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bli, par ce général, gouverneur de toute la Chiavenne, il refusa les offres avantageuses du comte de Serbellonne, général des Espagnols, et remporta, le 4 avril 1635, une victoire complète sur ees derniers, au Mont-Francesca.

Salis fut le dernier des Grisons qui

ne voulurent point souscrire au traité par lequel les Ligues Grises se réconcilioient avec les deux branches de la maison d'Autriche. Il continua de servir la France, fut nommé en 1641 maréchal-decamp, se signala, cette même année, au siége de Coni, dont il devint gouverneur, et prit, le 19 octobre suivant, le château de Demon. Il mourut dans le pays des Grisons en 1674, à 79 ans. Il y avoit quelque temps que sa mauvaise santé et le goût de la retraite l'avoient forcé de quitter le métier bruyant et périlleux de la guerre.

SALISBURY, Voyez SARISBERY et EDOUARD III.

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1. SALLE, (Antoine de la) écrivain François, voyagea en Italie, où il contracta le goût des nouvelles romanesques. Il s'attacha à René d'Anjou, roi de Sicile et duc de Lorraine, dont il devint secrétaire. Les lettres, qu'il avoit cultivées de bonne heure, furent pour lui un amusement plutôt qu'uné occupation. Entraîné par le goût qui régnoit alors, il composa, en 1459, un Roman intitulé: Histoire plaisante et chronique du Petit-Jehan de Saintré et de la jeune Dame des Belles-Cousines; imprimée en 1517, in-fol., et 1724, 3 volumes in-12. Quelques esprits bizarres ont prétendu trouver dans ce roman, des vérités et des allusions historiqués. Autrefois il se vendoit très-cher; mais aujourd'hui que la saine cri

la

tique a pris le dessus, cet ouvrage n'est plus regardé que comme un roman ignoré, qui n'offre que grossière ingénuité des temps passés. On a encore de lui la Sallade, Paris, i 1527, in-fol.

de l'Etang de la) conseiller au préII. SALLE, (Simon-Philibert

sidial de Rheims, et ancien député de cette ville à Paris, mourut dans cette capitale, le 20 mars 1765. Nous devons à cet homme estimable deux ouvrages qui ont eu du cours: I: Les Prairies artificielles, petit vol. in-8.o, qui a été réimprimé deux fois. II. Manuel d'Agriculture pour le laboureur, le propriétaire et le gouvernement, in-8.; ouvrage dicté par l'amour du bien public, et par une expérience constante de 30 années.

III. SALLE, Voy. SALE.

IV. SALLE, (Jean-Baptiste de la ) fils d'un conseiller au présidial de Rheims, naquit le 30 avril 1651. Il se distingua dès son enfance par sa sagesse et sa piété. Après avoir commencé ses études dans sa patrie, il fut pourvu d'un canonicat à l'âge de 17 ans, il fut admis à la prêtrise en 1678, et prit le grade de docteur en théologie, à Paris, en 1681. De retour à Rheims, il fut chargé de l'établissement des maîtresses d'école, et s'en acquitta avec un zèle éclairé. En 1679, il avoit commencé à établir, pour les garçons, des écoles gratuites, où l'on enseigne les principes de la religion et des lettres. Il en logea d'abord les maîtres chez lui, leur acheta ensuite une maison, vécut avec eux, les dirigea dans l'administration des écoles, et leur donna de sages réglemens. Plusieurs villes voulurent se procurer ces nouveaux institu

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teurs. Il établit un noviciat d'abord à Rheims, de là à Paris, et enfin à Rouen, où il acquit la maison de Saint - Yon dans le faubourg Saint-Sever. En 1683, craignant que ses occupations ne lui permissent pas de remplir ses obligations avec assez d'exactitude, il résigna son canonicat à un prêtre, que sa piété seule lui fit choisir. En 1684, il distribua son patrimoine aux pauvres.Livré tout entier au soin de former et de diriger sa congrégation naissante, il la vit s'accroître et s'étendre avec rapidité. En 1717 força ses disciples d'accepter sa démission de la supériorité, se fit

از

nommer un successeur, et ne s'occupa plus que des pensées de l'éternité. Ce saint prêtre mourut le vendredi-saint 1719, à Saint-Yon lès-Rouen. Il a laissé, pour l'usage des écoles, plusieurs ouvrages remplis d'onction et de piété. Ses disciples, réunis sous le nom de Frères des écoles chrétiennes, ont obtenu des lettres-patentes pour leur maison de Saint-Yon en 1724, et Benoît XIII a approuvé leur institut. De nouvelles lettres-patentes, données en 1778, leur accordent dans tout le royaume les prérogatives et priviléges dont jouissent les autres corps religieux.

