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1625, in-4.o, un Traité de hæresi, schismate, apostasid, sollicitatione in Sacramento Panitentiae, et de potestate summi Pontificis in his delictis puniendis,... Santarel y enseigne des maximes contraires à l'indépendan

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ce des souverains, et y donne au pape un pouvoir exorbitant non-seulement sur le trône, mais même sur la vie des princes. La Sorbonne le censura en 1626, et le parlement de Paris le condamna le 13 mars de la même

année, à être lacéré et brûlé par

la main du bourreau. Plusieurs autres Facultés du royaume suivirent l'exemple de la Sorbonne. Le fameux docteur Edmond Richer donna en 1629, in-4., la relation et le recueil des Pièces que cette affaire produisit.

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SANTE, Voy. SALUS. SANTE (Gilles-Anne-Xavier de la ) jésuite, né près de Rhedon en Bretagne, le 22 décembre 1684, mort en 1762, professa les belles lettres avec distinction au collège de Louis-le-Grand. Nous avons de lui: I. Des Harangues latines, 2 vol. in-12, où il y a de jolies choses. On y distingue l'Oraison funèbre de Louis XIV, et celle qui décide de la palme littéraire entre les différens peuples de l'Europe. Ces deux pièces ne sont pas indignes d'un bon orateur. II. Un recueil de vers intitulé: Muse Rhetorices, en 2 vol. in-12. « On y voit partout (dit l'abbé des Fontaines ) le savant et ingénieux Père de la Sante. C'est toujours sa précision épigrammatique, sa vivacité antithétique, ses peintures quelquefois burlesques et toujours spirituelles. Ceux qui aiment encore les vers latins modernes, liront ceux-ci avec plai

sir. Ils y trouveront quelquefois la noblesse de Virgile, et plus souvent la facilité d'Ovide. » En effet, la plupart de ses poésies sont élégantes et gracieuses.

SANTERRE, (Jean-Baptiste) peintre, né à Magny près Pon

toise, en 1651 entra dans l'école de Boullongne l'aîné. Les avis de cet habile maître, l'assià consulter la nature, lui acquiduité du disciple, son attention rent une grande réputation. Co compositions; son imagination peintre n'a point fait de grandes n'étoit point assez vive pour ce genre de travail : il se contenta de peindre de petits sujets d'hisde fantaisie et des demi-figures. toire, et principalement des têtes Cet excellent artiste avoit un pinceau séduisant, un dessin correct, une touche finie. Il donnoit à ses têtes une expression gracieuse. Ses teintes sont brillantes, ses carnations d'une fraîcheur admirable ses attitudes d'une grande vérité : le froid de son quelquefois a passé dans ses ouvrages. Parmi les tableaux qu'il a laissés, celui d'Adam et d'Eve est un des plus beaux qu'il y ait en Europe. Il avoit

caractère

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un Recueil de dessins de Femmes nues de la dernière beauté ; il crut, avec raison devoir le supprimer, dans une maladie. Il mourut à Paris le 21 novem

bre

17179

à 66 ans.

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I. SANTEUL ou SANTEUIL (Jean-Baptiste) né à Paris le 12 mai 1630, fit ses études au collége des Jésuites. Quand il fut en rhétorique, l'illustre Père Cossart, son régent, étonné de ses heureuses dispositions pour la poésie latine, prédit qu'il deviendroit un des plus grands poëtes de son

siècle; il jugeoit sur-tout de ses talens , par une pièce qu'il fit dès-lors sur la bouteille de savon. Son amour pour l'étude le fit entrer, à l'âge de 20 ans, chez les chanoines-reguliers de l'abbaye de Saint-Victor. Son nom fut bientòt parmi les noms les plus illustres du Parnasse latin. Il chanta la gloire de plusieurs grands hommes, et il enrichit la ville de Paris de quantité d'Inscriptions, toutes agréables et heureuses. En l'an dix dans les démolitions du grand Châtelet on a trouvé sur un marbre noir, celle-ci, en deux vers:

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Hic pæna scelerum ultrices posuere tribunal;

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une vignette en taille-douce. On l'y voyoit à genoux, la corde au cou et un flambeau à la main sur les marches de la porte de l'église de Meaux, y faisant une espèce d'amende honorable. Ce Poëme satisfit le grand Bossuet ; mais le poëte eut avec les Jé suites une querelle qui fut difficile à éteindre. Le docteur Arnauld étant mort en 1694,/ tous les grands poëtes du temps s'empressèrent à faire son Epitaphe. Santeul ne fut pas le dernier ; sa pièce déplut à plusieurs membres de la Compagnie de JESUS. Pour désarmer leur colère, il se hata d'adresser une Lettre au P. Jouvenci, dans laquelle il don

Sentibus undè tramor civibus undè noit de grands éloges à la Socié

salus.

