qui reste dans la chambre, que par l'air extérieur qui eft au haut de la cheminée, elle rentre dans la chambre & y cause les incommodités que l'on reffent fi fouvent. 3°. L'air' d'une chambre fort encore lorfque l'on ouvre une porte qui a communication dans quelqu'autre endroit plus chaud, & donne ainfi moyen à la fumée de rentrer dans la chambre où elle se touve moins preffée que par dehors, ce qui arriveroit encore en ouvrant une porte, ou une fenêtre, du côté oppofé à celui d'où vient le vent.

E

« AnteriorContinuar »