SALLE, (Jacques Antoine) avocat au parlement de Paris, sa patrie, né le 4 juin 1712, mort d'hydropisie le 14 octobre 1778, a publié : I. L'Esprit des Ordonnances de Louis XV, in-4.o, 1759. II. L'Esprit des Ordonnances de Louis XIV, 1758, 2 vol. in-4.° La clarté, la lumière et le savoir règnent dans ces deux excellens commentaires de nos lois. Le premier n'a pour objet que celles qui ont été rédigées par le chancelier d'Aguesseau. III. Traité des

fonctions des commissaires du châ telet, 1760, 2 vol. in-4.o Sallé étoit associé de l'académie de Berlin: titre qu'il dut à des observations critiques sur le Code Frés deric. Une timidité modeste, la franchise, l'enjouement, étoient ses qualités principales ; et il eut le don de se faire aimer.

SALLEBRAI, ( N. ) a donné au théâtre quatre mauvaises piè la Troade, 1640; la belle ces: le Jugement de Paris, 1639; Egyptienne 1642; et l'Amante ennemie. On ignore sa patrie et le temps de sa mort.

SALLENGRE, ( Albert-Henri de) conseiller du prince d'Orange, né à la Haye en 1694, fit paroître dès sa jeunesse les plus heureuses dispositions pour les belleslettres, qu'il cultiva toujours avec succès. Après avoir étudié l'histoire et la philosophie à Leyde, il s'appliqua au droit, et soutint publiquement des Thèses contre la coutume de donner la question aux coupables qui s'obstinent à nier leurs crimes. Il vint à Paris après la paix d'Utrecht, visita les bibliothèques et les savans, et profita des lumières des uns et des richesses des autres. Il voyagea en Angleterre, et y fut reçu membre de la société de Londres, en 1719. De retour à la Haye, il fut attaqué de la petite vérole, et en mourut à l'âge de 30 ans, le 27 juillet 1733. Ce jeune savant faisoit respecter les lettres, par la douceur de ses mœurs et par la bonté de son caractère. Il étoit poli, obligeant, et sa vaste érndition dans un àge peu avancé, n'affoiblit ni sa modestie, ni soni jugement. Il parloit aisément de ce qu'il savoit; mais il ne cherchoit point à en faire étalage,et sa

conversation étoit agréable et utile. Ses principaux ouvrages sont : I. L'Histoire de Montmaur, professeur royal de langue Grecque à Paris, 1717, 2 vol. in-12. C'est le recueil des Satires enfantées contre ce fameux parasite. II. Mémoires de littérature, 1715,2 vol. in-12, continués depuis par le P. Desmolets. Le premier but de de Sallengre avoit été de faire connoître les livres imprimés depuis long-temps, qui étoient recommandables, ou par leur mérite, ou par leur succès, ou par leur rareté. III. Novus Thesaurus Antiquitatum Romanarum, 1716, 3 vol. in-fol.; recueil contenant beaucoup de pièces fugitives qui avoient échappé aux recherches de Grævius, et qui étoient extrêmement rares. IV. L'Eloge de l'ivresse, 1714, in-12. C'est une assez mince compilation, et un jeu d'esprit, qui ne doit donner aucune mauvaise idée de ses mœurs. V. Essai sur l'Histoire des Provinces-Unies, 1728, in-4.0: ouvrage posthume. VI. Une édition des Poésies de la Monnoye, 1716, in-12.

SALLES, Voyez FRANÇOIS, 2° XII.

