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Comédies. Celles qui ont eu le plus de succès, sont les Graces, jolie pièce qui semble inspirée par elles; Oracle, production, d'un esprit fin; le Sylphe et les Hommes, qui méritent le même éloge. Ce sont des tableaux agréables; mais il ne faut pas comparer ce petit genre, fondé tout entier sur les prestiges de la féerie, aux comédies de Molière, puisées dans la nature, et très-supérieures à tous les rómans dialogués. Ajoutons que les pièces de Saint-Foix sont toutes jetées au même moule. Toutes sont des Surprises de l'Amour, comme la plupart des comédies de Marivaux; mais avec cette différence,disoit Marivaux lui-même, dans les pièces de Saint-Foix, que c'est un amour naissant qui ne se connoit pas lui-même, et dans les miennes un amour adulte et tout formé qui craint et refuse de se reconnoître. « Dans les comédies de Saint-Foix, dit d'Alembert, ily a plus de naturel, mais moins d'esprit et de finesse que dans celles de Marivaux. Les premières, ajoute-t-il, doivent aux acteurs la plus grande partie de leurs succès,

et les secondes à l'auteur même. Les comédies de Saint-Foix se ressemblent encore plus que celles de Marivaux. Celui-ci a mis, dans ses pièces, toute la variété que pouvoit lui permettre le cercle étroit qu'il s'étoit tracé; au lieu que Saint-Foix ne peint jamais que l'amour d'une jeune personne ingénue et naïve.» Il a cependant le mérite d'avoir écrit les siennes avec pureté et quelquefois avec délicatesse, et d'avoir trouvé quelques situations neuves dans un genre qu'on regardoit comme épuisé. Grandval le comédien, comparant un jour le dialogue doux et élégant de Saint-Foix avec son

caractère. âcre et inquiet, disoit que la Muse de cet auteur étoit une abeille qui déposoit son miel dans le crane d'un lion. L'abbé de Voisenon le comparoit à un encrier qui répandoit de l'eau-rose. Son Théatre a été imprimé au Louvre, en 3 vol. in-12, qui contiennent autant que l'édition en 4 vol. II mourut à Paris le 26 août 1776, dans sa 74° année.

I. SAINT-GELAIS, (Octavien de) né à Cognac vers 1466, de de Montlieu et de sainte-Aulaye Pierre de Saint-Gelais, marquis fit ses études à Paris, embrassa l'état ecclésiastique, et se livra à la introduit de bonne heure à la cour, poésie et à la galanterie. Ayant été il y acquit les bonnes graces du roi Charles VIII, qui le fit nommer par le Alexandre VI à l'épape vêché d'Angoulême, en 1494Octavien de Saint-Gelais alla résider dans son diocèse en 1497> tions de son ministère, et de l'Eet ne s'occupa plus que des fonc

mourut en 1502, à 36 ans. On a criture sainte et des SS. Pères. I de lui des Poésies, une Vie de Louis XII, et d'autres ouvrages en françois. Le Vergier d'Honneur fut imprimé séparément de Labour le fut en 1532, in-16: in-8.°, in-4.° et in-fol. Le Chateau la Chasse d'Amours, 1533, Paris, dies de Térence vit le jour en in-4.° La traduction de six Comé1538, in-folio; et les Héroïdes d'Ovide, aussi traduites furent insérées dans le Vergier d'Honneur:.... Melin de Saint-Gelais étoit son fils naturel, à ce que graphes; mais cette opinion n'est prétendent presque tous les biopas universellement adoptée.

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l'an 1491, du précédent, à ce qu'on croit. Dès son enfance, on présagea ses talens. Après avoir étudié à Poitiers, à Padoue, lé droit, la théologie et les mathématiques, il se consacra à la poésie, et fut surnommé l'Ovide François. Il ressemble à ce poëte, par le peu de précision de son style: il a autant de facilité, moins de douceur que lui, mais plus de naturel et de naïveté. Quelques phrases louches, plusieurs termes impropres, des tours obscurs, rendent la lecture du poëte François beaucoup moins agréable que celle du poëte Latin. Ses talens lui donnèrent accès à la cour, et il devint abbé de Reclus, aumônier et bibliothécaire du roi. Lorsque Ronsard y parut, la crainte de se voir éclipsé par cette muse naissante, lui fit avoir recours aux procédés les plus indignes. Henri II souhaitant de voir une pièce du jeune poëte, Saint-Gelais se chargea de lui en faire la lecture. Pour dépriser cette pièce, il tronqua la plupart des vers, et récita les autres à contre-sens : de sorte que la curiosité de ce monarque fut trèsmal satisfaite. Ronsard, instruit de cette indignité, s'arma des traits les plus piquans de la satire. Saint-Gelais reconnut son tort, et son ennemi passa, des transports de la colère, à ceux de l'amitié. Saint-Gelais mourut à Paris en 1559, à 67 ans. Il fit dans sa dernière maladie et presque à l'extrémité, les vers suivans, rapportés par Niceron :

