Imágenes de páginas
PDF
EPUB

peines & fes difficultés : elle a même le malheur que des personnes habiles ne fe fervent des lumieres qu'elle leur a infpiré, que pour abuser de la confiance des nouveaux curieux. Ces gens fans honneur, employent toutes fortes d'artifices pour les furprendre & d'un pur commerce de plaifir & de bonne foy ; ils en font un négoce d'intereft & de tromperie.

Je n'ai pû fouffrir qu'on fit cette injure à la plus noble des curiofités. Comme dans les livres de Médailles on trouve peu d'inftructions pour les biens connoître, j'ay mis dans cet ouvrage les connoiffances que l'experience, & l'application m'ont acquifes.. J'en fais part au public, en

de

faveur particulierement ceux qui ne font que commencer. Ils y trouveront le moyen de fe défendre de l'impofture, & d'acquerir fans peine du difcernement, & de la capacité. J'ofe même dire que les plus avancez ne laisseront pas d'y rencontrer beaucoup de chofes dignes de leur attention. Jay partagé l'ouvrage en douze Chapitres que j'appelle inftructions.

Je n'aurois pas fongé à une nouvelle Edition, fi les nouvells connoiffances qui me font venues par les lumieres des fçavans, ne m'avoient obligé à changer les premieres idées que j'avois prifes, fur quantité de points confiderables. J'avois fuivi les pensées qu'on avoit communement,

au temps que je m'inftruifois moy-même dans l'Academie qui fe tenoit chez M. le Duc d'Aumont, écoutant avec foumiffion ceux qu'on y regar

doit comme les maîtres de M. Span

l'Art.

beim.

M. Fail

Aujourd'huy qu'on ne s'en lant. rapporte plus à perfonne fur M.Morelly fa parole, & qu'on veut que chacun donne des preuves de ce qu'il avance. La bonne foy demande que m'étant dé. trompé, & éclairci fur bien des chefs; je détrompe auf ceux qui pourroient m'avoir crû fur mes premieres lumie res. Les Sçavantes conteftations de quelques Auteurs qui depuis vingt ans ont écrit af fez vivement les uns contret m'ont beaucoup fervi. Je n'ay point pris de

les autres,

parti; mais j'ay tâché feulement de découvrir la verité pour embraffer ce qui m'a paru ou le plus vray, ou du moins le plus vray femblable: & fans m'attacher à refuter perfonne, j'ay fuivi celuy qui m'a femble avoir meilleure raifon. Quand je n'ay rien trouvé capable de me déterminer, j'ay laiffe la chose indécife: de peur que ceux qui n'en fçavent pas plus que moy, ne fe donnaffent la liberté de condamner l'un ou l'autre fentiment, fur le préjugé de ce qu'ils auroient vu dans mon livre.

On me at fçavoir dés l'an 1694. que M. Carpfow également fçavant & honnête hom me, avoit fait traduire mon livre en latin, par les fçavans

de Leipfik, & qu'on y vou loit mettre mon nom

сите

Elogio. Je priai ces Meffieurs de ne point entreprendre cet te traduction, fur tout de ne me point nommer, tant parce que je ne croiois pas que la langue latine de ce pays, fut propre à rendre affez fidel lement mes penfées; que par ce que mon nom n'eft point de ces grands noms capables. de donner du relief à un livre, non plus que le livre n'est guere capable de faire honneur au nom qu'il auroit porté.

Depuis cela, j'ay été huit ans fans fçavoir fi ces Mef. fieurs avoient déferé à mes bons avis. Mais enfin leur ouvrage m'eft tombé entre les mains, imprimé à Leipfik dés

« AnteriorContinuar »