plutôt la fumée s'enflamme & disparoît

à nos yeux.

CHAPITRE

E

SECOND.

Des caufes de la Fumée.

N général on peut regarder comme causes principales du refoulement de la fumée dans nos appartemens; 1o. Les vents. 2°. Le défaut d'air. 3°. La fituatuation defavantageufe des cheminées. 4°. Leur conftruction défectueufe. 5o. La pluie & la neige. 6°. La chaleur du Soleil, ou la preffion de fes rayons: 7°. L'ufage du mauvais bois, & la façon dont il eft arrangé fur le foyer. 8°. Les jambages paralleles &, la maniere dont les tuyaux font dévoyés. 9°. D'autres causes enfin, lesquelles étant toutes traitées affés au long dans quelques articles particuliers, donneront fans doute occafion à des perfonnes éclairées, de faire de nouvelles découvertes fur ce fujet.

B

ARTICLE PREMIER,

DES VENTS.

Premiere caufe de la Fumée. L'Impétuofité avec laquelle la fumée

defcend dans nos appartemens, lorfque certains vents dominent, l'agitation de l'air qui fe fait fentir parmi les flots de fumée qui refluent, prouvent évidemment que dans plufieurs occafions, la fumée n'a d'autre caufe que le vent qui s'infinue dans le tuyau des cheminées. Il faut donc, pour y remédier par principe, avoir une certaine connoiffance des vents; c'eft ce que nous allons éclaircir dans les paragraphes fuivans où nous expliquerons; 1o. La nature des vents. 20. Leurs caufes générales. 3°. Leur direction. 4°. Leur nombre & leurs noms. 5°. Leurs propriétés. De ces connoiffances, dépend le fuccès des moyens

qu'on mettra en ufage pour corriger les cheminées fumeufes.

PARAGRAPHE I.

De la nature des Vents.

n'y a rien de plus commun que les vents, & toutefois rien n'eft plus difficile à découvrir que leur nature & la caufe qui les produit: ce qui fait dire au Prophète (A) que Dieu les a mis comme en réserve dans fes tréfors, & qu'il les en fait fortir à fon gré, en leur donnant ces différens degrés de force & de vitesse, dont les effets font auffi merveilleux en eux-mêmes, que terribles & utiles à l'ufage & au commerce de la vie.

(A) Pfalm. 134. V. 7.

Les anciens Philofophes, qui paroiffent s'être appliqués avec tant de foin à découvrir la nature des vents, ne nous ont rien laiffé de clair ni de certain fur cette matiere. Ariftote (B) après s'être moqué de ceux qui difoient que le vent 4.

(B) Lib. De mundo,cap.

n'étoit qu'une agitation vive de l'air, ou bien le transport fenfible de l'air d'un lieu dans un autre; fe borne à nous dire fimplement, que le vent eft une exhalaison chaude & fèche; à quoi fes Disciples ajoûtent qu'il s'y trouve fouvent quelque peu de vapeurs humides, tirées des eaux & de la terre, par la vertu des Aftres & le mouvement des Cieux. Les anciens Poëtes, qui fuppofent les vents renfermés dans des antres fouterrains, & gouvernés par le Roi Eole, qui les refferre ou les relâche à fon gré, ne nous fourniffent pas de plus grandes lumieres fur la nature de ce météore.

Sans vouloir difcuter tous ces différens fentimens, qui n'ont rien d'affés folide, ni d'affés lumineux; ne paroît-il pas plus naturel de dire que le vent eft un air mêlangé de vapeurs & d'exhalaifons, dilaté par les fermentations fouterraines & par la chaleur du Soleil, de telle forte qu'il s'agite & fe transporte avec rapidité

d'un lieu de la terre à un autre ? On peut encore définir le vent; un mouvement de l'air, causé par des exhalaisons & des vapeurs ; mais principalement par les vapeurs mêmes, dont la grande raréfaction & la dilatation, furpaffent de beaucoup l'effet des exhalaifons; comme on le voit par les violences & les ravages inexplicables que font les vapeurs, lorsqu'elles paffent d'un lieu où elles font refferrées, dans un autre, où elles trouvent plus de commodité pour fe dilater & s'étendre.

PARAGRAPHE II.

Des caufes générales des Vents.

L eft aifé d'appercevoir les caufes gé

nérales des vents dans les deux définitions qu'on vient de donner. En effet, la raréfaction de l'air, caufée par la chaleur du Soleil, l'éruption violente des exhalaifons, & furtout des vapeurs par les