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Quá potes, infirmo fac leviora seni. Certè ego te faciam, superas evectus ad auras,

Insignem ad Cythara sidus habere locum.

Plusieurs prétendent que c'est à ce poëte qu'on doit le Sonnet François, qu'il fit passer de l'Italie en France. [ Voyez PORTES. ] Il a réussi dans l'Epigramme; on lui a même fait l'honneur de le mettre, dans ce genre, au dessus de Maros et de du Bellay, Saint-Gelais aimoit à railler : caractère dangereux, qui lui fit beaucoup d'ennemis; de là vint l'ancien proverbe: gare à la tenaille de SaintGelais. Ses poésies sont des Elé gies, des Epures, des Rondeaux, des Quatrains; des Chansons des Sonnets et des Epigrammes. II a aussi composé Sophonisbe, tragédie en prose. La dernière édition de ces différens ouvrages est celle de Paris, in-12, 1719. Elle est plus ample que les précédentes; mais il y a peu d'ordre dans la distribution des pièces, et beaucoup de défauts.

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SAINT-GENNIEŻ, (Jean-de) né à Avignon, en 1607, d'une cultiva de bonne famille noble heure les fleurs du Parnasse Latin. Il vint à Paris, et s'y fit des amis illustres. De retour à Avignon, il fut élevé au sacerdoce; et obtint un canonicat à Orange où il mourut étique en 1663, à 56 ans. On a de lui des Poésies pleines de feu et de génie, et remplies d'excellens vers, quoique le poëte laisse beaucoup à désirer

Barbite qui vários lenisti pectoris pour la pureté du style. Elles ont

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'stus,

été recueillies à Paris, in-4.°, sous Dum juvenem nunc sors, nunc agi ce titre Joannis San - Genesi Poëmata, Parisiis, sumptibus Au2

tabat amor ;

Perfice ad extremum, rapidæque incen- gustini Courbé, 1654. On y trou ve: I. Quatre Idylles dont la 3 C

dia febris,

Tome XI,

et la 4 contiennent une défense de la poésie. II. Huit Satires, remplies d'excellens avis, et d'une critique judicieuse, sans fiel et sans passion. III. Sept Etégies, toutes sur des sujets utiles. IV. Un livre d'Epigrammes. V. Un livre de Poésies diverses. ST-GERAN, Voyez GUICHE.

ST-GERMAIN, Voyez MOURGUES et VERGNE.

I. SAINT-GERMAIN, (N.) donna en 1741 et 1744 deux tragédies, Timoléon et sainte Catherine. Elles sont restées aussi inconnues que leur auteur mort vèrs 1760.

II. SAINT-GERMAIN, (Robert, comte de) né à Lons-le-Saunier en Franche-Comté, en 1708,d'une famille noble et ancienne, entra d'abord chez les Jésuites, qu'il quitta pour prendre les armes. Il servit avec distinction en Hongrie, dans la guerre de 1737 contre les Turcs. Il passa ensuite successivement au service de l'empereur Charles VII, et revint en France, où il se distingua dans les guerres de 1741 et de 1757. Ayant eu des mé. Contentemens dans sa patrie, il alla servir en Danemarck. Il fut mis par la cour de Copenhague à la tête des affaires militaires, revêtu de la dignité de feld - maréchal, et nommé chevalier de l'Ordre de P'Eléphant. Il jouit de la considé ration et du repos jusqu'en 1772, époque de la scène tragique qui finit par la mort des comtes Struen sée et Brande. Le comte de SaintGermain, naturellement droit et franc, n'ayant pu ramener les choses au dénouement qui lui paroissoit le plus conforme à la justice, se retira avec les cent mille écus stipulés dans le Traité qu'il

