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mains, ou pour mieux dire, on n'en a vû jusqu'à préfent que des mazures en petit nombre, où il étoit mal aifé de découvrir s'il y avoit eu des Cheminées, ou non. Il s'eft confervé jufqu'à nos jours, des Temples, des Théatres, des Amphiteatres, des Thermes, & d'autres grands Bâtimens, quoique avec de la peine & en bien petit nombre; mais les maifons des Particuliers, à quelques mazures près, ont été détruites pour en bâtir d'autres.

Il paroît donc certain que les Anciens avoient des Cheminées ; mais faute de Plans & de Descriptions, nous n'en avons qu'une légere connoiffance: nous fçavons feulement qu'elles n'étoient pas faites comme les nôtres, la plupart étoient conftruites au milieu de la chambre, fans tuyau ni manteau; il y avoit feulement au haut de la chambre

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& au milieu du toit, une ouverture pour la fumée, laquelle fortoit d'ordinaire par cette ouverture. On en voit encore à peu près de femblables dans quelques cuifines des anciens Monafteres, elles font au milieu de la coupole de la voûte. Dans quelques-unes, il y a plus de trente ouvertures en différens endroits de la voûte; mais aucun conduit qui prenne immédiatement au deffus du foyer; c'est pourquoi Horace (A) (A) dit à ce fujet,

Ode II.

liv.4.

(B) Ode II.

liv. 5.

(C)

Sordidum flamma trepidant rotantes,
vertice fumum.

Et dans un autre endroit. (B)
Pofitofque vernas, ditis examen domus
circum renidentes lares.

Ne pourroit-on pas conclure la De re ruft. même chofe de ce que Caton (C) confeille avant que de s'aller coucher, de ramaffer les charbons de tous côtés? fi toutefois il faut en

tendre ainfi le mot de circumverfum qui est dans le Latin. Focum purum circumverfum antequam cubitum eat, habeat. Mais qui ne voit que focus, ne fe prend pas là pour la Cheminée, mais pour le Foyer, dont Caton confeille de couvrir le feu de tous côtés avant que de s'aller coucher? c'est ce que nous faifons encore aujourd'hui. Un autre paffage de Columella qu'on rapporte, eft encore moins fort que celui de Caton, nous pouvons nous dispenser de le produire ici tant il est foible.

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Voyez les

rault, fur

Quoiqu'on ne puiffe pas nier que les Cheminées étoient très rares du tems des anciens Romains, & (A) que Vitruve (A) ne donne point Notes de de régles pour en faire, & n'en Mr. Perparle en aucune façon; cela ne Vitruve, prouve pas qu'il n'y en avoit point Liv. 6. ch. du tout; car, Daniel Barbarus, (B) In Vitruv. dans fa note fur le mot de fumus, Lib. 5. cap. prétend » que tout ce que Vitruve 10.

8. (B)

» en dit, ne peut pas fervir d'argu» ment pour prouver que les Bâti» timens des Anciens (dont il ne >> reste aucun veftige) ainfi que » leurs chambres & cabinets con» clavia, n'avoient point d'ouver>>tures ni de canaux pour l'iffue » de la fumée, ce que nous ap» pellons communément Chemi» née, & que prefque tous s'accor» dent à appeller du mot Latin, » infumibula, c'est-à-dire des >> conduits pour paffer la fumée. De plus, Séneque, (A) qui viEpift. 90. voit dans le premier fiécle, dit, que

(A)

de fon tems on inventa de certains tuyaux qu'on mettoit dans les murailles, afin que la fumée du feu qu'on allumoit au bas étage des maifons, paffant par ces tuyaux, échauffât les chambres jufqu'au plus haut étage. Il faut remarquer, en paffant, que ce trait d'Hiftoire, rapporté par Séncque, pourroit

bien fervir d'époque pour fixer l'origne des Cheminées, qui approchoient beaucoup des nôtres, au moins en ce qui eft le plus effentiel, je veux dire quant au tuyau, ou conduit.

On va voir par ce qui fuit, que ces tuyaux devinrent dans la fuite plus en ufage à caufe de leurs commodités; car, comme ces tuyaux parcouroient plufieurs apartemens, ils fervoient à communiquer une plus grande chaleur à différentes chambres, par le moyen des foupiraux que l'on ouvroit, fans doute, lorsque la fumée étoit entierement paffée. Les Anciens, felon le rapport de Palladius échauffoient leurs chambres par des tuyaux, ou canaux cachés, qui paffoient à travers les parois, & communiquoient la chaleur aux différentes pièces du Bâtiment, par le moyen d'un fourneau commun. C'est ce que Daniel

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