SALLIER, (Claude) prêtre, garde de la bibliothèque du roi, membre de l'académie Françoise et de celle des Inscriptions, né à Saulieu, diocèse d'Autun, mourut à Paris en 1761, âgé de 75 ans. On a de lui: I. L'Histoire de saint Louis, par Joinville, avec un Glossaire, 1761, in-fol., en société avec Melot. II. De savantes Dissertations qui décorent les Mémoires de l'académie des belleslettres. Des recherches utiles et curieuses, soutenues d'une critique exacte; des réflexions solides, or

nées d'un style convenable au sujet: voilà ce qu'on trouve dans les ouvrages de l'abbé Sallier. Il a travaillé aussi au Catalogue raisonné de la bibliothèque du roi, dont nous avons 10 vol. in-folio: 4 sur les manuscrits; 3 des ouvrages théologiques; 2 des belles-lettres; un pour la jurisprudence. Ce catalogue est précédé d'un discours curieux, sur l'histoire de la bibliothèque nationale. Quelque satisfait qu'on fût de son érudition, on l'étoit davantage de son caractère. Tous ceux que la curiosité ou l'envie de s'instruire attiroient dans la bibliothèque du roi, trouvoient en lui un guide officieux et prévenant, qui leur indiquoit les routes de ce dédale avec autant de politesse que d'intelligence. Voyez SALIER.

SALLO, (Denis de ) seigneur de la Coudraye, né à Paris en 1626, étoit d'une très-ancienne noblesse, originaire de Poitou. Il parut avoir dans sa jeunesse peu de dispositions pour les sciences; mais son esprit ne tarda pas à s'ouvrir. Après avoir fait ses humanités, il soutint publiquement des thèses de philosophie, en grec et en latin. Il passa ensuite à l'étude du droit, et fut reçu conseiller au parlement de Paris en 1652. La littérature l'occupoit alors autant que la jurisprudence. Il lisoit sans cesse et toutes sortes de livres, dont il faisoit des extraits raisonnés. En 1662, Paris ressentit une assez grande disette. Sallo fut attaqué au détour d'une rue par un homme qui lui présentant un pistolet d'une main mal assurée, lui demanda sa bourse. Après la lui avoir donnée, Sallo suivit le voleur; il le vit entrer chez un boulanger, où il acheta un pain qu'il porta ensuite

un quatrième étage à une femme et quatre enfans. «Mangez ce pain, leur dit leur père; il me coûte l'honneur, et me coûtera peutêtre la vie. » Sallo entra aussitôt, et rassurant l'homme effrayé, il lui remit 300 livres pour acheter un fonds de commerce, qui arracha cet homme au crime et sa famille à l'indigence. L'application de Sallo à l'étude lui causa une maladie qui le mit hors d'état de marcher pour le reste de ses jours. Ce fut alors qu'il conçut le premier projet du Journal des Savans, qu'il donna au public en 1665, sous le nom du sieur d'Hedouville, l'un de ses domestiques. A peine les premières feuilles de cet ouvrage périodique parurent, que quelques savans firent éclater leur haine contre le journaliste, censeur impartial de leurs plagiats et de leurs inepties. Ils trouvèrent un appui dans des grands, amis de l'ignorance ou indifférens pour les lettres ils firent proscrire le Journal au treizième mois. Ses ennemis non contens de faire supprimer l'ouvrage, contestèrent à l'auteur la gloire de l'invention. Mais il y a une extrême différence entre la Bibliothèque du savant patriarche de Constantinople et les Journaux. Photius n'a eu d'autre intention que de nous laisser des analyses de tout ce qu'il avoit lu dans son ambassade de Perse. Les journalistes nous parlent des livres, à mesure qu'ils paroissent. Ils nous les annoncent; ils nous disent en quel pays et en quelle forme ils sont imprimés; ils en développent légèrement le sujet; ils rassemblent tout ce qui peut intéresser les savans: nouvelles découvertes, recherches curieuses, phénomènes extraordinaires. Ce plan, lorsqu'il est rempli par un Tome XI.