Le grand Bossuet l'ayant sollicité plusieurs fois d'abjurer les Muses profanes, il consacra son talent chanter les Mystères et les Saints du Christianisme. Il fit d'abord plusieurs Hymnes pour le Bréviaire de Paris. Les Clunistes lui en demandèrent aussi pour le leur; et cet ordre en fut si content, qu'il lui donna des lettres de filiation et le gratifia d'une pension. Quoique Santeul eût consacré ses talens à des sujets sacrés, il ne pouvoit s'empêcher de versifier de temps en temps sur des sujets profanes. La Quintinie ayant donné ses Instructions pour le les Jardins, Santeul les orna d'un Poëme, dans lequelles Divinités du Paganisme jouoient le principal rôle. Bossuet à qui il avoit promis de n'employer jamais les noms des Dieux de Ja Fable, le traita de parjure. Santeul, sensible à ce reproche, s'excusa par une pièce de vers, à la tête de laquelle il fit mettre

té, sans rétracter ceux qu'il avoit donnés à Arnauld. Cela ne les satisfit point: il fallut donner une nouvelle pièce, qui parut renfermer encore quelque ambiguité. L'incertitude et la légéreté du poëte, firent naître plusieurs pièces contre lui. Le Père Commire donna son Linguarium ; un Janséniste ne l'épargna pas davantage dans son Santolius pœnitens. Le chanoine de SaintVictor, en voulant se ménager l'un et l'autre parti, déplut à tous les deux. Santeul se consola de ces chagrins dans le commerce des gens de lettres et des grands. Les deux princes de Condé, le père et le fils, étoient au nombre de ses admirateurs; presque tous les grands du royaume l'honoroient de leur estime. Louis XIV lui donna des marques sensibles de la sienne en lui accordant une pension. Le duc de Bourbon, gouverneur de Bourgogne, le menoit ordinairement aux Etats de cette province. Santeul y trouva la mort le 5 août

M697, à Dijon, à 66 ans. Dans un repas, son verre fut malignement infecté d'une forte dose de tabac d'Espagne, et à peine l'eut-il avalé, qu'il fut saisi d'une colique violente qui l'emporta, après 14 heures de douleurs les plus aiguës. Un page étant venu, dans ses derniers momens, s'informer de son état de la part de son Altesse Monseigneur le duc de Bourbon, Santeul, levant les yeux au Ciel, s'écria : Tu solus ALTISSIMUS! Il avoit toujours eu des sentimens de religion. Un jour étant à NotreDame, et s'amusant à regarder les anciennes figures en bas-relief de la porte de l'Eglise, il dit à Charles Santeul son frère, en touchant un pilier, et en faisant allusion à l'ancienneté du Christianisme : Ton frère, cela est bien vieux pour être faux. Certains passages de l'Ecriture le pénétroient d'une crainte qui se lisoit sur sa figure. Tel est ce mot terrible du prophète Daniel à Balthasar: Positus est in statera et inventus est minus habens. Son corps fut transporté de Dijon à Paris, dans l'abbaye de Saint-Victor. Le célèbre Pollin orna son tombeau de cette Epitaphe:

Quem superi præconem, habuit quem sancta poëtam

Religio: latet hoc marmore Santolius.

Ille etiam heroas, fontesque, et flu

mina et hortos

Santeuil, qui sut d'une brillante voix

Célébrer tour-à tour les fontaines, les bois,

Les héros... Mais que sert ce travail

ses manes ?

L'estime des humains de son mérite épris,

Peut suffire à ses vers profanes: Dieu de ses vers sacrés est seul le digne prix.