avoit fait avec le roi de Danemarck. Retiré à Hambourg, if confia son argent à un banquier qui fit banqueroute. La perte d'une partie de sa fortune l'obligea de repasser en France. Après avoir séjourné quelque temps à Bordeaux, il alla se fixer dans une petite terre près de Lauterbach en Alsace, où, comme Dioclétien, il cultivoit son jardin. Peu de temps après l'avènement de Louis XVI à la couronne le maréchal du Muy, ministre de la guerre, étant mort, le comte de Saint-Germain fut tiré de sa retraite pour être mis à la tête de ce département. Il fit plusieurs réformes, les unes très-applaudies, les autres trèscritiquées et avec raison; mais on ne peut que le louer d'avoir aboli la peine de mort contre les déserteurs, augmenté la paye du soldat, et corrigé divers abus introduits par le luxe et l'indiscipline. Il reçut un placet d'un officier qui lui exposoit ses services et ses besoins. Monsieur, lui dit le ministre je m'occuperai de vos demandes mais vous sentez que j'ai un grand nombre d'affaires très-pressées. M. le comte, répondit Pofficier, il n'y en a point de plus pressée que la mienne; je meurs de fairn et hier je n'ai point dîné. Oh! vous avez raison, dit alors le ministre; vous dînerez aujourd'hui avec moi, et demain je ferai en sorte que vous ayez de quoi dîner. Comptez sur la providence ; j'en suis un grand exemple. Il y a de la noblesse à relever ainsi l'aveu humiliant de cet officier, pour le rapprocher de lui. La mauvaise santé du comte de Saint Germain, et les contradictions que quelquesuns de ses projets essuyèrent l'obligèrent de quitter le ministère. Il mourut peu de temps après, le

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15 janvier 1778, à 70 ans. C'étoit un homme d'une valeur éprouvée, d'un désintéressement rare, d'une fermeté peu commune : il avoit de grandes vues pour l'administration; mais son esprit étoit un peu systématique et son caractère ardent, inquiet et jaloux; et il souffroit difficilement d'être contrarié dans ses idées. On a de lui des Mémoires, 1779, 1 vol. in-8.o, dont le fonds est de lui, mais qui ont été altérés par une main étrangère.

III. SAINT-GERMAIN, (N.

conite de) adepte, obtint quelque célébrité par son charlatanisme et ses secrets. Il prétendoit avoir vécu deux mille ans. Une érudition immense et une mémoire prodigieuse lui aidèrent à tromper le vulgaire. Il n'a avoué à personne son origine, le lieu de sa naissance et son age. Il disoit souvent, avec simplicité, qu'il avoit beaucoup connu JesusChrist, et qu'il s'étoit trouvé à côté de lui aux noces de Cana, lorsqu'il changea l'eau en vin. Cet imposteur, après avoir resté quelque temps à Hambourg, a passé

les dernières années de sa vie auprès du prince de Hesse-Cassel, et est mort à Sleswig au commencement de 1784.

SAINT-GILLES, poëte François, Voyez GILLES, no v. Voy. GLAIN.

SAINT-GLAIN, SAINT-GLAS, ( Pierre de ) prieur de Saint-Ussans, s'est fait connoître par une comédie des Bouts-rimés, représentée en 1682.

SAINT-HILAIRE, Voy. BON de SAINT-HILAIRE... et COURtilz, n° ix de ses ouvrages.

Hyacinthe Cordonnier, naquit à Orléans le 27 septembre 1684, de Jean-Jacques Cordonnier, sieur de Belair, et d'Anne-Marie Mathé. Sa mère étant veuve, se retira à Troyes avec son fils. Elle y donnoit des leçons de guitare, et son fils en donnoit d'italien. Celui-ci avoit pour élève une pensionnaire de l'abbaye de Notre-Dame ; et ses leçons ayant eu les mêmes suites que celles d'Abailard à Héloïse, il fut forcé de quitter Troyes, où M. Bossuet, évêque de cette ville, l'accueilloit très-bien. Il s'occupoit opinion ridicule qui lui donnoit peu à détromper le public sur le grand Bossuet pour père; opinion qu'autorisoient ses liaisons avec le prélat neveu de ce grand homme, et la multitude de noms sous lesquels il masquoit le sien. l'Europe, il se fixa à Breda, où Après avoir parcouru une partie de il épousa une demoiselle de

