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divife en trois Livres. Dans le premier, je parle de la nature de l'Amitié; des qua. litez neceffaires aux Amis; des précautions à prendre. dans le choix que l'on en fait. Le fecond comprend les devoirs de l'Amitié leurs juftes bornes leur fubordination aux devoirs naturels. Le dernier regarde les ruptures; les moyens de les prévenir, la conduite qu'on doit tenir quand on ne peut les éviter; les obligations dont les Amis vivans font chargez envers les Amis qui font

morts.

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Entre ceux qui liront cet Ouvrage, je ne doute pas qu'il ne s'en trouve plufieurs, qui s'imagineront, qu'à force de perfectionner l'Amitié, j'en ai fait une belle chimere. Ils changeront le titre de mon Livre, l'appelleront, l'Idée de l' Ami qui ne fe trouve point. Ils diront qu'il ne manque à mes confeils, que des hommes qui les puiffent pratiquer. D'autres au contraire, qui ont meilleure opinion de l'humanité, & qui fur la foi de leurs propres fentimens, croyent qu'il y a encore de la vertu, & de la

fidelité fur la terre, pourront bien me reprocher d'être quelquefois trop indulgent.

Je répondrai aux premiers, que je ne propose rien, dont chacun ne découvre fans peine le prin cipe dans fon propre cœur ; rien que chacun n'aimât à trouver dans un autre ; rien même dont les fiecles paffez, & peut-être le nôtre, ne fourniffent des exemples.

Si cela eft, je ne deman de pas l'impoffible, quand j'exhorte les hommes à regler leur conduite fur des

principes qui font gravez dans leur ame; à faire aimer dans eux, ce qu'ils aimeroient dans les autres ; enfin à reffembler à ceux qu'ils admirent. D'ailleurs, quand il seroit vrai que l'on ne pourroit parvenir à établir entre les amis une amitié auffi parfaite, que celle dont je fais le tableau; ne feroic ce pas toujours leur rendre un grand fervice, que de les engager à faire des efforts pour en approcher? Quand les Philofophes ont déclaré la guerre aux paffions, quand l'un a voulu les dé

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truire entierement, l'autre les foûmettre; s'ils n'ont pas obtenu tout ce qu'ils fembloient s'être promis, ils ont pourtant gagné beaucoup d'avoir encouragé à combattre, & enseigné à vaincre de si dangereux ennemis. S'ils n'ont pas fait regner paisiblement la vertu, ils l'ont au moins fortifiée, lorsqu'ils ont affoibli le vice. Si je ne parviens pas à faire de parfaits Amis, ne me fçaura-t-on point quelque gré d'avoir attaqué les faux, & peut-être d'avoir infpiré quelque nouvelle ardeur aux veritables?

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