Un plaisant lui fit une autre Epitaphe moins flatteuse que la précédente :

Ci git le célèbre Santeuil !
Muses et Foux, prenez le deui.

Quelques traits qui tenoient de l'extravagance avoient 9 pu lui mériter cette épitaphe. On raconte qu'ayant passé à Cîteaux, il pria un religieux de cette abbaye de lui montrer l'appartement de la Mollesse, si bien décrit dans le Lutrin de Boileau. Vous y éles, répondit le Bernardin; mais la Mollesse n'y est plus » la Folie a pris sa place. Santeu avoit le visage large, les joues creuses, le menton relevé, le nez épaté, les narines ouvertes, les yeux noirs et gros, le front grand et la tête à demi chauve. Quant aux qualités morales on a dit de lui tant de mal et de bien qu'il est difficile de le peindre au naturel. Nous nous bornerons au portrait qu'en a tracé la Bruyère. « Voulez-vous quelqu'autre prodige? Concevez un homme fa

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Dixerat. At cineres quid juvat iste cile, doux, complaisant, traita

labor?

Fama hominum merces sit versibus æqua profanis : Mercedem poscunt carmina sacra

Deum.

i gît, que la France regrette, Bu Parnasse chrétien le célèbre poëte,

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ble; et tout d'un coup violent, colère, fougueux capricieux. Imaginez-vous un homme simple, ingénu, crédule, badin, volage, un enfant en cheveux gris; mais permettez-lui de se recueillir, ou plutôt de se livrer à un génie

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qui agit en lui, j'ose dire, sans qu'il y prenne part, et comme à son insu! Quelle verve! quelle élévation! quelles images! quelle latinité! Parlez-vous d'une même personne, me direz-vous? Qui, du mne de Théodas, et de lui seal. Il crie, il s'agite, il se roule à terre, il se relève il tonne, il éclate; et du milieu de cette tempête, il sort une lumière qui brille et qui réjouit. Disons-le sans figure, il parle comme un fou, et pense comme un homme sage. Il dit ridiculement des choses vraies, et follement des choses sensées et raisonnables. On est surpris de voir naître et éclore le bon sens du sein de la bouffonnerie, parmi les grimaces et les contorsions. Qu'ajouterai-je davantage? ií dit et il fait mieux qu'il ne sait. Ce sont en lui comme deux ames qui ne se connoissent point, qui ne dépendent point l'une de l'autre, qui ont chacune leur tour, ou leurs fonctions toutes séparées. 11 manqueroit un trait à cette peinture si surprenante, si j'oubliois de dire qu'il est touta-la-fois avide et insatiable de louanges, prêt de se jeter aux yeux de ses critiques " et dans le fand assez docile pour profiter de leurs censures. Je commence à me persuader moi-même que j'ai fait le portrait de deux personnages tout différens. Il ne seroit pas même impossible d'en trouver un troisième dans Théodas; car il est bon, homme. >> En effet, il recevoit ordinairement les avis avec docilité ; mais și l'on ne saisissoit pas le moment favorable, il répondoit avec aigreur. On prétend qu'un religieux de Saint-Victor, confrère de Santeul, lui montra des vers

où se trouvoit le mot Quoniam, qui est une expression tout-à-fait prosaïque. Santeul, pour le railler, lui récita tout un Pseaume où se trouve vingt fois le mot QUONIAM.(Confitemini Domino, quoniam bonus; quoniam in sœculum misericordia ejus; quoniam salutare tuum, etc.) Ce religieux piqué, lui répliqua sur-le-champ par ces mots de Virgile :

Insanire libet quoniam tibi.