condition. Il mourut dans cette ville en 1746. Nous ignorons les autres aventures de sa vie. Voltaire, son ennemi, dit qu'il avoit été Moine; Soldat, Libraire, Marchand de café, et qu'il vivoit du profit de Biribi. (LETTRES secrètes, Lettre 50°)... Il n'a guère vécu à Londres, dit-il ailleurs , que de mes aumônes et de ses libelles. Voici ( suivant M. de Burigny ) ce qui avoit attiré à Saint-Hyacinthe ces injures et ces calomnies. Cet écrivain fit un voyage à Paris, vers l'an 1719. Il y fut très-bien accueilli des gens de lettres et fit connoissance avec Voliaire, qui commençoit déjà sa brillante carrière. On représentoit alors Edipe, où toute la ville accouroit. « Je me souviens (dit M. de Burigny) que M. de Saint-Hyacinthe se trouvant à une de ces nombreuses représentations près

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SAINT-HYACINTHE, (Theimiseul de dont le vrai nom étoit "

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⚫ de l'auteur, lui dit, en lui mon trant la multitude des spectateurs: Voilà un éloge bien complet de votre tragédie. A quoi M. de Voltaire répondit très>> honnêtement: Votre suffrage, » Monsieur, me flatte plus que » celui de toute cette assemblée. » Ces deux écrivains se voyoient quelquefois, mais sans être fort liés. Peu d'années après, ils se retrou vèrent en Angleterre, et ce fut alors que leur haine commença, pour durer le reste de leur vie. M. de Saint-Hyacinthe ( disent les auteurs du Journal Encyclopédique) a dit et répété plusieurs fois à M. de Burigny, que M. de Voltaire se conduisit très-irrégulièrement en Angleterre, qu'il s'y fit beaucoup d'ennemis par des procédés qui ne s'accordoient pas avec les principes d'une morale exacte. «<< Il est même entré avec » moi ( ajoute M. de Burigny) » dans des détails que je ne rap>> porterai point, parce qu'ils peu>vent avoir été exagérés. Quoi qu'il en soit, Saint-Hyacinthe » fit dire à M. de Voltaire, que > s'il ne changeoit de conduite, » il ne pourroit s'empêcher de » témoigner publiquement qu'il le désapprouvoit : -ce qu'il > croyoit devoir faire pour l'hon>> neur de la nation françoise > afin que les Anglois ne s'ima» ginassent pas que les François » étoient ses complices et dignes » du blùme qu'il méritoit. On » peut bien s'imaginer que M. de » Voltaire fut très mécontent d'une pareille correction. Il ne » fit réponse à M. de Saint-Hya» cinthe, que par des mépris » et celui-ci de son côté blama » publiquement et sans aucun »ménagement la conduite de M. » de Voltaire. » Ce poëte, depuis

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cette époque , ne cessa de mars quer sa haine à Saint-Hyacinthe. La bile de celui-ci s'enflamma, et il résolut de se venger par un trait qui offenseroit vivement son adversaire. Il faisoit dans ce » temps-là une nouvelle édition » de Mathanasius, à laquelle il » joignit l'Apothéose ou la déifi»cation du docteur Masso. Il y » inséra la rélation d'une fàcheuse aventure de M. de Voltaire qui avoit été très-indignement traité par un officier François, nommé Beauregard. Cette édition de » Mathanasius, augmentée de l'Apothéose, ne fit pas grande » sensation à Paris, où elle n'avoit » pas été imprimée. Mais l'abbé » des Fontaines ayant fait impridans sa Voltairomanie » l'extrait qui regardoit M. de » Voltaire, on recommença à

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» mer,

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parler beaucoup de sa triste » aventure, qui étoit presque ou» bliée. » M. de Voltaire se plaignit vivement à M. de Burigny, qui engagea M. de Saint-Hyacinthe à écrire au poëte, pour désavouer le procédé de l'abbé des Fontaines; mais cette lettre ne le satisfit nullement. ( Voyez la Lettre de M. de Burigny, sur les démêles de M. de Voltaire avec M. de Saint-Hyacinthe in-8.o 1780; et l'extrait qui en a été donné dans le Journal Encyclopédique du 1er juin 1780.) Nous avons de lui: I. Le Chef-d'œuvre d'un inconnu, à Lausanne, 1754, en 2 vol. in-8.° et in-12. C'est une critique assez fine des commentateurs qui prodiguent l'érudi tion et l'ennui; mais elle est trop longue pour une plaisanterie Voilà ce que nous disions dans la première édition de ce dic tionnaire. Un critique a conclu de ces paroles, que nous ne cont

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