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homme ingénieux, éclairé et impartial, est bien au-dessus de celui qu'avoit conçu Photius, dont les vues étoient certainement bien plus bornées. Sullo, obligé d'interrompre son travail, en laissa le soin à l'abbé Gallois, qui se borna à de simples extraits, sans censurer ni les auteurs, ni les ouvrages. L'abbé de la Roque, du diocèse d'Albi, lui succéda en 1675, et eut lui-même pour successeur le président Cousin. Le soin du Journal fut confié ensuite à quelques savans choisis par le chancelier. Il à disparu en 1792, sous les orages de la révolution. Les années 1707, 1708 et 1709 ont chacune un vol. de Supplément. Il a été imprimé en Hollande, in-12. On y a ajouté des observations tirées du Journal de Trévoux. Il y a une Table en io vol. in-4.°: on la doit à M. l'abbé de Claustre, qui l'a exécutée avec soin et avec intelligence. Toutes les nations de l'Europe se sont empressées d'imiter le dessein de Sallo; et il faudroit un volume pour donner la liste des différens ouvrages qu'on publie en ce genre, dans toutes les parties du monde littéraire. Le père de tous ces Journaux mourut à Paris en 1669, à 43 ans, de la douleur d'avoir perdu cent mille écus au jeu. C'est du moins ce que rapporte Vigneul-Marville, mais l'abbé Gallois, son successeur dans la composition du Journal, a traité ce fait de calomnie. Son humeur satirique lui fit beaucoup d'ennemis. Ils fermèrent les yeux sur les agrémens de son caractère, sur la générosité de son cœur, sur la clarté de son style, sur la justesse de sa critique, et ne virent en lui qu'un gazetier amer qui s'érigeoit en Aris tarque, et qui disoit du mal de E

tout le monde dans ses Feuilles et sur le mal; mais réservant hebdomadaires.

I. SALLUSTE, (Crispus SALLUSTIUS) historien Latin, naquit d'une famille plébéïenne, l'an 85 avant J. C. à Amiterne, ville d'Italie, nommée aujourd'hui SanVittorino. Il fut élevé à Rome, où il étudia sous le fameux grammairien Prætextatus, avec lequel il fut toujours lié d'une étroite amitié. S'étant mis sur les rangs pour obtenir des emplois, il parvint à la charge de questeur, et ensuite à celle de tribun du peuple. Ses mœurs étoient si dépravées, qu'il fut noté d'infamie et dégradé du rang de sénateur. Milon l'ayant surpris en adultère, il fut fouetté et condamné à une amende. I consuma tout son bien par ses débanches. Jules-César dont il avoit embrassé le parti, le fit rentrer dans l'ordre des sénateurs, et le mena avec lui en Afrique, où il alloit faire la guerre contre le beaupère de Pompée. Lorsqu'elle fut terminée, il lui donna le gouvernement de la Numidie, où Salluste amassa des richesses immenses par les injustices les plus criantes. Du fruit de ses déprédations, il fit bâtir à Rome une maison magnifique, et des jardins qu'on appelle encore aujourd'hui les Jardins de Salluste. Jamais personne ne s'est élevé plus fortement que lui contre le luxe, l'avarice et les autres vices de son temps; et jamais personne n'eut moins de vertu. « Salluste, dit le président de Brosses, fut élevé dans une capitale où le luxe triomphoit son cœur en prit toute la mollesse. Les exemples de corruption dont sa jeunesse fut entourée, le séduisirent sans l'aveugler. Il eut toujours des Jumières très-justes sur le bien

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toute sa sévérité pour ses discours, il mit une entière licence dans ses mœurs. Censeur impitoyable des vices d'autrui, il se permettoit à lui-même des choses très malhonnetes. » Il mourut l'an 35 avant J. C., méprisé des gens de bien. Eusèbe prétend qu'il épousa Térentia, femme de Cicéron, que celui-ci avoit répudiée. Salluste avoit composé une Histoire Romaine, qui commençoit à la fondation de Rome; mais il ne nous en reste que des fragmens. (Voyez BROSSES.) Nous avons de lui deux ouvrages entiers: l'Histoire de la conjuration de Catilina, et celle des guerres de Jugurtha, roi de Numidie. Ce sont deux chefs-d'œuvre ; Martial les goûtoit à tel point, qu'il appeloit l'auteur le premier des historiens Romains. Son style est plein de precision, de force et d'énergie. II pense fortement et noblement dit Rollin, et il écrit comme il pense. On peut le comparer, dit-il, à ces fleuves qui ayant leur lit plus resserré que les autres, ont aussi leurs eaux plus profondes. On ne sait ce qu'on doit admirer davantage dans cet écrivain, ou des descriptions, ou des portraits, ou des harangues; car il réussit également dans toutes ces parties. Quelques auteurs lui reprochent, 1° d'avoir chargé ses Histoires de préfaces qui n'y ont aucun rapport, et qui dans les traductions françoises paroissent des lieux communs un peu insipides; 2o de se permettre des digressions qui font perdre de vue l'objet principal; 3° d'avoir mis de la partialité dans les récits de plusieurs faits, soit en omettant ce qui pou voit être favorable à ceux qu'il n'aimoit point, soit en portant

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