Il n'accueilloit pas mieux les avis sur ses mœurs, que les censures de ses ouvrages. Le grand Bossuet lui ayant fait quelques reproches, finit en lui disant : Votre vie est peu édifiante, et si j'étais votre supérieur, je vous enverrois dans une petile cure dire votre bréviaire.. Et moi, reprit Santeul, si j'étois Roi de France, je vous ferois sortir de votre Germigni, et vous enverrois dans l'île de Pathmos faire une nouvelle Apocalypse.... Parmi la foule d'anecdotes, vraies ou fausses dont on a chargé les commentaires qu'on a faits sur le portrait que nous a fourni la Bruyère, nous nous bornerons à en rapporter encore quelques unes. Quoique Santeul ait été souvent pressé de se faire ordonner prêtre, il n'a jamais été que sous-diacre. Cela ne l'empêcha pas de prêcher dans un village, un jour que le prédicateur n'avoit pu s'y trouver. A peine fut-il monté en chaire, qu'il perdit son sujet de vue, et se brouilla; il se retira, en disant: Javois encore bien des choses à vous dire; mais il est inutile de vous précher davantage, vous n'en deviendriez pas meilleurs.,.. Sauteul fit un jour des vers pour un écolier, et celui-ci demandant à qui il avoit tant d'obligation

demande qui a fait ces vers, tu n'as qu'à dire que c'est le diable. Voici le sujet sur lequel travailloit l'écolier. Un jeune enfant, fils d'un boucher, prend dans un mouvement de colère un couteau, et égorge son cadet; la mère, en furie, le jette dans une chaudière d'eau bouillante. Hors d'elle-même, elle se pend; et le père, saisi d'horreur de ce spectacle, en meurt de douleur. Il s'agissoit d'exprimer cette affreuse aventure en peu de vers. Santeul la rendit ainsi :

le Victorin répondit: Si on te tout-à-l'heure_me_pendre à la Grève. [ Voy. III. PERRIER, et II. RAPIN. ] Quelques-uns de ses rivaux ont prétendu néanmoins que l'invention de ses poésies n'étoit point riche; que l'ordre y manquoit; que le fonds en étoit sec, le style quelquefois rampant; qu'il y avoit beaucoup d'antithèses puériles, de gallicismes et sur-tout une enflure insupportable. Mais cette censure est trop forte. Quoiqu'il n'ait pas toujours dans ses vers héroïques, la richesse de l'expression et du coloris de Rollin etde Commire, et qu'il ait quelques vers durs et des mots inconnus aux anciens, on peut assurer qu'en géné ral sa poésie est riante, naturelle, brillante. Il est vraiment poëte, suivant toute la signification de ce mot. Ses vers se font admirer par la noblesse et l'élévation des sentimens, par la hardiesse et la beauté de l'imagination, par la vivacité des pensées, par l'énergie et la force de l'expression. Voyez COFFIN, et RABUSSON. Il a fait des poésies profanes et des Poésies sacrées. Les premières renferment des inscriptions, des épigrammes, et d'autres pièces d'une plus grande étendue. Les secondes consistent dans un grand nombre d'Hymnes, dont quelquesunes renferment de beaux élans de poésie. Cependant un homme d'esprit et de goût fait une critique d'un de ses plus beaux ouvrages en ce genre, qu'on pourroit appliquer à quelques autres de ses Hymnes plus remplies d'esprit et d'imagination que d'onction et de sentiment. Il trouve la première strophe de STUPETE, GENTES! chargée d'antithèses qui se succè dent de trop près. Ni Horace, ni Pindare n'ont aucune strophe qui

Alter cum puero, mater conjuncta marito, Cultello, lympha, fune, dolore cadunt. 'Santeul n'attendoit pas qu'on louat ses vers; il en étoit toujours le premier admirateur. Il disoit, que << quoiqu'il n'y eût point de salut hors de l'Eglise pour personne, il étoit excepté de cette règle, parce qu'il étoit obligé d'en sortir pour faire le sien, y entendant ses Hymnes avec trop de complaisance. » Boileau, témoin des contorsions et des grimaces qu'il faisoit lorsqu'il déclamoit ses hymnes, fit un jour cette épigramme :

A voir de quel air effroyable, Roulant les yeux, tordant les mains, Santeul nous lit ses Hymnes vains ; Diroit-on pas que c'est le Diable Que Dieu force à louer les Saints ? Etant à Port Royal, où l'on chantoit ses hymnes, un paysan à côté de lui ne chantoit pas, mais beugloit. Tais-toi, lui dit Santeul, tais-toi, bœuf! laisse chanter les Anges... Ce poëte répétoit souvent, dans son enthousiasme: Je ne suis qu'un atome je ne suis rien; mais si je savois avoir fait un mauvais vers, j'irois

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