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C'est donc cette espèce de vuide qui fe fait dans une chambre, de quelque maniere que ce foit, qui eft une des principales caufes de la fumée, & à laquelle l'on n'a point penfé à remédier, quoiqu'elle foit univerfelle. Delà vient qu'il fume toujours dans les petites chambres, auffi bien que dans les autres qui font voûtées ou plafonées, & dont les interstices des portes & des fenêtres font exactement bouchées; ce qui fait qu'il n'y a pas fuffifament d'air dans la chambre pour pouffer la fumée & lui faire prendre fa direction ordinaire.

Il eft impoffible de remédier à cet inconvénient, fi on ne trouve le moyen de prendre de l'air d'autre part pour augmenter le volume de celui de la chambre, & le mettre en équilibre avec l'air extérieur; car il ne fuffit pas que l'air collatéral puiffe forcer la fumée à monter, il faut encore qu'il foit prépondérant aux colonnes d'air qui font dans le tuyau

de la cheminée; lefquelles, eu égard à leur direction perpendiculaire de haut en bas, ont toujours plus de poids que d'autres qui leur feroient égales, mais qui n'auroient pas la même direction. C'eft ce qui paroît particulierement, lorfqu'on allume du feu dans une cheminée où il n'y en a pas eu depuis quelque tems. Il faut néceffairement qu'elle fume jufqu'à ce que la chaleur du feu ait vaincu la réfiftance de l'air froid qui occupoit toute la capacité du tuyau de la cheminée; pour lors, en le raréfiant elle fraye, pour ainfi dire, une voie à la fumée, & lui facilite le moyen de s'échaper en diffipant l'obftacle qui l'empêchoit de monter.

On fera encore plus convaincu de la grande quantité d'air qu'il faut pour repouffer la fumée, lorfqu'on fçaura que la flamme, non-feulement en absorbe beaucoup, mais encore qu'elle s'en nourrit; auffi CARDAN (4) nous dit-il, la flamme n'eft autre chofe qu'un air al- l'Architect lumé & enflammé.

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que

(A)

Liv. de

On remarque, en effet, que lorsqu'on allume un fagot, la cheminée ne fume jamais tant que dans le moment qu'il s'enflamme. Pourquoi cela? Si ce n'est parce que la flamme attirant à foi tout l'air de fon athmosphere pour s'entretenir, il faut, pour ne pas laiffer de vuide que l'air voifin qui eft dans le tuyau de la cheminée, vienne promtement en occuper la place; or l'air de la cheminée étant ainfi attiré de haut en bas, il entraîne auffi avec lui toute la fumée qui commençoit à monter, & qui se fait ausfitôt fentir qu'appercevoir.

Mais ce n'eft pas feulement la flamme qui a befoin de beaucoup d'air pour s'entretenir; le feu en général l'attire fortement de toute part, foit de l'antichambre, foit de dehors: auffi lorsqu'on préfente la main devant les interstices, foit de la porte, foit des fenêtres de la chambre où l'on fait du feu, on sent que l'air extérieur s'y infinue plus for

tement que s'il n'y avoit pas de feu, parce que l'air de la chambre étant nonfeulement raréfié par la chaleur du feu, mais encore attiré par le feu même, l'air extérieur qui eft plus condensé, s'y coule d'autant plus facilement, qu'il y trouve moins d'obstacle, & plus de place pour étendre fes refforts. Or, fi le feu attire fi fortement l'air extérieur, à plus forte raifon attirera-t-il celui de la chambre comme étant le plus voifin; c'eft ce qu'on remarquera fi l'on met un charbon fumant au milieu de la chambre; on voit que la fumée du charbon tend naturellement du côté du foyer, ou bien fi l'on met un rideau devant la porte de l'antichambre, il flottera du côté où eft le feu, comme s'il y étoit pouffé par un vent oppofé, quoique la premiere porte foit bien fermée: effet naturel de la vertu attractive du feu qui agit néceffairement fur l'air environnant. Tout cela prouve fuffifament la néceffité de

l'air pour l'entretien du feu, & encore plus pour vaincre l'action de celui qui defcend par la cheminée, de crainte qu'il ne foit un obstacle à l'iffue de la fumée.

En un mot, fi l'air extérieur a plus d'élafticité, ce qui doit être, dès que l'intérieur eft en partie abforbé par la flamme & par le feu; le premier doit redefcendre pour reftituer l'équilibre, & conféquemment ramener la fumée dans la chambre, en y rentrant lui-même par le tuyau. Tel eft l'effet de l'air fur nos cheminées.

ARTICLE

III.

De la fituation défavantageufe des

L

Cheminées.

Troifiéme caufe de la Fumée.

A fituation d'une cheminée peut être défavantageuse à raifon de la mauvaife difpofition du tuyau.

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